RIYADH : Selon Moody's, l'économie libanaise devrait commencer à se redresser cette année, après une contraction de 10 % en 2024, à mesure que le pays retrouvera des institutions pleinement opérationnelles.
Le 9 janvier, le pays a élu l'ancien commandant de l'armée, Joseph Aoun, au poste de président, puis a nommé Nawaf Salam, président de la Cour internationale de justice, au poste de Premier ministre le 13 janvier.
L'élection de M. Aoun a mis fin à une vacance du pouvoir qui perdurait depuis l'expiration du mandat du président précédent en octobre 2022.
« Nous estimons une contraction économique de 10 % en 2024 en raison du conflit, mais nous nous attendons à ce que l'activité économique commence à se redresser plus tard dans l'année, à condition qu'il y ait une cessation permanente des hostilités », a déclaré Moody's dans un commentaire.
Selon l'agence, le retour à des institutions pleinement opérationnelles dans le pays du Moyen-Orient favorisera le maintien continu du cessez-le-feu avec Israël, dans le cadre duquel les États-Unis, la France et la FINUL jouent un rôle de surveillance.
Le redressement du Liban nécessite un soutien international substantiel, comme l'a souligné la conférence des donateurs internationale qui s'est tenue à Paris en octobre. Lors de cette conférence, 1 milliard de dollars de promesses de dons ont été recueillis, dont 800 millions pour l'aide humanitaire et 200 millions pour le soutien militaire.
Ces fonds devraient permettre de répondre aux besoins immédiats de plus de 1,3 million de personnes déplacées pendant le conflit de septembre à novembre, ainsi qu'aux 8,5 milliards de dollars de pertes économiques subies, dont 3,4 milliards de dollars de dommages physiques aux infrastructures, comme l'a indiqué la Banque mondiale.
Bien que ces promesses constituent une bouée de sauvetage, le déblocage des fonds dépendra probablement de l'adhésion du gouvernement aux engagements de réforme pris dans le cadre d'un prochain programme du Fonds monétaire international, a noté Moody's.
Ces réformes comprennent une restructuration complète de la dette du gouvernement, de la banque centrale et des banques commerciales, afin d'assurer la reprise et la viabilité de l'économie à long terme.
« La note C actuelle du Liban reflète nos prévisions selon lesquelles les détenteurs d'euro-obligations libanaises récupéreront moins de 35 % du pair à la suite de la restructuration éventuelle des euro-obligations », a ajouté l'agence.
Selon Moody's, les activités fiscales et d'investissement ont été fortement réduites, ce qui compromet les perspectives de croissance à long terme et la fourniture de services publics.
Le tourisme et les envois de fonds de la diaspora libanaise restent des sources vitales de devises, mais ils ne suffisent pas à corriger les déséquilibres structurels de l'économie.
La dette publique, estimée à 150 % du produit intérieur brut à la fin de 2024, reste l'une des plus élevées au monde, ce qui représente un formidable défi pour la viabilité budgétaire, note Moody's.
L'élection de M. Aoun a été saluée par les observateurs internationaux comme un tournant pour le Liban, enlisé dans la paralysie politique, l'effondrement économique et les séquelles des conflits récents.
Le nouveau président dirigera les efforts visant à former un gouvernement doté des pleins pouvoirs, en remplacement de l'actuelle administration intérimaire dirigée par l'ancien Premier ministre Najib Mikati, « qui a fonctionné avec des pouvoirs limités ».
Selon Moody's, la direction des forces armées libanaises, dirigée par M. Aoun, a joué un rôle déterminant dans l'application du cessez-le-feu de novembre entre le Hezbollah et Israël.
Ce cessez-le-feu a joué un rôle essentiel dans la création d'un environnement stable propice à la reconstruction du Liban. Les observateurs notent que le rôle des forces armées dans la garantie de la trêve témoigne du fait que M. Aoun parvient à susciter le respect et la coopération des différentes parties prenantes, une qualité jugée vitale pour naviguer dans le paysage politique complexe du Liban.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com