PARIS : En Île-de-France, le département de la Seine-Saint-Denis, particulièrement exposé à la pandémie de coronavirus, a enregistré, comparativement au reste de l’Hexagone, un taux élevé de surmortalité lié à la Covid-19.
Selon les conclusions de l’étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined), publiée à la fin du mois de juillet 2020, « Le plus fort excédent de décès pour les personnes nées en Afrique ou en Asie peut notamment s’expliquer par le fait qu’elles résident plus souvent en Île-de-France, région de loin la plus fortement touchée par la Covid-19 la corrélation entre précarité, insalubrité et inégalités dans l’accès aux soins est un facteur déterminant pour expliquer le taux élevé de mortalité dans ce département, considéré comme l’un des plus pauvres de France.
En effet, l’étude a permis d’identifier que les résidents du département, constitués à 30 % d’immigrés, vivent dans un contexte de forte densité de population qui serait de 64 fois supérieure à la moyenne française. Et la suroccupation des logements, la cohabitation multigénérationnelle et les conditions précaires favorisent l’explosion de la transmission du virus, notamment aux personnes âgées souffrant de maladies chroniques.
Selon Santé publique France, à la fin de juillet 2020, le nombre de cas de contamination en Seine-Saint-Denis était l’un des plus importants de France avec 16,2 cas déclarés pour 100 000 habitants.
Dans une autre étude, publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) le 7 juillet dernier, les auteurs ont démontré, que durant les mois de mars et d’avril 2020, au plus fort de l’épidémie en France, l’augmentation du nombre de décès avait été deux fois plus forte pour les immigrés que pour les personnes nées en France.
Hausse du nombre de décès
Plus concrètement, comparativement à la même période de 2019, cette mortalité se caractérise par une hausse du nombre de décès de 22 %, mais elle atteint 48 % pour la population née à l’étranger. « La hausse [de la mortalité] a été plus forte pour les personnes nées en Afrique ou en Asie, précise l’étude de l’Insee. Elle a atteint 54 % pour les personnes nées au Maghreb, 91 % pour les personnes originaires d’Asie et 114 % pour les personnes nées en Afrique (hors Maghreb). »
Les populations immigrées occupent des emplois dits « de première ligne » plus exposés au virus, et sont largement représentées chez les ouvriers, les hôtesses d’accueil et de caisses, les agents d’entretien, les chargés de sécurité et les employés dans la grande distribution et dans la logistique. « Les personnes nées en Afrique sont parmi les plus exposées au risque de contamination en raison de leur métier », confirme l’étude de l'Insee.
« Le plus fort excédent de décès pour les personnes nées en Afrique ou en Asie peut notamment s’expliquer par le fait qu’elles résident plus souvent en Île-de-France, région de loin la plus fortement touchée par la Covid-19 », notent Sylvain Papon et Isabelle Robert-Bobée, les auteurs de l’étude.
« Les immigrés, qui occupent des emplois précaires – agents d’entretien, employés de maison – et qui utilisent régulièrement les transports en commun, sont particulièrement exposés au virus, souligne, de son côté, Nabila, infirmière dans un établissement hospitalier de Seine-Saint-Denis. Ils sont aussi employés dans les structures de santé et veillent à notre sécurité et à notre bien-être au quotidien ».
Les auteurs de l’étude précisent aussi que la densité de médecins de ville et le niveau des équipements hospitaliers dans ce département sont parmi les plus faibles d’Île-de-France. Un constat confirmé par l’Observatoire régional de la santé qui indique que le taux d’équipement hospitalier est également le plus faible de la région pour tous les types d’établissements (2 lits en hospitalisation complète pour 1 000 habitants, contre 3,3 en Île-de-France et 7,7 à Paris).