Paris: Faute de pouvoir se rendre dans leur pays pour les vacances d’été, de nombreux étudiants étrangers issus de pays hors Union européenne (UE), et inscrits dans des universités françaises, ont passé des vacances contraintes en France, souvent en situation de précarité. Et pour cause, la perte des emplois étudiants du fait de la pandémie du coronavirus, les restrictions des aides en provenance des proches et l’isolement ont rendu leur séjour forcé difficile.
Qu’ils soient dans des cités universitaires, des résidences privées ou des locations, les étudiants étrangers ont eu recours à l’aide des associations et des bénévoles qui se sont mobilisés pour distribuer l’aide alimentaire et les produits d’hygiène, notamment durant la période de confinement.
Interrogé par ArabNews, Mehdi, un étudiant inscrit dans une filière robotique, explique : « En plus des contraintes de voyages et de l’impossibilité de rendre visite à ses proches avant plusieurs mois, on vit des moments assez difficiles, on se retrouve sans emploi, sans ressources et souvent seuls, dans de très petits espaces ».
D’autres ont, eux, choisi de rester en France, de peur d’être bloqués dans leurs pays et de rater la rentrée universitaire. En effet, l’Union européenne a mis en œuvre des restrictions, notamment pour les pays du Maghreb.
Nombreux sont ceux qui s’inquiètent aussi pour l’obtention des visas, ou pour leurs inscriptions pédagogiques et administratives dans les universités.
Hausse des frais universitaires
Le 1er juillet 2020, le Conseil d’État a validé la décision actée en novembre 2018 concernant la hausse des frais universitaires pour les étudiants étrangers extracommunautaires. Contestée par de nombreuses associations étudiantes dont l’Union nationale des étudiants de France (Unef) et les universités, cette mesure a fait l’objet d’un recours auprès de la haute juridiction administrative.
« Les frais d’inscription contestés ne font pas obstacle à l’égal accès à l’instruction, compte tenu notamment des aides et exonérations destinées aux étudiants », lit-on dans le communiqué publié par le Conseil d’État.
En effet, à la rentrée universitaire 2020/2021, les droits d’inscription sont fixés à 2 770 euros pour une inscription en licence et à 3 770 euros pour un master, contre respectivement 170 et 243 euros pour les étudiants venant des pays européens. Ces frais d’inscription sont considérés par le Conseil d’État comme « modiques », comparés aux coûts réels des formations dans les universités publiques françaises.
Lors d’une déclaration à la presse, Mélanie Luce, présidente du syndicat Unef, a souligné, de son côté, que 3 770 euros, ce n’est pas une somme modique. « C’est scandaleux ! Cet argent, c’est parfois un an de nourriture, un an de loyer… C’est tout simplement notre vie sur un an. On ne peut pas faire d’études si on doit verser autant d’argent. », a-t-elle expliqué.
Cette mesure a été décidée en novembre 2018 par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, dans le cadre de la présentation de la stratégie Bienvenue en France. Le 19 avril 2019, un arrêté ministériel a officialisé la hausse des tarifs de droits d’inscription pour les étudiants étrangers hors Union européenne.
500 000 étudiants étrangers
Censée dynamiser l’attractivité de l’enseignement supérieur dans les universités françaises, cette stratégie a pour objectif d’accueillir près de 500 000 étudiants étrangers d’ici à 2027. Or, elle pourrait ne pas atteindre le but escompté en raison de la crise sanitaire. Selon Campus France, 358 000 étudiants étrangers ont été accueillis dans l’Hexagone pendant l’année universitaire 2018-2019.
Pis encore, en raison des répercussions de la crise de Covid-19, ce dispositif pourrait être très négatif pour les universités. En effet, les présidents d’universités craignent que les étudiants inscrits pour cette rentrée ne puissent pas venir sur le territoire français en septembre prochain. « Rater l’arrivée des étudiants en master serait catastrophique pour les établissements, notamment dans le domaine des sciences et technologies », souligne Mohamed Amara, président de l’université de Pau, dans le sud de la France.
Selon la même source, plusieurs scénarios sont mis sur la table, y compris celui qui consiste à proposer un enseignement à distance en attendant l’ouverture des frontières. « On ne souhaite pas une année blanche pour les étudiants étrangers, il faut pouvoir anticiper », conclut Mohamed Amara.