La lutte pour les droits des Palestiniens met une avocate israélienne sous les feux de la rampe

Lea Tsemel est une avocate israélienne connue pour son travail en faveur des droits des Palestiniens. (Wikimedia Commons)
Lea Tsemel est une avocate israélienne connue pour son travail en faveur des droits des Palestiniens. (Wikimedia Commons)
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Publié le Vendredi 13 août 2021

La lutte pour les droits des Palestiniens met une avocate israélienne sous les feux de la rampe

La lutte pour les droits des Palestiniens met une avocate israélienne sous les feux de la rampe
  • "Advocate" est une représentation puissante de la façon dont Israël ignore la primauté du droit
  • Représenter le peuple que le régime affirme être l'incarnation du mal est le principe le plus juste que quelqu'un puisse adopter

Un documentaire qui met en relief le long combat de l'avocate israélienne Lea Tsemel pour les droits des Palestiniens a été nominé pour deux Emmy Awards.

Advocate, réalisé par Rachel Leah Jones et Philippe Bellaiche, est sélectionné dans les catégories «meilleur documentaire» et «documentaire exceptionnel» sur la politique et les gouvernements. Le gagnant sera annoncé le 28 septembre.

Ce documentaire de deux heures a été présenté en avant-première au Sundance Film Festival 2019 et a ensuite été récompensé par le Human Rights Watch, le festival du film Docaviv d'Israël et des festivals à Hong Kong et en Pologne. Il a été présélectionné pour un Oscar en 2019.

Cependant, sa sortie en salles, en janvier 2020, a été perturbée par la pandémie de Covid-19 qui a pris le monde de court et fait chuter la fréquentation des cinémas.

Advocate est une représentation puissante de la façon dont Israël ignore la primauté du droit. Le documentaire a été attaqué par de nombreuses personnes en Israël, dont la ministre de la Culture, Miri Regev, qui a sévèrement critiqué les droits humains des Palestiniens.

Cependant, la critique du film ne fait qu'exposer la fausseté des affirmations israéliennes selon lesquelles il s'agit d'une démocratie, avec liberté d'expression et opposition à la censure. Lorsqu'il s'agit de chrétiens, de musulmans et d'Israéliens comme Lea Tsemel qui préfèrent dire la vérité, Israël se moque du terme «démocratie».

J'ai suivi la carrière de Lea Tsemel et les défis auxquels elle a été confrontée depuis que je suis jeune militant et auteur. J'ai toujours été étonné qu'une avocate israélienne devienne une icône de la lutte pour la défense des droits des Palestiniens, contrairement aux avocats arabes qui sont restés silencieux et à l’écart.

Lea Tsemel, 76 ans, a démontré comment, lorsque l'État de droit est violé, le système judiciaire peut être utilisé afin d’exiger la justice dans un pays où la loi est appliquée différemment aux deux peuples.

Miri Regev s'est battue pour empêcher la projection du film, qui expose l'horrible vérité dissimulée par la prétendue «démocratie» – en réalité la quintessence de l'apartheid moderne.

Constater que Miri Regev, qui cherche à relancer la campagne israélienne d'assassinat des dirigeants de la résistance palestinienne, est en colère contre le film de Lea Tsemel, est une raison suffisante pour que je veuille l'acheter, le regarder, le partager et écrire à son sujet.

Le monde arabe n'a jamais vraiment compris le pouvoir du cinéma. Des documentaires aux films, le cinéma a défini la compréhension occidentale du conflit au Moyen-Orient.

La compréhension fondamentale du conflit israélo-palestinien a été gravée dans l'esprit des Américains au début des années 1960 par le film Exodus, produit à partir d'une œuvre de pure fiction de Leon Uris. Les mensonges, les exagérations et les contrevérités qui ponctuent ce film ont scellé à jamais la façon dont les Américains considèrent le conflit.

Le monde arabe n'a jamais reconnu qu'il ne mène pas une bataille pour la vérité, mais plutôt une guerre contre un stéréotype ancré dans l'esprit du public par un film qui a brodé de manière romanesque des mensonges afin de diaboliser une cause juste et morale.

Lea Tsemel se qualifie de «rebelle pour une cause perdue» et affirme qu'elle s’emploie à toujours «connaître la personne derrière l'affaire», le mantra d'un véritable avocat qui embrasse le cœur de la démocratie et la conviction que tout le monde est innocent jusqu'à preuve du contraire dans un cadre uniquement défini par la primauté du droit.

D'une certaine manière, Lea Tsemel est une juive qui fait ce que les nazis ont refusé de permettre aux avocats de faire pendant l'Holocauste – défendre les juifs accusés de terrorisme par le régime nazi. Représenter le peuple que le régime affirme être l'incarnation du mal est le principe le plus juste que quelqu'un puisse adopter. Au début du XXe siècle, il s’agissait des juifs. À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, ce sont les Palestiniens.

Lea Tsemel a déclaré qu'elle s'était portée volontaire dans l'armée israélienne pendant la guerre de 1967 et qu'elle a été la première femme israélienne à être photographiée au mur des Lamentations lors de sa prise. Plusieurs semaines plus tard, elle a indiqué avoir été choquée d'apprendre qu'Israël avait détruit toutes les maisons palestiniennes à proximité du Mur pour en faire une place. Les occupants des maisons ont été contraints de fuir.

 

Lea Tsemel, 76 ans, a démontré comment, lorsque l'état de droit est violé, le système judiciaire peut être utilisé afin d’exiger la justice dans un pays où la loi est appliquée différemment aux deux peuples.

Ray Hanania

 

Elle note comment les Palestiniens accusés de crime sont diabolisés et jugés avant même d'être traduits en justice, s'ils le sont. Mais les juifs israéliens qui commettent des crimes similaires bénéficient de l’entière protection de la loi. Ce deux poids deux mesures constitue souvent une motivation pour les êtres humains dans l’obtention d’une reconnaissance morale.

Le documentaire est un beau film qui raconte l'histoire d'un cœur pur qui veut faire le bien, mais découvre rapidement le mal qui l'entoure. Elle veut changer cela, et sa vie est à jamais définie par son combat.

C'est un film émouvant car chaque suspect qu'elle représente est qualifié par les Israéliens de «terroriste». Vous entendez les Israéliens crier des jurons et souhaiter la mort aux suspects arabes qui gisent en sang dans les rues, impuissants, déjà condamnés par des stéréotypes, pas des faits ou des lois.

Le film est en hébreu et en arabe avec des sous-titres en anglais.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Web personnel à l'adresse www.Hanania.com. Twitter : @RayHanania

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com