Quelque soit l’angle sous lequel on envisage la question, force est de constater que le processus de paix israélo-palestinien est mort.
Quelles que soient les intentions qui les animent, force est de constater que les appels persistants à la reprise des négociations de paix suscitent plus le sarcasme et l’ironie que l’adhésion.
Le processus de paix est bien mort tout comme la solution à deux Etats souverains et viables coexistant pacifiquement qui constituait son objectif ultime.
Le processus de paix est bien mort tout comme la solution à deux Etats souverains et viables coexistant pacifiquement qui constituait son objectif ultime.
Cette mort toujours non actée est pourtant loin d’être une mort subite bien au contraire, elle est le résultat d’un long processus de délitement amorcé par l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995 lors d’une manifestation en faveur de la paix.
Vingt cinq ans après, il parait évident qu’avec la main mise du Premier ministre Benjamin Netanyahou sur le gouvernement israélien et l’affaissement de l’Autorité palestinienne avec à sa tête le président Mahmoud Abbas, la dynamique de paix et ce qui en découle relève de la chimère.
Loin de tourner le dos à un processus qui a fait la preuve de sa stérilité, le president américain Donald Trump arrivé au pouvoir en 2016 a choisi au contraire de s’y impliquer personnellement.
Le fruit de cette implication n’est autre que le « deal du siècle » qui entérine le fait accompli engendré par la politique de Netanyahou, en particulier depuis son second et actuel mandat de Premier ministre qui se poursuit depuis 2009.
Loin de tourner le dos à un processus qui a fait la preuve de sa stérilité, le president américain Donald Trump arrivé au pouvoir en 2016 a choisi au contraire de s’y impliquer personnellement.
Concocté sans aucune négociation avec l’Autorité palestinienne, ce deal accorde à Israël le droit de conserver les Territoires occupés par la force au cours du siècle dernier ainsi que l’annexion des colonies illégales éparpillées à travers la Cisjordanie.
Le deal donne également une légitimité à l’annexion de Jerusalem-Est sans renier bien au contraire le droit des Palestiniens à un Etat, mais il leur faudra se contenter des territoires qui auraient échappé à la colonisation et avoir pour capitale un faubourg de Jerusalem qu’ils pourront baptiser « Al-Quds ».
Le deal écarte catégoriquement le droit de retour aux cinq millions de réfugiés palestiniens alors que Netanyahou avait fait voter en 2018 par la Knesset une loi définissant Israël comme « Etat national du peuple juif ».
Selon cette même loi les citoyens arabes auront un « statut spécial » qui reste à définir.
Face à ces évolutions tonitruantes, l’Autorité palestinienne est plus que jamais figée dans un immobilisme morbide et une corruption endémique.
Les institutions palestiniennes semblent à l’arrêt et à cela s’ajoute l’absence d’unité lors des dernières élections générales qui ont eu lieu en 2006, qui avaient mené à la victoire du mouvement Hamas donnant lieu à un morcellement des rangs et à l’isolement de Gaza.
Face à ces évolutions tonitruantes, l’Autorité palestinienne est plus que jamais figée dans un immobilisme morbide et une corruption endémique.
Mis à part les flagellations et les atermoiements, Abbas s’est montré totalement incapable de faire avancer la paix ou de freiner l’agressivité israélienne exacerbée par l’arrivée au pouvoir de Trump à la Maison Blanche.
Humilié par les Américains et décrié pour son inefficacité dans son propre camp, il semble s’accrocher à l’espoir d’une défaite du président américain lors des élections présidentielles prévues à l’automne prochain.
Isolé dans sa Mouqata’a à Ramallah, Abbas se contente de distiller de vagues menaces de ripostes face à Israël et les Etats-Unis il reste sourd aux appels de la jeune garde palestinienne qui réclame du changement et une véritable prise en main des affaires palestiniennes par une nouvelle élite.
Pour sa part, la population palestinienne ne peut que se résigner à tenter de survivre dans un quotidien empreint de désespoir, d’amertume et de sentiment d’abandon.
Au milieu de ce sombre tableau, on croit percevoir une sorte de frémissement certes fragile mais pouvant constituer une petite lueur d’espoir.
Si la création de deux Etats israélien et palestinien est désormais irréaliste, pourquoi ne pas se replier sur la bonne vieille idée d’un Etat binational ?
Pour sa part, la population palestinienne ne peut que se résigner à tenter de survivre dans un quotidien empreint de désespoir, d’amertume et de sentiment d’abandon.
Cette idée - dont la genèse remonte aux pères fondateurs du sionisme et qui a été constamment défendue par des intellectuels arabes et israéliens - trouve aujourd’hui des adeptes de plus en plus nombreux, comme une possible alternative menant à une paix véritable.
Déjà au siècle dernier et face au blocage du processus d’Oslo, l’académicien Edward Said (décédé en 2003) écrivait dans le New York Times que nulle réconciliation ni paix ne sont possibles tant que « deux communautés de souffrances n’auront pas décidé que leur existence est une donnée séculière et doit être envisagée en tant que telle. »
La réconciliation entre deux victimes se disputant la même terre consiste selon lui à acter que les Palestiniens et les Israéliens « sont là pour rester » comme citoyens à part entière d’une même entité.
Pour cela et toujours selon Said une condition est necessaire : la reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens.
Cette même idée ardemment combattue par Netanyahou et ses partisans était récemment reprise par le politologue Peter Beinart, membre de la mouvance sioniste dans un article publie en juillet dernier dans le New York Times et signalé par le site d’info français Orient XXI.
Partant du constat que la solution à deux Etats n’est plus géographiquement possible étant donné qu’Israël a déjà annexé la Cisjordanie, il affirme la nécessité d’envisager la solution d’un Etat binational qu’il qualifie de plus réaliste que la séparation.
Beinart, tout comme Saïd, reprend à son compte un droit de retour également « binational » et non pas limité aux seuls Juifs tel que c’est le cas actuellement.
Cette alternative qualifiée par Said en son temps comme étant « insupportablement simple » et constamment relayée incite au rêve, à l’espoir et à l’apaisement.
Mais la réalité est toute autre car pour transcender les souffrances et les frustrations accumulées pour accepter l’autre et dépasser plusieurs décennies de violences et de douleurs pour tenter de forger un avenir commun, il faut des « surhommes » et non des hommes.
Arlette Khouri vit et travaille à Paris depuis 1989.
Pendant 27 ans, elle a été journaliste au bureau parisien d’Al-Hayat.
TWITTER : @khouriarlette
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.