Malgré la situation de l’Inde, l’économie mondiale prête à décoller

Le président américain, Joe Biden, débarque d'Air Force One avec la Première dame, Jill Biden, alors qu'il arrive en Géorgie afin de promouvoir les plans de reconstruction de l'économie américaine le 29 avril 2021 (Photo, Reuters).
Le président américain, Joe Biden, débarque d'Air Force One avec la Première dame, Jill Biden, alors qu'il arrive en Géorgie afin de promouvoir les plans de reconstruction de l'économie américaine le 29 avril 2021 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Lundi 03 mai 2021

Malgré la situation de l’Inde, l’économie mondiale prête à décoller

Malgré la situation de l’Inde, l’économie mondiale prête à décoller
  • Joe Biden pense que le plus dur est passé pour l'Amérique concernant la pandémie de coronavirus, et que l'économie est sur le point de connaître une croissance spectaculaire pour le reste de cette année
  • Le fait que le débat se concentre dorénavant sur le seuil que le prix du pétrole peut atteindre montre que le monde pense qu'il maîtrise la pandémie de Covid-19 et attend avec impatience le décollage au second semestre de l’année

L'économie américaine est «prête à décoller», déclare le président américain, Joe Biden, dans son premier discours au Congrès ; des nouvelles que le reste du monde attend depuis longtemps.

Joe Biden pense que le plus dur est passé pour l'Amérique concernant la pandémie de coronavirus, et que l'économie est sur le point de connaître une croissance spectaculaire pour le reste de cette année.

Ses commentaires, et l’optimisme des investisseurs mondiaux ont été confortés par des déclarations presque simultanées du président de la Réserve fédérale américaine (FED), Jay Powell, selon lesquelles la FED poursuivra le programme massif d'achats d'actifs financiers qui a maintenu le dynamisme de l’économie et des marchés pendant la récession provoquée par la pandémie.

Les bons résultats de la semaine dernière des sociétés technologiques de haut vol, l'épine dorsale des marchés boursiers américains, mais qui, selon certains experts, devraient garder les pieds sur terre, sont tout aussi rassurants pour la communauté financière mondiale.

Dans un contexte macroéconomique aussi positif aux États-Unis, il n'y a désormais sûrement aucune chance qu’un krach du marché lié à la technologie, que certains craignent depuis un an, se produise.

Si l'économie américaine fait tourner ses moteurs, l'autre catalyseur de la santé économique mondiale, la Chine, s'envole déjà. Le produit intérieur brut (PIB) chinois a augmenté de 18,3 % au premier trimestre, un record absolu, alors que le plus grand fabricant mondial a inversé de façon spectaculaire le ralentissement de l’année dernière dû à la pandémie.

Les États-Unis et la Chine représentent à eux seuls 40 % de l’activité économique mondiale, tandis que la contribution de l’Inde se résume à un seul chiffre. Ce qui est une tragédie humanitaire pour l'Inde (et, vous pourriez ajouter, le Brésil) n'est pas nécessairement une catastrophe économique pour le reste du monde.

Frank Kane

Dans ce contexte d'optimisme global, le nuage, c’est l'Inde. La résurgence tragique du virus Covid-19 dans ce pays va inévitablement affecter la croissance de la cinquième plus grande économie du monde et constitue une catastrophe humanitaire.

Mais il est important de se concentrer sur la perspective économique. Les États-Unis et la Chine représentent à eux seuls 40 % de l’activité économique mondiale, tandis que la contribution de l’Inde se résume à un seul chiffre. Ce qui est une tragédie humanitaire pour l'Inde (et, vous pourriez ajouter, le Brésil) n'est pas nécessairement une catastrophe économique pour le reste du monde.

Cela complique cependant les calculs des producteurs de pétrole comme l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe. L'Inde est un gros importateur de pétrole, c'est pourquoi la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole plus la Russie et une dizaine d’autres pays producteurs (Opep+), en début de semaine, a débattu de l'opportunité d’un maintien des augmentations programmées de la production.

En fin de compte, ils ont décidé d’ajouter près de 800 000 barils par jour (bpj) à l'approvisionnement mondial, estimant manifestement que la reprise économique aux États-Unis et en Chine l'emportait sur les risques liés à l'Inde, au Brésil et à d’autres régions du monde, notamment l'Europe.

Le prix du pétrole depuis lors suggère qu'ils ont eu raison de faire ce pari, avec le brut Brent à la hausse depuis pour s’établir à près de 67 dollars (1 dollar = 0,83 euro) le baril, dans la fourchette de la gamme des «goldilocks» que la plupart des producteurs de l'Opep + considèrent comme le point idéal mondial. Le grand débat actuel dans le secteur pétrolier porte désormais sur la question de savoir jusqu'où le prix du Brent peut grimper.

Deux des analystes les plus optimistes sur les prix du pétrole – les banques d'investissement américaines JP Morgan et Goldman Sachs – viennent en effet de confirmer leurs prévisions cette année. Selon eux, le monde est au bord d'un «supercycle» des prix du pétrole et d'autres matières premières, la reprise économique ayant réduit l'offre privée d'investissements lors de l'effondrement des prix de l'année dernière.

«Nous pensons que la grande réinitialisation des capitaux de l’industrie après la pandémie n’a fait qu’accentuer notre thèse sur le supercycle», déclare Christyan Malek de JP Morgan, tandis que Goldman Sachs réitère son objectif de 80 dollars le baril au cours des six prochains mois.

Ces prévisions optimistes ne sont pas partagées par tout le monde dans le secteur, et elles ne sont pas nécessairement bien accueillies par les participants de l'Opep+ qui restent vigilants concernant un éventuel retour du schiste américain.

Cependant, le fait que le débat se concentre dorénavant sur le seuil que le prix du pétrole peut atteindre montre que le monde, dirigé par les États-Unis et la Chine, pense qu'il maîtrise la pandémie de Covid-19 et attend avec impatience le décollage au second semestre de l’année. Attachez vos ceintures de sécurité, s'il vous plaît.

• Frank Kane est un journaliste d'affaires primé basé à Dubaï. Twitter: @frankkanedubai

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’une tribune parue sur Arabnews.com