Soulagement pour Newcastle United alors que la Super League de football se désintègre

La statue de Bobby Robson devant le St James’ Park de Newcastle United. (Reuters)
La statue de Bobby Robson devant le St James’ Park de Newcastle United. (Reuters)
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Publié le Mardi 27 avril 2021

Soulagement pour Newcastle United alors que la Super League de football se désintègre

Soulagement pour Newcastle United alors que la Super League de football se désintègre
  • Les Big Six de la Premier League ont été contraints d'abandonner leurs plans en début de semaine après l’indignation suscitée par ce qui a été considéré comme une cupidité éhontée de leur part
  • Maintenant que la Super League n'existe plus, les avocats de Newcastle peuvent reprendre leurs efforts pour forcer la Premier League à expliquer pourquoi elle a traîné les pieds si longtemps sur le projet de rachat envisagé par le Fonds d’investissement p

Quelles sont les implications commerciales de la tentative désastreuse de six clubs de football anglais, et de quelques autres clubs espagnols et italiens, de rompre avec leurs ligues nationales et de créer une «Super League» européenne?

Les Big Six de la Premier League ont été contraints d'abandonner leurs plans en début de semaine après l’indignation suscitée par ce qui a été considéré comme une cupidité éhontée de leur part.

En échange de paiements ponctuels variant entre 300 et 200 millions de livres sterling chacun (1 livre sterling = 1,15 euro), les Big Six auraient rejoint la nouvelle compétition, dont il a été déterminé qu’elle rapporterait beaucoup plus en termes de droits de diffusion que les compétitions européennes existantes.

J.P. Morgan, le géant américain de la banque d'investissement, a financé le projet et établi les projections de revenus qui l'ont rendu si attrayant pour les clubs.

D'un point de vue commercial, ces clubs ont probablement eu raison d'explorer toutes les options pour maximiser les revenus, en particulier à la suite de la pandémie, qui a creusé d'énormes trous dans les finances du football depuis que les terrains ont été contraints de fermer l'an dernier, et que les accords de droits télévisés ont été renégociés.

Mais – et c’est là le facteur déterminant qui a conduit à l'effondrement du concept de Super League après seulement quarante-huit heures – ils n'ont pas prévu la réaction du reste du secteur du football à un accord qui aurait grandement affaibli ce sport en Angleterre.

Tout le monde en dehors des Big Six pensait que l'accord était exécrable, du bureau du Premier ministre aux responsables du football, jusqu’aux joueurs et aux fans. La proposition de la Super League a sans doute unifié le Royaume-Uni plus qu'à tout autre moment depuis le référendum de 2016 sur le Brexit.

L’aspect le plus préjudiciable était l’accusation de créer un cartel contraire à l'essence même du sport, dans lequel il n'y avait aucune différence entre gagner et perdre, puisque les fondateurs ne pouvaient pas se retirer de la compétition, aussi lamentables que soient leurs performances.

Aucun des six clubs n'en sort gagnant, notamment les clubs américains de Liverpool et de Manchester United qui en ont été les instigateurs.

Arsenal, également propriété des Américains, et (pour être tout à fait franc) mon club Tottenham Hotspur semblaient particulièrement mal à l’aise car ils étaient tous deux considérés comme plutôt chanceux d'être inclus dans le groupe, compte tenu de leurs piètres performances récentes sur le terrain.

Ironiquement, c’est à Chelsea, propriété russe, et à Manchester City, soutenu par les Émirats arabes unis, qu’il est revenu de s’en sortir avec une once de dignité pour avoir été les premiers à quitter la Super League lorsque le mécontentement de l’opinion publique est devenu évident, et pour avoir présenté des excuses complètes.

Newcastle United – qui nourrit l’ambition de compter parmi les grands du football anglais et dont le potentiel a été reconnu par le Fonds d’investissement public saoudien – aurait été gravement touché si la Premier League anglaise avait été effectivement anéantie par le retrait des Big Six.

Frank Kane

J.P. Morgan a été sévèrement critiqué pour avoir fait passer l'argent avant le jeu, et pour avoir affiché tous les défauts d'une approche mondialisée qui est en contradiction avec l'esprit très populiste de la plupart des fans de football. Ce qui a du sens dans la National Football League américaine ne sied pas au sport anglais.

Le gouvernement britannique promet de se pencher sérieusement sur le football, voire de forcer les clubs à demander leur avis aux fans sur la façon dont ils gèrent leurs affaires, à l’instar du modèle allemand.

Personnellement, je ne pense pas que cela se produira. Les défis juridiques auxquels un tel schéma serait confronté de la part des propriétaires concernés dureraient des années. La structure de propriété actuelle – riches propriétaires et bailleurs de fonds à but lucratif –perdurera probablement.

Un club, cependant, est plus reconnaissant que les autres sur le fait que l'intrigue de la Super League se soit écroulée. Newcastle United – qui ambitionne de faire partie des grands du football anglais et dont le potentiel a été reconnu par le Fonds d’investissement public saoudien (PIF) – aurait été gravement touché si la Premier League anglaise avait été effectivement anéantie par le retrait des Big Six.

Il est difficile d’imaginer comment l'évaluation de 300 millions de livres sterling mis sur Newcastle par le PIF aurait pu être maintenue dans ce scénario.

Maintenant que la Super League n'existe plus, les avocats de Newcastle peuvent reprendre leurs efforts pour forcer la Premier League à expliquer pourquoi elle a traîné les pieds si longtemps sur le projet de rachat envisagé par le PIF.

Des sources proches du rachat – qui a été officiellement retiré par le PIF et ses alliés mais qui reste officieusement sur la table, et plus que jamais souhaité par le propriétaire de Newcastle, Mike Ashley – affirment que le tribunal d'arbitrage anglais qui juge le litige prendra une décision cet été. Elles s'attendent également à ce que la décision aille dans le sens de Mike Ashley, et que Newcastle soit détenu majoritairement par le PIF avant le début de la saison prochaine.

Frank Kane est un journaliste spécialisé dans le domaine des affaires, ayant remporté de nombreux prix. Il est basé à Dubaï. 

Twitter : @frankkanedubai

NDLR : Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com