Pendant des années, j’ai entendu les dirigeants du Golfe faire part de leur désir d’établir des relations avec Israël, et ce n’est un secret pour personne qu’Israël était également enthousiasmé par cette perspective. Avec l’annonce officielle d’une normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël, beaucoup de personnes m’ont demandé la raison pour laquelle cela se produisait maintenant, et ce qu’il adviendrait ensuite. Ma réponse est simple : ce n’est qu’un premier pas, il ne s’agit là que du début de la normalisation entre les États du Golfe et Israël. Je serais même tenté de prédire qu’au moins un autre Etat du Golfe établira des relations diplomatiques avec Israël d’ici la fin de l’année 2020.
Plusieurs facteurs expliquent le choix d’un tel calendrier. Il y a tout d’abord la pandémie mondiale du coronavirus. Comme je l’ai écrit dans mon éditorial d’Arab News en juin, les Etats du Golfe ont annoncé leur intention de coopérer de manière constructive avec l’Etat d'Israël dans la lutte contre la covid-19. Tant les Etats du Golfe qu’Israël ont été profondément préoccupés par l’impact déstabilisant de la Covid-19 sur leurs sociétés respectives. Le Golfe en particulier, s’inquiète de la chute des prix du pétrole due à la pandémie, qui a porté préjudice à son économie. Face à tels défis, les pays du Golfe se tournent de plus en plus vers Israël, afin de trouver des solutions.
L’Iran, problème commun
Cette crise sanitaire a constitué une occasion idéale pour dépasser les différences politiques. Nous l'avons vu lorsque l'ambassadrice des EAU auprès de l'ONU, Lana Zaki Nusseibeh, a déclaré en mai à une journaliste israélienne que son gouvernement serait disposé à travailler avec Israël sur un projet de vaccin. Peu de temps après, les EAU ont collaboré directement avec Israël pour l’envoi de deux avions Etihad chargés d’équipement médical.
L'autre facteur clé accélérant la décision des Emirats arabes unis est l'augmentation des tensions régionales avec l'Iran. À bien des égards, les deux pays, confrontés à ce même problème depuis des années, avaient besoin d'un événement pour passer à l'action ; quelque chose que la pandémie de la Covid-19 a permis. Les EAU - et nombre de leurs voisins –considèrent qu'Israël pourrait représenter une aide considérable dans le domaine de la lutte contre l’Iran, grâce à sa puissance militaire.
En prenant cette décision audacieuse, les Emirats ont ouvert la voie à d'autres États du Golfe pour l’établissement de relations avec Israël. Au cours des trois dernières années, j’ai entendu trois autres États du Golfe dire qu’ils souhaitaient sincèrement établir des relations avec Israël. Ils m’ont dit : « Rabbi, avec nos ressources et notre richesse, et avec les experts et les prouesses technologiques et innovantes d’Israël, nous avons le potentiel pour devenir tous ensemble la région la plus puissante du monde ». La question essentielle était de savoir qui ferait le premier pas, mais une fois que le premier État du Golfe l’a fait, d'autres ont dit qu'ils suivraient. Maintenant que les EAU ont fait cette annonce, nous verrons au moins un autre État du Golfe établir des relations diplomatiques avec Israël d'ici la fin de l’année 2020.
Le Rabbin Marc Schneier est président de la Fondation américaine pour la compréhension ethnique et conseiller de renom auprès de nombreux États du Golfe.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com