LONDRES: Une association de lutte contre la corruption a accusé le gouverneur de la banque centrale du Liban (BDL), de détenir des centaines de millions de dollars en avoirs offshore.
Riad Salameh et sa famille sont accusés par le Projet du Signalement des Crimes Organisés et de la Corruption, ainsi que par le site d'investigation libanais Daraj, de posséder plus de 100 millions de dollars dans des entreprises à travers le monde, dont la plus grande partie se trouve au Royaume-Uni.
Salameh, considéré auparavant comme une force respectable et stabilisatrice du secteur financier libanais, a vu sa réputation ternie, alors que le pays est confronté à une crise économique.
Il avait mis en place la politique de l’indexation de la livre libanaise sur le dollar américain, un système qui s'est effondré suite au défaut de paiement par le gouvernement de la dette internationale.
Il a également été accusé d'avoir largement surestimé les actifs détenus par la BDL, à hauteur de 6 milliards de dollars américains.
Les dernières révélations ne contribuent guère à améliorer l’image de Salameh, bien qu’il n’y ait actuellement aucune allégation d’illégalité concernant les avoirs de sa famille.
La majorité des actifs identifiés sont des propriétés en Grande-Bretagne, dont un appartement dans le riche quartier londonien de Hyde Park, d'une valeur d'environ 3,5 millions de livres sterling (4,58 millions de dollars), propriété du fils de Salameh, Nady.
L’appartement a été initialement acheté par une société qui a ensuite été dissoute après le transfert de propriété.
Salameh a rejeté les allégations d'irrégularités, affirmant que la fortune de sa famille s’était constituée avant qu’il ne devienne gouverneur de la Banque du Liban en 1993, et apportant la preuve qu’il avait à l’époque plus de 23 millions de dollars en son nom.
C’est le dernier développement d’une suite d’histoires peu flatteuses sur l’élite dirigeante libanaise, qui fait l’objet d’une surveillance accrue, suite à l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth le 4 août, causée par des milliers de tonnes de nitrate d’ammonium qui avaient été saisis.
L'explosion a tué plus de 170 personnes et a été largement imputée à l'incompétence des autorités gouvernementales qui auraient été complices de l'accumulation à grande échelle de richesses, ainsi que d’une mauvaise gestion.
Un plan de sauvetage international pour venir en aide au pays sera certainement mis en place à condition de l’application de sérieuses réformes institutionnelles.
Le Président français Emmanuel Macron a appelé la semaine dernière à ‘’de fortes initiatives politiques pour lutter contre la corruption’’, ainsi qu’à ‘’un audit transparent de la banque centrale et du système bancaire’’, si une telle assistance devait être apportée. ‘’Si les réformes ne sont pas réalisées, le Liban continuera de sombrer’’, a-t-il prévenu.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com