Inondations en Espagne : au moins 211 morts, nouveaux renforts militaires

Un soldat passe devant une voiture endommagée par les inondations à Massanassa, dans la région de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 2 novembre 2024. (Photo AFP)
Un soldat passe devant une voiture endommagée par les inondations à Massanassa, dans la région de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 2 novembre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 02 novembre 2024

Inondations en Espagne : au moins 211 morts, nouveaux renforts militaires

  • « 5 000 soldats » supplémentaires vont être déployés sur le terrain, dont 4 000 « aujourd'hui même » et 1 000 « demain matin », a annoncé le Premier ministre Pedro Sánchez lors d'une déclaration depuis le palais de la Moncloa, sa résidence officielle.
  • Selon l'agence météorologique espagnole (Aemet), l'équivalent d'un an de précipitations est tombé dans la nuit de mardi à mercredi sur certaines communes.

VALENCE : Samedi, le gouvernement espagnol a annoncé l'envoi de 10 000 soldats et policiers supplémentaires dans le sud-est du pays afin de venir en aide aux sinistrés et de participer aux recherches des disparus, quatre jours après les inondations tragiques qui ont fait au moins 211 morts.

Au total, « 5 000 soldats » supplémentaires vont être déployés sur le terrain, dont 4 000 « aujourd'hui même » et 1 000 « demain matin », a annoncé le Premier ministre Pedro Sánchez lors d'une déclaration depuis le palais de la Moncloa, sa résidence officielle.

Ce chiffre porte à 7 500 le nombre de militaires mobilisés dans les zones sinistrées, soit le « plus gros déploiement de forces armées jamais effectué en Espagne en temps de paix », a insisté le chef du gouvernement.

À ces soldats vont s'ajouter quelque 5 000 policiers et gendarmes supplémentaires, chargés d'épauler leurs 5 000 collègues déjà sur le terrain, selon M. Sánchez.

Des renforts attendus avec impatience dans certaines localités encore confrontées à une situation chaotique.

Les intempéries ont « provoqué la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire récente de notre pays », a insisté le Premier ministre, en assurant que le bilan des inondations était désormais de « 211 morts ».

- « Il y aura plus de morts »

Le dernier chiffrage des services de secours, donné vendredi soir, faisait état d'au moins 207 victimes, dont 204 dans la région de Valence, la plus affectée, deux autres personnes étant décédées en Castille-la-Manche et une en Andalousie.

Les autorités ont toutefois indiqué que ce bilan pourrait s'alourdir avec la découverte de victimes potentielles, notamment dans les carcasses de voitures qui jonchent encore les rues et les parkings des zones les plus touchées, au milieu des débris et des arbres arrachés.

« Il est probable (...) qu'il y aura plus de morts », a déclaré vendredi sur la chaîne de télévision Antena 3 le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, en refusant de donner le nombre de personnes disparues, jugé encore trop fluctuant et imprécis.

Selon le gouvernement, la priorité des soldats et policiers reste la recherche des disparus et la remise en état des routes et des infrastructures, afin de permettre l'acheminement de l'aide et le rétablissement des « services essentiels ».

Ils devront également mettre un terme aux actes de pillage signalés à plusieurs reprises ces derniers jours, pour lesquels 82 personnes ont été interpellées, selon l'exécutif.

Selon l'agence météorologique espagnole (Aemet), l'équivalent d'un an de précipitations est tombé dans la nuit de mardi à mercredi sur certaines communes. Ces pluies diluviennes ont formé des torrents de boue qui ont détruit des ponts, ravagé des maisons et emporté des milliers de véhicules.

D'après l'exécutif, plus de 2 000 voitures et camions endommagés ont d'ores et déjà été enlevés. L'électricité a par ailleurs été rétablie pour 94 % des habitants qui en avaient été privés.

- « Problèmes et carences » -

« Je suis conscient que la réponse qui est donnée n'est pas suffisante et qu'il y a des problèmes et des carences », mais « le temps viendra d'analyser » les éventuelles « négligences », a insisté Pedro Sánchez, alors que le manque de réactivité des autorités fait l'objet de vives critiques.

Le gouvernement régional de Valence est notamment accusé d'avoir envoyé très tardivement mardi un message d'alerte téléphonique aux habitants, alors que l'Aemet avait placé la région en « alerte rouge » dès la matinée.

À Chiva, à une quarantaine de kilomètres de Valence, le déblaiement se poursuivait samedi matin dans une atmosphère de désolation, selon une journaliste de l'AFP. Dans cette commune de 17 000 habitants, pas de soldats, mais de nombreux gendarmes, chargés de quadriller la commune où des dizaines de maisons sont totalement détruites.

« Il n'y a plus rien », a déploré Mario Silvestre, 86 ans, se disant « résigné » à la vue des dégâts. « Les politiques promettent beaucoup, mais l'aide n'arrive que quand elle arrive ».

Dans ce panorama lugubre, les élans de solidarité se sont poursuivis samedi, notamment à Valence, où des milliers de personnes se sont retrouvées à l'aube pour se rendre à pied dans les localités voisines, équipées de pelles et de balais.

Vendredi, le nombre de volontaires a été tel que les autorités ont appelé les habitants à rester chez eux et ont interdit la circulation sur certains axes pour éviter que les routes, empruntées par les secours, ne soient encombrées.


La COP16 sur la biodiversité échoue à Cali sur la finance Nord-Sud

David Cooper (à gauche), secrétaire exécutif de la COP16, et Susana Muhamad, ministre colombienne de l'environnement et présidente de la COP16, assistent à la dernière session plénière du sommet de la COP16 à Cali, en Colombie, le 1er novembre 2024.(Photo AFP)
David Cooper (à gauche), secrétaire exécutif de la COP16, et Susana Muhamad, ministre colombienne de l'environnement et présidente de la COP16, assistent à la dernière session plénière du sommet de la COP16 à Cali, en Colombie, le 1er novembre 2024.(Photo AFP)
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  • La grande conférence des Nations unies sur la biodiversité s'est terminée samedi à Cali, en Colombie, sans avoir atteint son objectif de financer et stimuler les timides efforts de l'humanité pour cesser de détruire la nature.
  • Après 12 jours de sommet, ni les pays riches, menés à Cali par l'Union européenne, le Japon et le Canada, ni le monde en développement, avec à sa tête le Brésil et le groupe Afrique, n'ont fait un pas vers l'autre.

CALI : La grande conférence des Nations unies sur la biodiversité s'est terminée samedi à Cali, en Colombie, sans avoir atteint son objectif de financer et stimuler les timides efforts de l'humanité pour cesser de détruire la nature.

Malgré une nuit supplémentaire de négociations, la présidence colombienne de la COP16 biodiversité n'est pas parvenue à trouver un accord sur le financement.

« C'est fini », a déclaré samedi matin à l'AFP Susana Muhamad, la ministre colombienne de l'Environnement qui présidait la conférence depuis la tribune où elle se congratulait avec ses équipes.

Après 10 heures de disputes nocturnes et quelques victoires remportées, le quorum n'était plus rempli, trop de délégués étant partis se coucher ou attraper leur vol de retour.

« Bien sûr, cela rend le processus onusien plus faible et plus lent », a déclaré Mme Muhamad. Mais « le gouvernement colombien s'est beaucoup mobilisé » et « au final, cela dépend des parties » (les pays), s'est-elle justifiée.

La clôture formelle des travaux de la COP16 est donc reportée à une date ultérieure, a expliqué David Ainsworth, porte-parole de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

La plus grande des COP sur la biodiversité, qui a attiré un afflux record de 23 000 participants, avait une mission centrale : stimuler l'application timide de l'accord de Kunming-Montréal, scellé il y a deux ans pour sauver la planète et les êtres vivants de la déforestation, de la surexploitation, du changement climatique et de la pollution.

Cet accord prévoit de placer 30 % des terres et des mers dans des aires protégées, parmi 23 objectifs à atteindre d'ici 2030.

- Extinction des espèces

Pour y parvenir, l'accord prévoit de porter à 200 milliards de dollars par an les dépenses mondiales pour la nature. Les pays développés se sont par ailleurs engagés à fournir 30 milliards de dollars d'ici 2030 (contre environ 15 milliards en 2022, selon l'OCDE).

Mais comment mobiliser l'argent ?

Après 12 jours de sommet, ni les pays riches, menés à Cali par l'Union européenne, le Japon et le Canada, ni le monde en développement, avec à sa tête le Brésil et le groupe Afrique, n'ont fait un pas vers l'autre.

Les premiers martelaient leur hostilité à la création d'un nouveau fonds pour la nature. Les seconds le réclamaient avec force, jugeant ceux existants inaccessibles et inéquitables.

Samedi matin, la présidence colombienne a constaté l'impasse et suspendu la conférence.

Cette bataille financière Nord-Sud doit toutefois reprendre le 11 novembre, dans l'autre COP, celle sur le climat, en Azerbaïdjan. Elle portera sur des montants dix fois plus élevés.

« Ce signal négatif va retentir sur les autres négociations environnementales de la fin d'année (climat, plastiques, désertification), car il met en évidence un profond désaccord sur la possibilité même, politique et technique, de réaliser des transferts Nord-Sud d'une manière entièrement différente », analyse Sébastien Treyer, du centre de recherche Iddri.

« L'absence de progrès sur la finance face à une perte de biodiversité sans précédent maintient le monde sur la voie de la destruction de la nature et de l'extinction des espèces », déplore pour sa part Brian O'Donnell, directeur de l'ONG Campaign for Nature.

D'autant plus qu'à Cali, les pays ont aussi échoué à adopter des règles ambitieuses et des indicateurs fiables censés vérifier la réalité de leurs efforts à la COP17.

Celle-ci se tiendra en 2026 en Arménie, qui en a obtenu la présidence au nez et à la barbe de son ennemi historique, l'Azerbaïdjan, lors d'un vote inédit de la COP jeudi pour les départager.

- Peuples autochtones.

Les pays ont en revanche adopté à Cali l'institution d'un fonds multilatéral censé être abondé par les entreprises faisant du profit avec le génome numérisé de plantes (comme l'arôme de vanille) ou d'animaux des pays en développement.

L'efficacité de ce « Fonds Cali » reste incertaine, faute d'obligations claires. Il répond cependant déjà à une demande historique forte de ces pays pour payer la dette contractée par le Nord et ses entreprises pharmaceutiques ou de cosmétiques.

Le texte suggère un montant indicatif de 0,1 % des revenus ou de 1 % des bénéfices. Placé sous l'égide de l'ONU, le fonds répartira l'argent récolté, à parts égales entre les pays et les peuples autochtones.

Ces derniers ont enregistré une victoire historique : la création d'un organe permanent pour les représenter au sein de la CDB, dont l'adoption a été saluée par des acclamations.

« C'est un moment sans précédent dans l'histoire des accords multilatéraux sur l'environnement », s'est réjouie Camila Romero, représentante des peuples Quechuas du Chili.

Malgré la menace de la guérilla et sous haute sécurité, la Colombie a réussi à faire du sommet l'occasion d'une immense fête populaire de la nature dans le centre-ville de Cali.


La COP16 sur la biodiversité institue un fonds sur le partage des bénéfices tirés des ressources génétiques

Des membres de communautés autochtones de différents pays réagissent après l'adoption d'un organe subsidiaire les représentant au sein de la Convention sur la diversité biologique lors de la dernière session plénière du sommet COP16 à Cali, en Colombie, le 1er novembre 2024. (Photo AFP)
Des membres de communautés autochtones de différents pays réagissent après l'adoption d'un organe subsidiaire les représentant au sein de la Convention sur la diversité biologique lors de la dernière session plénière du sommet COP16 à Cali, en Colombie, le 1er novembre 2024. (Photo AFP)
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  • Ces pays espèrent que ce mécanisme financier, baptisé « Fonds Cali », permettra de lever des milliards de dollars, destinés à financer leurs engagements en matière de protection de la nature.
  • En plénière, le représentant du Brésil a déclaré : « Le pillage des richesses des pays en développement est le problème que nous essayons tous de résoudre ici. »

CALI : Les 196 nations de la COP16 sur la biodiversité ont adopté samedi à Cali, en Colombie, la mise en œuvre d'un fonds multilatéral censé être abondé par les entreprises faisant des bénéfices grâce au génome numérisé de plantes ou d'animaux issus des pays en développement.

Ces pays espèrent que ce mécanisme financier, baptisé « Fonds Cali », permettra de lever des milliards de dollars, destinés à financer leurs engagements en matière de protection de la nature.

Cependant, le montant qui sera réellement collecté, principalement via des contributions volontaires, reste incertain.

En plénière, le représentant du Brésil a déclaré : « Le pillage des richesses des pays en développement est le problème que nous essayons tous de résoudre ici. »

Le partage équitable des bénéfices issus des « informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques » (DSI en anglais) est un serpent de mer des COP sur la biodiversité.

Ces données, issues souvent d'espèces présentes dans les pays pauvres, sont utilisées dans la fabrication de médicaments ou de produits cosmétiques, entre autres, qui peuvent rapporter des milliards.

Toutefois, peu de bénéfices tirés de ces données génétiques - téléchargées dans des bases de données en libre accès - reviennent aux communautés d'origine.

La vanille qui parfume des crèmes glacées est ainsi dérivée du séquençage génétique d'une plante autrefois connue seulement d'une tribu mexicaine.

La COP15 Biodiversité de 2022 avait acté la création de ce fonds réclamé de longue date, mais son fonctionnement restait à déterminer.

À Cali, les négociateurs se sont disputés près de deux semaines sur des questions fondamentales : qui paie, combien, dans quel fonds et comment distribuer l'argent ?

Samedi à l'aube, à la 10^e heure d'une plénière nocturne laborieuse, les détails du fonds ont été adoptés, après un ultime bras de fer impliquant notamment l'Inde et la Suisse.

Le fonds devrait être abondé par les entreprises se servant des DSI et qui « devraient verser une proportion de leurs profits ou revenus au fonds mondial ». Celles d'une certaine taille devraient contribuer à hauteur de 1 % des bénéfices ou de 0,1 % des revenus, selon le document.

Placé sous l'égide de l'ONU, le fonds répartira l'argent, moitié pour les pays, moitié pour les peuples autochtones.

L'accord énumère les secteurs ciblés, notamment l'industrie pharmaceutique, les compléments alimentaires, les cosmétiques et les biotechnologies. L'agro-industrie, après une tentative de l'Argentine de l'écarter selon deux sources proches des négociations, est également concernée.

Le sommet, qui devait se terminer vendredi, a joué les prolongations samedi en raison des tensions entre les pays du Nord et du Sud sur le financement de la feuille de route adoptée par l'humanité il y a deux ans pour stopper la destruction de la nature d'ici 2030.


Les meurtres de journalistes restent majoritairement impunis, selon l'Unesco

Selon le groupe, le fait d'empêcher les journalistes de travailler librement a permis à la désinformation de se répandre sans contrôle, les faussetés devenant des « armes de guerre utilisées par toutes les parties ». (AFP/File)
Selon le groupe, le fait d'empêcher les journalistes de travailler librement a permis à la désinformation de se répandre sans contrôle, les faussetés devenant des « armes de guerre utilisées par toutes les parties ». (AFP/File)
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  • « Dans la majorité des cas, personne ne sera jamais tenu responsable de ces meurtres », a déclaré la directrice générale de l'organisation onusienne, Audrey Azoulay, citée dans le rapport.
  • Les journalistes locaux « ont représenté 86 % des meurtres liés à la couverture de conflits », estime l'Unesco.

PARIS : La très grande majorité de ces meurtres reste impunie dans le monde, dénonce samedi l'Unesco dans un rapport, à l'occasion de la Journée internationale de la fin de l'impunité pour ces crimes.

« En 2022 et 2023, un journaliste a été tué tous les quatre jours simplement pour avoir fait son travail essentiel de quête de la vérité. Dans la majorité des cas, personne ne sera jamais tenu responsable de ces meurtres », a déclaré la directrice générale de l'organisation onusienne, Audrey Azoulay, citée dans le rapport.

85 % des meurtres de journalistes recensés par l'Unesco depuis 2006 sont considérés comme non élucidés, indique le rapport.

Face à ce « taux d'impunité » très élevé, l'Unesco appelle les États à « accroître considérablement leurs efforts ».

- 162 journalistes tués en deux ans

Au cours des deux années couvertes par le rapport de l'Unesco (2022-2023), 162 journalistes ont été tués, près de la moitié d'entre eux exerçant dans des pays en proie à des conflits armés.

En 2022, le pays qui a comptabilisé le plus grand nombre de crimes est le Mexique, avec 19 cas. Juste avant l'Ukraine, où 11 journalistes ont été assassinés cette année-là.

En 2023, « c’est dans l’État de Palestine qu’a été enregistré le plus grand nombre de meurtres : 24 journalistes y ont été tués », pointe le rapport. La Palestine a été admise comme membre à part entière de l'Unesco en 2011.

Il relève en général une « hausse du nombre de meurtres dans les pays en conflit ».

Les journalistes locaux « ont représenté 86 % des meurtres liés à la couverture de conflits », estime l'Unesco.

Par ailleurs, l'organisation précise que « les journalistes continuent d’être tués chez eux ou à proximité de leur domicile, ce qui expose leurs familles à de grands risques ».

Dans les autres zones géographiques, la plupart des journalistes tués couvraient « le crime organisé, la corruption » ou ont été tués « lors de reportages sur des manifestations », ajoute l'Unesco.

Plus que les années précédentes, les femmes journalistes ont été particulièrement ciblées par ces meurtres en 2022.

L'organisation a comptabilisé dix meurtres de femmes journalistes au cours de cette seule année.

Parmi les victimes, la journaliste mexicaine Maria Guadalupe Lourdes Maldonado López, abattue par arme à feu à la frontière entre le Mexique et les États-Unis.

On peut également citer la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée lors d'un raid israélien alors qu'elle couvrait des affrontements en Cisjordanie occupée.