Liban: les responsables étrangers défilent, le Hezbollah pose ses conditions

Le porte-hélicoptères Le Tonnerre arrivé à Beyrouth et s'est stationné face au port (Photo, AFP).
Le porte-hélicoptères Le Tonnerre arrivé à Beyrouth et s'est stationné face au port (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 15 août 2020

Liban: les responsables étrangers défilent, le Hezbollah pose ses conditions

  • David Hale: "Nous ne pouvons accepter davantage de promesses vides et de gouvernance dysfonctionnelle”
  • Nasrallah a tourné en dérision les appels de la rue à la constitution d'un gouvernement "neutre", affirmant qu'il "n'existe pas de personnes neutres au Liban"

BEYROUTH: Des responsables étrangers se croisent à Beyrouth, pour superviser les aides qui affluent après l'explosion meurtrière au port et pour influencer la formation du prochain gouvernement, crucial pour l'avenir du Liban.

Dix jours après le drame qui a fait plus de 170 morts ‘dont deux Français’ et 6.500 blessés, les autorités libanaises, opposées à une investigation internationale, ont chargé un juge local de l'enquête.

Signe que le Liban est revenu au centre des luttes d'influence, les émissaires se succèdent depuis l'explosion qui a soufflé des quartiers entiers de la capitale.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, dont le pays soutient l'influent Hezbollah, a affirmé vendredi que l'aide au Liban "ne devrait pas être conditionnée à un changement politique". "C'est à l'Etat et au peuple du Liban de décider de l'avenir du Liban", a ajouté Zarif, qui a rencontré le président Michel Aoun.

Le chef de l'Etat libanais a également reçu la ministre française des Armées, Florence Parly, qui a souligné la nécessité de former "le plus rapidement possible un gouvernement de mission", chargé "pour une durée limitée de mener des réformes profondes".

Le numéro trois de la diplomatie américaine David Hale, a lui aussi rencontré Aoun, ainsi que l'ancien Premier ministre Saad Hariri, évoqué dans les médias locaux pour diriger le nouveau gouvernement.

"Les Etats-Unis sont prêts à soutenir un gouvernement libanais qui reflète et réponde à la volonté du peuple, qui s'engage honnêtement et agisse pour un vrai changement”, a affirmé M. Hale. "Nous ne pouvons accepter davantage de promesses vides et de gouvernance dysfonctionnelle”, a-t-il affirmé.

Nasrallah monte au front
Mais le chef du puissant Hezbollah ne l'entend pas de cette oreille: dans un discours télévisé vendredi soir, il s'est prononcé pour un gouvernement "d'union nationale" rassemblant les partis traditionnels qui contrôlent la vie politique. Il a tourné en dérision les appels de la rue et de certaines parties chrétiennes à la constitution d'un gouvernement "neutre", affirmant qu'il "n'existe pas de personnes neutres au Liban".

Nasrallah s’est également exprimé sur le verdict tant attendu, prévu le 18 août, du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), qui juge quatre membres présumés de sa formation pour l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. A cet égard, il a affirmé que son parti "ne se sent pas concerne par les décisions du TSL". "Pour nous, ce sera comme si la décision n'avait pas été annoncée", a-t-il ajouté.

Le chef du Hezbollah s’est montre plus virulent dans son discours de vendredi que dans celui qu’il avait prononcé au lendemain de la double explosion du 4 août. Le drame, provoqué par une énorme quantité de nitrate d'ammonium stockée au port, a relancé le mouvement de contestation déclenché à l'automne 2019 contre la classe politique et a conduit à la démission du gouvernement de Hassan Diab. La population accuse les dirigeants d'être responsables, par négligence ou corruption, de l'explosion. Le successeur de Diab doit être nommé par le chef de l'Etat, de plus en plus décrié, sur la base de consultations avec les partis politiques traditionnels.
 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.