La décision du président américain Joe Biden de s’opposer à la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur les crimes de guerre potentiels dans les territoires occupés met en péril toutes les promesses qu’il a faites, ainsi que les mesures qu’il a prises pour valoriser les Arabes américains.
Au cours de sa campagne électorale présidentielle, Biden a exposé les grandes lignes de ce qui était fondamentalement une nouvelle attitude envers les droits et les besoins des Arabes américains. À la suite de son «plan de partenariat» avec la communauté, les électeurs arabo-américains sont venus en force pour le soutenir, même si Biden s’est qualifié de «sioniste» à plusieurs reprises au cours de sa carrière.
Lors de sa prise de fonction en janvier, il a immédiatement révoqué la soi-disant «interdiction de musulmans» du président Donald Trump, et qui interdisait aux citoyens de huit des 50 pays à majorité musulmane du monde d'entrer aux États-Unis. Biden a également nommé près d'une douzaine d'Américains arabes à des postes de second niveau au sein de son administration.
Les actions et le discours du nouveau président en faveur des droits des Arabes et des Musulmans ont suscité l’espoir que les politiques américaines injustes du passé changent. Cependant, Biden s'est rapidement retrouvé pris au milieu des Israéliens et des Palestiniens, critiqué par les leaders des deux communautés au moment où ils se disputaient la décision de la CPI de la semaine dernière.
Paradoxalement, l’enquête de la CPI ne se concentre pas uniquement sur Israël. Puisque que la Cour a annoncé qu'elle enquêterait sur les Forces de défense israéliennes et les actions entreprises par certains responsables, elle doit aussi examiner également les crimes de guerre potentiels commis par des groupes militants palestiniens comme le Hamas.
La décision de Biden de ne pas retirer les sanctions américaines introduites par son prédécesseur l’année dernière contre les responsables de la CPI suscite une inquiétude encore plus grande parmi les Palestiniens.
Malgré tous les efforts de paix déployés depuis les accords d'Oslo dans les années 1990, les Palestiniens n'ont jamais vraiment été traités sur un pied d'égalité par les administrations américaines. Il est vrai que la politique de Trump était plus directe que ses prédécesseurs démocrates, et il a sans-doute offensé les Palestiniens, mais il a par contre insisté pour que les pourparlers aient ouvert la voie aux accords d'Abraham entre Israël et plusieurs pays arabes. Les Arabes qui soutiennent ces accords ont fait valoir que, malgré la posture anti-palestinienne de Trump, ces ententes pourraient créer une atmosphère plus propice à la paix entre Israël et les Palestiniens plus facile à réaliser. Toutefois, les Palestiniens, n’ont pas accepté cet argument.
Biden a pris le parti d’Israël sur la question de la CPI, reprenant l’argument de Tel Aviv selon lequel ni Israël ni la Palestine ne sont considérés comme des parties à la Cour, et ne relèvent donc pas de sa compétence. Tel Aviv n'est pas signataire du Statut de Rome et la Maison Blanche soutient que la Palestine n'est pas un État souverain et ne peut en aucun cas être membre de la CPI.
Lorsque les médias de Washington, qui ont souvent soutenu Biden par rapport à Trump, ont renversé la situation et demandé si la nouvelle administration adoptait les mêmes politiques que son prédécesseur, le porte-parole du département d'État Ned Price s'est engagé dans un échange houleux qui a fait la une des journaux pour son ton et non pour son contenu.
Bien que Biden semble toujours avoir leur soutien, la controverse de la CPI fait office de douche froide aux communautés arabo-américaines et musulmanes
Les Arabes-Américains qui ont obtenu des postes à la Maison Blanche ont été immédiatement contraints de se défendre. Reema Dodin a été l'une des premières Arabes américaines à être nommé à un poste parmi l’administration Biden. Directrice adjointe du Bureau des affaires législatives de la Maison Blanche, et elle est chargée de faire avancer le programme législatif du président au Congrès. Mais les critiques pro-israéliens l’ont attaquée en déterrant des publications sur les réseaux sociaux dans lesquelles elle contestait la politique «d’apartheid» d’Israël.
Son expérience est devenue un avertissement aux autres Arabes américains nommés par Biden. Par conséquent, la plupart d’entre eux ont supprimé leurs anciennes publications dans lesquels ils critiquaient Israël de leurs réseaux sociaux, en plus de rendre leurs profils privés. Ils ont aussi refusé de faire des interviews par crainte que leurs paroles ne nourrissent de nouvelles attaques par des extrémistes pro-israéliens.
Plutôt que de présenter ces nominations en les encourageant à faire des interviews, en particulier en avril, mois du patrimoine national arabe américain, les «Arabes de Biden» semblent se sur la défensive.
L'essentiel se résume à ce que Biden peut réaliser. En réactivant le soutien de la Maison Blanche à la solution à deux États, Biden peut certainement rétablir l'espoir de paix entre Israël et la Palestine. S'il peut parvenir à la paix, aucune des inquiétudes ou des critiques n’aura de poids. Mais même les plus tenaces ont échoué sur ce front, et la colère dans les communautés palestinienne et arabo-américaine ne disparaîtra probablement as de sitôt.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de l'hôtel de ville de Chicago. Il peut être joint sur son site Web personnel à www.Hanania.com. Twitter: @RayHanania
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com