La tentative de Daech de créer un soi-disant État islamique en Syrie et en Irak a attiré des volontaires de plusieurs pays. Les enfants de ses volontaires, dont la plupart sont nés en Syrie, constituent aujourd’hui un dilemme unique pour ces pays.
On estime qu’environ 70 000 femmes et enfants sont détenus dans les camps de réfugiés du nord de la Syrie. Parmi eux, au moins 12 000 sont des ressortissants étrangers. Deux tiers des enfants qui se trouvent dans ces camps ont moins de 12 ans, la majorité d’entre eux ayant l’âge de cinq ans, d’après un rapport publié par le HCR. Plus de 500 personnes sont décédées dans les camps en 2019 et les chercheurs ont découvert que 371 d’entre elles étaient des enfants.
Ces jeunes sont, avant tout, un groupe vulnérable qui a besoin d’une aide d’urgence dans une région instable et ravagée par la guerre. On ne saurait exagérer la nécessité de résoudre la question de la gestion de leurs cas, étant donné l’instabilité de la région et la menace permanente que représente le coronavirus (Covid-19). S’il n’est pas surmonté, le défi que représentent ces enfants risque fort de passer d’un problème d’aide sociale facilement résolu à un éventuel problème de sécurité et de lutte contre le terrorisme.
Il est dans l’intérêt à court et à long terme de tous les pays de prendre des mesures pour venir en aide aux enfants abandonnés dans des régions autrefois occupées par le Daech aujourd’hui vaincu. De plus, ces mesures sont certaines et nécessaires sur les plans éthique et juridique. En vertu du droit international, les enfants sont la responsabilité de leurs pays d’origine, et les autorités de ces pays doivent assurer leur protection future et leurs perspectives de réinsertion.
Il est dans l’intérêt à court et à long terme de tous les pays de prendre des mesures pour venir en aide aux enfants abandonnés dans des régions autrefois occupées par le Daech aujourd’hui vaincu.
Dr Azeem Ibrahim
Pour commencer, les ressources diplomatiques et financières doivent être investies dans le développement de l’infrastructure afin de répondre aux besoins des populations restantes dans les camps (comme les services de santé, le logement, l’habillement et la nourriture) jusqu’à ce qu’on parvienne à une solution à long-terme. Ces petits investissements devraient être considérés comme la première étape pour éviter de dépenser des ressources plus importantes — sur des mesures telles qu’une éventuelle action militaire, des rapatriements coûteux et des incarcérations — à l'avenir.
Deuxièmement, la création d’un organe de l’ONU chargé d’enquêter sur les actions des partisans de Daech serait bénéfique pour leurs enfants. Il permettrait de partager des informations sur les suspects et de travailler en étroite collaboration avec les services de protection de l’enfance de leurs pays d’origine afin de déterminer la meilleure solution pour les jeunes.
Troisièmement, les enfants des partisans de Daech doivent recevoir une éducation laïque, conformément au droit international, pour leur assurer un avenir viable. L’éducation religieuse doit être dispensée par des groupes d’aide sociale dirigés par des musulmans afin de renforcer une identité religieuse positive — pour lutter contre la propagande — et le sentiment que les détenus n’ont pas besoin de renoncer à leur religion pour aller de l’avant (comme la propagande de Daech voudrait leur faire croire).
Enfin, les centres de réinsertion pour mineurs qui opèrent déjà dans le nord-est de la Syrie ont besoin des ressources et de l’expertise des États donateurs et des organisations non gouvernementales (ONG) internationales. Ces centres proposent un moyen de réduire immédiatement les risques encourus par les enfants européens, tout en poursuivant les efforts pour trouver des solutions à plus long terme, comme le rapatriement.
Plusieurs ONG mènent déjà des efforts de protection et de réinsertion dans les pays voisins, tels que l’Irak et la Turquie. Le soutien international augmenterait considérablement les capacités de ces centres.
Le Dr Azeem Ibrahim est directeur au Centre pour la politique globale et auteur de l'ouvrage « The Rohingyas : Inside Myanmar's Genocide » (Hurst, 2017). Twitter : @AzeemIbrahim
Il s’agit du résumé analytique du rapport de recherche du Dr Azeem Ibrahim pour l’Unité de recherche et d'études d’Arab News
Lire et télécharger le rapport complet.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.