PARIS : Un jihadiste originaire de l'île française de La Réunion dans l'océan Indien, Anthony Maurice, parti fin 2014 en Syrie, a été mis en examen et écroué en France continentale vendredi après son expulsion par la Turquie, a-t-on appris samedi de sources judiciaire et proches du dossier.
L'homme avait été expulsé lundi par Ankara, comme l'a dévoilé vendredi le quotidien français Le Figaro, aux termes d'un accord de coopération policière franco-turc conclu en 2014 pour organiser le retour des jihadistes français aux mains des autorités turques.
Après quatre jours de garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Anthony Maurice a été mis en examen vendredi pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » puis placé en détention provisoire, selon la source judiciaire.
Cette mise en examen vise la période 2016-2019 de son séjour, la période 2014-2016 ayant déjà fait l'objet d'investigations qui devaient être jugées prochainement aux assises en son absence. Compte tenu de son retour, « les deux volets de l'affaire seront joints et jugés ensemble », a précisé cette source.
« C'est un profil de combattant », a indiqué l'une des sources proches du dossier, car « il est resté longtemps sur zone » et « on a documenté » sur lui « des manipulations d'armes » et « la participation à des exactions ».
« Il est passé par plusieurs groupes jihadistes dans le Nord-Ouest syrien, notamment dans la +katiba+ d'Omar Diaby », alias Omar Omsen, un Français soupçonné d'avoir convaincu de nombreux compatriotes de rejoindre la Syrie pendant les grandes heures du califat auto-proclamé du groupe Etat islamique (2014-2019), a-t-on ajouté de même source.
Cette +katiba+ (unité de combattants) était affiliée au Front al-Nosra (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).
Anthony Maurice, qui avait été arrêté en Turquie en 2019 laissant derrière lui sa femme et ses enfants dans la zone irako-syrienne, « a minoré son rôle et contesté avoir combattu mais des éléments de l'enquête le contredisent », selon une autre source proche du dossier.
Il faisait partie d'une filière jihadiste organisée depuis La Réunion, la première en Outre-mer français, qui avait été démantelée en juin 2015, quelques mois après son départ dans la zone irako-syrienne.
Cette filière était dirigée par un Réunionnais, un prédicateur salafiste âgé de 21 ans à l'époque surnommé « l'Égyptien » en raison de ses voyages dans ce pays, et accusé d'avoir incité plusieurs jeunes hommes à partir faire le jihad en Syrie. L'un de ces jeunes a ensuite été tué en Irak.
Depuis 2014, plus de 250 personnes ont été renvoyées en France depuis la Turquie en vertu de l'accord bilatéral.