Les aventures du «routard» de l'EI au procès de trois djihadistes présumés en France

Croquis du procès des accusés des attentats terroristes de 2015 à Paris (Dessin, AFP).
Croquis du procès des accusés des attentats terroristes de 2015 à Paris (Dessin, AFP).
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Publié le Mercredi 10 février 2021

Les aventures du «routard» de l'EI au procès de trois djihadistes présumés en France

  • Le Marocain Hicham El-Hanafi, jugé avec deux autres co-accusés pour un projet d'attentat en France en 2016, a nié tout en bloc mardi
  • Son parcours dessine pourtant le profil d'un organisateur des activités de l'Etat islamique

PARIS: « Je n'ai rien à voir avec tout ça »... Le Marocain Hicham El-Hanafi, jugé avec deux autres co-accusés devant la cour d'assises spéciale de Paris pour un projet d'attentat en France en 2016, a nié tout en bloc mardi alors que son parcours dessine le profil d'un organisateur des activités de l'Etat islamique.

« Sur ce que je n'ai pas fait, je ne peux pas avoir d'explications », se défend l'accusé, les cheveux bruns coupés courts et l'allure sportive. Tandis que le président de la cour détaille son parcours qui le rapproche d'un « routard » du djihad, déjà aguerri alors qu'il n'a que 30 ans, Hicham El-Hanafi, dont les propos en arabe passent par un traducteur, ne voit que l'œuvre du « hasard ».

C'est le « hasard » qui a fait qu'on le photographie dans la forêt de Montmorency en région parisienne, le 14 novembre 2016, à 200 m de l'endroit où la Direction générale de la sécurité intérieur (DGSI), à l'occasion d'une opération de cyber infiltration de l'Etat islamique (EI), avait caché des armes. Encore le « hasard » si un bon samaritain, qu'il appelle « Momo », lui a conseillé d'aller à Marseille (sud) pour trouver du boulot et lui a laissé ses coordonnées sur la messagerie Telegram.

Le CV de l'accusé est impressionnant. Originaire de Fès, ce Marocain est un grand voyageur. Après un bref passage en Syrie en 2014, le temps de recevoir un entraînement militaire, selon le parquet national anti-terroriste (PNAT), Hicham El-Hanafi joue le globe-trotter.

On trouve sa trace dans 24 pays, en Europe, en Afrique mais aussi au Brésil où, en juin 2016, il passe quinze jours « de vacances » à Rio, deux mois avant les Jeux olympiques, une cible potentielle de l'EI.

Dans une photo retrouvée sur son téléphone, on le voit poser devant la tour Eiffel l'index levé vers le ciel. « Pourquoi ? » interroge le président. « J'aime prendre cette pose », répond simplement l'accusé. L'index levé vers le ciel est un des signes d'allégeance à l'EI.

Pour voyager, il utilise des faux papiers, ouvre des comptes sous des noms d'emprunt pour bénéficier de prêts bancaires. L'accusé concède avoir commis de multiples escroqueries.

Mais, à l'opposé de l'escroc habituel, ce n'est pas par appât du gain ou goût du luxe qu'il agissait ainsi. Pour l'accusation, l'argent était destiné à financer des cellules dormantes de l'EI en Europe.

« Peur des bêtes sauvages »

Que venait-il faire en France en novembre 2016 ? Benjamin Chambre, l'avocat général, n'a aucun doute : à Montmorency, Hicham El-Hanoufi cherchait les armes cachées par la DGSI. « Je cherchais un endroit où dormir mais j'ai eu peur des bêtes sauvages », explique l'accusé. « Dormir à la belle étoile en novembre ? », feint de s'étonner Chambre.

Bredouille, Hicham El-Hanafi se rend à Trappes, à l'ouest de Paris. « Pour quoi faire ? », s'étonne l'avocat général. « Pour trouver un logement et du boulot », raconte l'accusé. En fait, Hicham El-Hanafi est venu récupérer 4 100 euros auprès de sympathisants de l'EI.

Cet argent devait servir à acheter des armes puisque celles qui étaient cachées à Montmorency n'avaient pas été découvertes, dit l'accusation.

Le lendemain de l'expédition à Trappes, El-Hanafi prend le TGV pour Marseille... sur les conseils de « Momo ».

En fait, affirme l'accusation, ce « Momo » serait en réalité son commanditaire basé en Syrie.

Hasard encore une fois mais du côté de la police cette fois. Un cyberpatrouilleur de la DGSI surnommé « Franck » est justement en contact avec « Momo », un « émir » de l'EI connu sous l'alias « JMAJFTZS ». Ignorant que « Franck » est un policier infiltré, « Momo/JMA... » lui demande de trouver un hébergement à Marseille pour un djihadiste prêt à passer à l'action.

Le cyberpatrouilleur s'empresse de donner le numéro d’un contact à Marseille, en réalité un autre policier infiltré, à charge pour « Momo/JMA... » de le communiquer à l'inconnu en route pour Marseille.

Sauf qu'Hicham El-Hanafi recopie mal le numéro de téléphone communiqué par son commanditaire. Il ne parvient pas à joindre le faux marchand de sommeil et vrai policier et trouve refuge chez un Afghan.

Fin de l'histoire et chou blanc pour la police ? Non car dans la soirée « Momo/JMA... » contacte de nouveau Hicham El-Hanafi. « Éloigne-toi de cet Afghan, recommande l'émir, on ne sait pas à qui on a affaire »... Obéissant, Hicham contacte sans le savoir la police qui n'aura plus qu'à le cueillir.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
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  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.


Faux Brad Pitt: une enquête pour escroquerie ouverte en France

Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
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  • A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien
  • Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION: Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière.

A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien.

Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine en lui envoyant de faux selfies, des documents d'identité falsifiés et en recourant à l'intelligence artificielle pour dissiper ses doutes.

Prétextant avoir besoin d'argent pour payer une opération pour un cancer du rein, le faux Brad Pitt a réussi à soutirer cette somme importante à cette femme, qui est aujourd'hui ruinée et a fait trois tentatives de suicide.

Depuis la diffusion de l'émission, elle fait l'objet de railleries de la part d'internautes moquant sa supposée crédulité. Le reportage a depuis été retiré de toutes les plateformes par TF1, après une "vague de harcèlement à l'encontre d'un témoin".

L'affaire est parvenue jusqu'à l'entourage de l'acteur, qui a mis en garde ses fans contre les escrocs utilisant son image.

"C'est terrible que des escrocs profitent de la forte connexion des fans avec des célébrités", a déclaré mardi un porte-parole de l'acteur au média Entertainment Weekly.

De escroqueries jouant sur les sentiments existent depuis le début des courriers électroniques, mais l'arrivée de l'intelligence artificielle a augmenté le risque de vol d'identité, canulars et fraude en ligne, selon les experts.