Biden nomme l'architecte de l'accord de 2015 sur le nucléaire envoyé spécial pour l'Iran

Rob Malley, ancien médiateur américain dans les négociations portant sur le programme nucléaire iranien, est le principal émissaire du président Joe Biden pour l'Iran. (photo du dossier AFP)
Rob Malley, ancien médiateur américain dans les négociations portant sur le programme nucléaire iranien, est le principal émissaire du président Joe Biden pour l'Iran. (photo du dossier AFP)
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

Biden nomme l'architecte de l'accord de 2015 sur le nucléaire envoyé spécial pour l'Iran

Biden nomme l'architecte de l'accord de 2015 sur le nucléaire envoyé spécial pour l'Iran
  • M. Malley aura pour mission d'obtenir des concessions plus substantielles de la part de Téhéran ; en contrepartie, les États-Unis se joindront à l'accord nucléaire
  • Les responsables américains d'origine arabe ont salué cette décision et ont fait l'éloge du rôle que M. Malley a joué dans les négociations de paix israélo-palestiniennes sous les administrations Clinton et Obama

Vendredi, le président américain Joe Biden a nommé Robert Malley comme envoyé spécial pour l'Iran. Ce dernier a représenté Washington lors des négociations avec Téhéran au sujet de l'accord nucléaire de 2015.

M. Malley aura pour mission d'obtenir des concessions plus substantielles de la part du régime iranien. En contrepartie, les États-Unis se joindront à l'accord nucléaire et les sanctions seront assouplies.

La nomination de M. Malley a été saluée par les responsables arabo-américains, qui ont mis en avant son implication étroite et directe dans le processus de paix israélo-palestinien, sous la présidence de Barack Obama et Bill Clinton. En effet, M. Malley a joué un rôle déterminant dans la tenue du sommet de Camp David en 2000 qui visait à réactiver les accords d'Oslo.

Le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, a indiqué que M. Biden cherchait à monter une équipe solide, chargée de négocier avec l'Iran et que M. Malley était la personne la plus compétente pour négocier un accord nucléaire « plus durable et plus solide » que le Plan d'action global conjoint (PAGC), appuyé par les Nations unies et ratifié en 2015 par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et la France - plus l'Allemagne et l'Union européenne.

C'est en 2018 que le président Donald Trump a décidé de retirer les États-Unis de cet accord et de réimposer des sanctions à Téhéran. Cette décision a été applaudie par les dirigeants du Conseil national de la résistance iranienne, qui ont apporté des preuves prouvant que Téhéran poursuivait l'expansion de son arsenal nucléaire au mépris du PAGC.

Dans un entretien avec Arab News, Ned Price, le porte-parole de M. Blinken, a déclaré que l'administration était en train de bâtir « une équipe spécialisée, réunissant des experts clairvoyants aux opinions diversifiées ». Il a souligné que M. Malley « apporte à cette fonction ses succès passés dans la négociation de restrictions au programme nucléaire iranien ». « Le secrétaire d'État est confiant dans le fait qu’il saura, avec son équipe, parvenir à nouveau à un tel résultat », a-t-il dit.

M. Price a poursuivi que « si l'Iran se conforme à nouveau à ses obligations découlant du PAGC, les États-Unis en feront de même », et a souligné que M. Biden « profitera du PAGC pour parvenir à un accord plus durable et plus solide » qui abordera également d'autres sujets de préoccupation liés aux activités iraniennes.

Néanmoins, il a averti qu’ «il était encore trop tôt pour y parvenir, dans la mesure où l'Iran ne se conforme pas à ses obligations sur bon nombre de volets, et nous devrons d'abord évaluer plusieurs étapes du processus. Nous collaborerons étroitement avec nos alliés et partenaires, ainsi qu'avec le Congrès américain ».

Les responsables américains d'origine arabe qui ont travaillé avec M. Malley par le passé ont fait l'éloge de son « impartialité » et de l’«équité » dont il a fait preuve lorsqu'il a abordé le processus de paix israélo-palestinien.

Jim Zogby, président de l'Institut arabo-américain de Washington, proche collaborateur de M. Malley sous les administrations Clinton et Obama, affirme que celui-ci confère du «  sérieux et de la clarté » à tous les dossiers qu'il aborde.

« C'est l'une des personnes les plus compétentes à occuper ce poste au cours des 40 années pendant lesquelles j'ai travaillé à la Maison Blanche et au Département d'État », affirme M. Zogby. « Rob Malley est la personne la mieux informée sur le Moyen-Orient, la plus objective et la plus équitable ».

« Son engagement dans le processus de paix (d'Oslo) était significatif. En effet, il repoussait les personnes les plus hostiles envers Yasser Arafat (le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine) lors des négociations. Lorsque l'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a écrit un article dans lequel il accusait Arafat de l'échec des négociations de paix, Rob Malley a vigoureusement argumenté, dans un article, que Barak était dans l'erreur. Ce n'était pas une réplique courtoise, mais plutôt une réfutation ferme qui demandait beaucoup de courage ».

M. Malley est diplômé de l'université de Yale. Il a obtenu une bourse Rhodes en 1984 et un diplôme de droit de Harvard.

Son père, Simon, est issu de parents juifs syriens qui ont trouvé refuge en Égypte, où il est né et a travaillé comme journaliste. Sa mère, Barbara Silverstein, était membre de la délégation des Nations unies auprès du Front de libération nationale algérien. Simon Malley a ensuite quitté l'Égypte pour la France, où il a fondé un magazine de gauche avant d'être expulsé pour avoir critiqué le colonialisme occidental et la politique d’Israël.

 

Ce texte est un article paru sur Arabnews.com.