PARIS: Le Premier ministre français Jean Castex a annoncé vendredi de nouvelles restrictions face à l'épidémie de la Covid, dont la fermeture des frontières aux pays hors UE, mais a renvoyé toute décision radicale aux «prochains jours», jugés «déterminants».
Lors d'une prise de parole inattendue à l'issue d'un Conseil de défense autour d'Emmanuel Macron, le chef du gouvernement a souligné depuis l'Elysée que «la question d'un confinement se pose légitimement». Mais, a-t-il ajouté, «nous en connaissons l'impact très lourd sur tous les plans».
Pas de troisième confinement dans l'immédiat donc. Mais une série de restrictions, qualifiée de «dernière cartouche» par une source gouvernementale, et aussitôt jugées trop faibles par certains élus de l'opposition.
Opposants insatisfaits
La majorité des opposants de droite comme de gauche a jugé sévèrement les nouvelles restrictions détaillées par Jean Castex vendredi soir, pour freiner la propagation de la Covid-19 mais éviter un reconfinement, jugeant ces «annonces mineures» et insuffisantes pour «reprendre contrôle sur l «épidémie». «Tout ça pour ça», ont déploré à l'unisson le chef de file des députés LR, Damien Abad et le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
Première mesure mise en avant par le Premier ministre: à partir de dimanche 00h00, la France va fermer ses frontières aux pays extérieurs à l'Union européenne, «sauf motif impérieux». L'extrême-droite, à l'image de Marine Le Pen, s'est félicitée avec ironie d'une décision qui n'a que trop tardé selon elle, tout en déplorant «le temps perdu». «Quand va-t-on enfin planifier des alternatives au confinement ? Quand va-t-on avoir des vaccins à produire sous licence libre?» interroge M. Mélenchon. «La France ne risque pas de reprendre contrôle sur l’épidémie et rassurer les Français avec ces mesures. Rien sur la campagne de vaccination et pas de sortie du tunnel en vue!», a de son côté dénoncé l'élu communiste.
Sur le front de la propagation de l'épidémie, Jean Castex a ainsi rappelé que si la situation est «préoccupante», elle «reste mieux maitrisée en France que chez beaucoup de nos voisins». 23 000 nouvelles contaminations sur 24 heures ont été enregistrées vendredi, alors que la crainte porte d'abord sur une explosion des cas provoqués par les variants britannique et sud-africain qui représenteraient désormais un dixième des cas en France.
Alors que les débits de boisson, restaurants, lieux culturels et universités sont fermés depuis la fin octobre, les voix politiques et scientifiques se sont multipliées ces derniers jours pour redemander aux commerces de baisser le rideau, voire fermer les écoles, comme au premier confinement au printemps dernier.
L'exécutif, qui a beaucoup regardé jeudi et vendredi, a d'abord cherché un compromis entre les restrictions et le maintien d'une vie économique et sociale, sur fond de ras-le-bol de la population. «Le moral des gens et l'impact économique» ont «vraiment compté» dans la prise de décision, a souligné un conseiller vendredi soir.
La situation est cependant toujours particulièrement difficile dans certaines régions, comme en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, où six transferts de malades ont eu lieu cette semaine vers d'autres territoires, notamment en Bretagne et en Occitanie, pour soulager les hôpitaux.
petits commerces épargnés
Pas de rideau baissé généralisé: les petits commerçants ont exprimé leur soulagement vendredi soir après l'annonce de Jean Castex d'une fermeture, dès dimanche, des seuls magasins non alimentaires situés dans les grands centres commerciaux. Les centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20 000 m2, «c'est-à-dire ceux qui favorisent le plus de brassage», seront fermés dès ce dimanche. Et, à partir de lundi, les jauges de fréquentation seront renforcées dans toutes les grandes surfaces.
Le Premier ministre a par ailleurs annoncé un renforcement des contrôles du couvre-feu de 18H00, des fêtes clandestines et de l'ouverture illégale des restaurants, afin que «les dérives de quelques-uns ne (...) ruinent pas les efforts de tous». Si l'exécutif s'est arrêté à ces mesures, malgré les appels pressants à reconfiner issus notamment du monde médical, c'est parce que les indicateurs épidémiques sont certes «pas bons». «Mais on ne voit pas l'amorce des prédictions de certains scientifiques», selon une source gouvernementale.
Moins de vaccinés
Comme les autres pays européens, la France doit aussi faire face à une baisse des livraisons espérées de vaccins, aussi bien de la part de Pfizer / BioNTech que de Moderna ou d'AstraZeneca.
Résultat, le gouvernement prévoit qu'en février seulement un million de personnes recevront la première des deux injections nécessaires, après plus d'1,4 million en janvier. Cette prévision est très inférieure au chiffre de 4 millions de personnes vaccinées fin février, récemment évoqué par le ministre de la Santé.
Alors que la vaccination est ouverte notamment dans les Ehpad, pour les professionnels de santé de plus de 50 ans ou fragiles, et à cinq millions de plus de 75 ans, plusieurs régions ont dû reporter des milliers de rendez-vous pour une première injection, à cause de baisses d'approvisionnement.
La suite de la campagne va aussi dépendre des détails de l'autorisation de mise sur le marché du vaccin AstraZeneca, qui a plus facilement conservé et transporté que ceux de Pfizer et Moderna, mais dont l'efficacité sur les personnes âgées a été mise en cause, notamment par la commission de vaccination allemande, qui l'a déconseillé pour les plus de 65 ans.