La France durcit les mesures, se dirige vers un troisième confinement

L'exécutif cherche un «point d'équilibre», avec la nécessité de «protéger les Français» sans toutefois «mettre le pays sous cloche» (Photo, AFP).
L'exécutif cherche un «point d'équilibre», avec la nécessité de «protéger les Français» sans toutefois «mettre le pays sous cloche» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 janvier 2021

La France durcit les mesures, se dirige vers un troisième confinement

  • Emmanuel Macron pourrait annoncer ce week-end ou lundi ces mesures, qui feront l'objet d'un débat et d'un vote symbolique au Parlement
  • L'exécutif cherche un «point d'équilibre», avec la nécessité de «protéger les Français» sans toutefois «mettre le pays sous cloche»

PARIS: Le gouvernement prépare les esprits à de nouvelles restrictions sanitaires, dont un possible troisième confinement, après avoir acté que le couvre-feu à 18h ne suffisait pas face aux variants plus contagieux du virus Covid-19.

Emmanuel Macron pourrait annoncer ce week-end ou lundi ces mesures, qui feront l'objet d'un débat et d'un vote symbolique au Parlement la semaine prochaine, a-t-on appris de plusieurs responsables politiques ayant participé jeudi à des réunions avec le Premier ministre Jean Castex.

Une succession de concertations menées à Matignon par Jean Castex ont fait émerger «un consensus autour de la fragilité de la situation épidémique, et un second consensus qui découle directement du premier, (...) la nécessité de prendre des mesures supplémentaires pour freiner la circulation du virus dans les prochains jours», a rapporté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue des réunions.

L'hypothèse d'un troisième confinement a constamment plané sur les échanges.

«Sincèrement rien n'est décidé. Il y a un porté à samedi pour faire un point sur les effets du couvre-feu», a indiqué une source gouvernementale.

«Il est évidemment possible de réfléchir à allonger les vacances d'un côté ou de l'autre. Mais notre objectif est que les enfants puissent continuer à apprendre», a confirmé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, alors que le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer milite plutôt pour «préserver les calendriers autant qu'on peut».

Les variants du virus, qui se sont diffusés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud et qui représenteraient désormais un dixième des cas en France (2 000 par jour), «sont susceptibles d'entraîner une vague épidémique très forte, plus forte encore que les précédentes compte-tenu de (leur) forte contagiosité», a mis en garde le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'un point presse jeudi après-midi.

 

Covid-19 et choix «générationnels»

Pour le président du conseil scientifique, qui émet des recommandations au gouvernement sur l'épidémie de coronavirus, «nous sommes véritablement» face «à une question quasi éthique de politique générationnelle, entre continuer à préserver la santé des plus anciens, mais peut-être au détriment de la santé des plus jeunes».

«En ce moment, les services de réanimation ne sont pas pleins: on voit bien la tension qu'il peut y avoir entre une vision sanitaire pour éviter un drame en mars, et faire attention à la santé mentale des plus jeunes et à l ' acceptabilité dans la population », a insisté le médecin.
L'enjeu, pour les autorités, est de «construire un équilibre».

Interrogé sur les écoles, le Pr Delfraissy a dit «rester pour l'instant sur sa position» de ne pas les fermer, car les enfants ne sont pas «un facteur de transmission particulièrement impliqué» dans la propagation des nouvelles variantes du virus.

L'efficacité «s'estompe» 

Dans l'immédiat, «nous ne sommes pas à proprement parler dans une vague épidémique (...) mais le virus circule à un niveau élevé», «il diffuse plus vite chaque semaine» et l'efficacité du couvre-feu à 18h «s'estompe», a ajouté le ministre.

Selon les données de Santé publique France, un peu plus de 141 000 personnes ont été testées positives la semaine dernière, soit une moyenne de 20 100 par jour, contre 128 000 la semaine précédente, soit une moyenne de 18 300.

Des discussions sont également en cours sur un éventuel durcissement du protocole sanitaire dans les commerces, notamment les grandes surfaces alimentaires, a indiqué le président de l'enseigne Système U, Dominique Schelcher.

Alors qu'un nouveau confinement était présenté en fin de semaine dernière comme nécessaire par le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, le gouvernement a temporisé, disant vouloir attendre les résultats du couvre-feu à 18h avec deux semaines de recul (c'est à dire ce week-end), et de nouvelles données sur la propagation des variants anglais et sud-africain plus contagieux.

L'exécutif cherche un «point d'équilibre», avec la nécessité de «protéger les Français» sans toutefois «mettre le pays sous cloche», a expliqué le patron des députés LREM Christophe Castaner. Le tout sur fond d'interrogations sur un ras-le-bol de la population face aux restrictions sanitaires, alors que les cafés, restaurants et lieux culturels n'ont jamais rouvert depuis leur fermeture fin octobre.

Chaque jour apparaissent de nouveaux indicateurs de dégradation économique: ainsi, la construction de logements a baissé de 6,9% en 2020 et la tendance s'annonce encore pire pour les mois à venir, selon des chiffres officiels de jeudi du gouvernement. La veille, les chiffres de l'emploi ont montré que le nombre de chômeurs a augmenté de 7,5% en 2020 par rapport à l'année précédente.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.