Il a été rapporté cette semaine qu'Israël s'est opposé à la nomination de l'ancien ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, au poste de coordinateur spécial des Nations Unies pour le Moyen-Orient. Cette objection est motivée par deux raisons. La première est sa proximité avec le secrétaire général Antonio Guterres, que Tel-Aviv considère comme anti-israélien, et la seconde est qu'il préconise une solution à deux États.
Depuis des décennies, Israël affirme qu'il recherche une solution à deux États, mais il a toujours trouvé des raisons de ne pas le faire. Aujourd'hui, Israël révèle sa véritable intention. Il n'a jamais voulu d'une solution à deux États. Il veut maintenir le statu quo pour toujours. En attendant, il poursuit son accaparement des terres. Maintenant qu'il a fait connaître ses véritables intentions, il est temps de faire pression en faveur d'une solution à un seul État.
La question de la Palestine perdure depuis 80 ans. Le peuple palestinien a subi plusieurs vagues de nettoyage ethnique. Il est évident que les méthodes utilisées précédemment pour garantir la liberté et la dignité des Palestiniens doivent être révisées. Depuis les années 1980, plusieurs tentatives ont été faites pour leur donner un État, notamment l'initiative de Fez de 1981, la conférence de Madrid, les accords d'Oslo, l'initiative de paix arabe et la conférence d'Annapolis de 2007.
Israël a refusé toutes les solutions proposées, tout en accusant les Arabes et les Palestiniens d'être des opposants. Aujourd'hui, il dit carrément qu'il ne veut pas d'une solution à deux États. Il est temps d'avoir le courage de prendre les Israéliens à leur propre jeu. Il est temps d'imposer une solution à long terme qui apportera dignité et liberté à tous, du fleuve à la mer.
Israël révèle ses véritables intentions. Il n'a jamais voulu d'une solution à deux États. Il veut maintenir le statu quo pour toujours
- Dania Koleilat Khatib
La dernière offre était le soi-disant accord du siècle présenté par Donald Trump en 2020. Il s'agissait d'un projet sans issue. Israël n'aurait pas eu à démanteler de colonies, l'État palestinien proposé n'aurait eu aucune souveraineté et Israël aurait conservé 30 % de la Cisjordanie.
Aujourd'hui, un État palestinien est impossible à réaliser, étant donné que les colonies sont disséminées dans toute la Cisjordanie. Un État palestinien signifierait un ensemble de bantoustans à l'intérieur de la Cisjordanie. Il ne s'agirait pas d'un État viable offrant la dignité à ses citoyens.
La solution d'un seul État est plus réalisable que celle de deux États. Israël a créé une nouvelle réalité sur le terrain où une solution à deux États est impossible. Cependant, le statu quo est également impossible à maintenir, surtout après la guerre d'Israël contre Gaza, qui équivaut à un génocide. L'objectif d'Israël est bien sûr de se débarrasser des Palestiniens. Plusieurs responsables ont parlé d'encourager la migration "volontaire". Il s'agit de rendre la vie des Palestiniens si insupportable qu'ils choisissent de quitter leur terre.
Il s'agit là d'une ligne rouge. À notre époque, les transferts de population dont rêvent les dirigeants israéliens ne devraient pas être autorisés. Toutefois, une alternative doit être proposée à Israël. La solution consiste à former un seul État, ce qui permettrait la libre circulation des biens et des personnes en provenance de Palestine et leur donnerait une représentation politique.
Pour l'administration Trump, cela permettrait de satisfaire les évangéliques américains, qui constituent la base principale du président élu. Pour des raisons idéologiques, les évangélistes veulent qu'Israël ait la pleine souveraineté sur l'ensemble de la Palestine historique.
En contrepartie, les Palestiniens deviendraient citoyens d'Israël et jouiraient des mêmes droits que les Israéliens. Le nom du nouvel État pourra être convenu ultérieurement.
La solution d'un seul État permettrait aux Palestiniens de jouir de leurs droits et d'avoir une représentation politique au sein de l'État d'Israël.
- Dania Koleilat Khatib
L'annexion complète permettrait à l'administration Trump de coopter l'extrême gauche. L'extrême gauche ne parle pas d'une solution à deux États. Elle parle de la décolonisation de la Palestine et de l'égalité des droits entre les peuples, de la rivière à la mer. L'administration Trump est confrontée à une bataille massive avec ceux de la gauche sur l'immigration. Les apaiser sur la question de la Palestine pourrait être une option attrayante.
Les Palestiniens sont aujourd'hui sous le joug militaire israélien et n'ont aucun droit. Ils sont occupés par Israël, tandis que les Israéliens vivent sous un régime civil. Une solution à un seul État permettrait aux Palestiniens de jouir de leurs droits et d'avoir une représentation politique au sein de l'État d'Israël, à l'instar des deux millions de Palestiniens qui ont déjà la citoyenneté israélienne.
Les Israéliens s'opposent depuis longtemps à la création d'un État palestinien en raison du risque potentiel qu'il représenterait pour la sécurité. Dans l'esprit des Israéliens, s'ils vivaient seuls, les Palestiniens organiseraient des attaques violentes contre Israël. D'où leur complexe sécuritaire. Cependant, lorsque l'État deviendra également le leur, il n'y aura aucune raison de le combattre.
Israël pourrait très bien rejeter cette solution de la même manière qu'il a rejeté les initiatives précédentes. Cette solution leur apporterait la sécurité, mais elle diluerait également la soi-disant judéité de l'État. Les chauvins d'Israël ne voudraient pas voir un jour un premier ministre palestinien en Israël.
Cependant, il faut faire pression sur Israël pour qu'il fasse un choix. À cet égard, il convient de lui proposer une alternative. La solution d'un seul État est une alternative viable à la solution de deux États. Cinq millions de Palestiniens ne peuvent rester apatrides. Les Israéliens doivent comprendre que soit ils donnent aux Palestiniens un État viable qui leur est propre, soit ils les intègrent dans leur État. Si les Israéliens refusent, ils montreront au monde entier que ce sont eux qui refusent.
Dania Koleilat Khatib est une spécialiste des relations américano-arabes et plus particulièrement du lobbying. Elle est cofondatrice du Centre de recherche pour la coopération et la construction de la paix, une organisation non gouvernementale libanaise axée sur la voie II.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com