Si les médias proches du Hezbollah, milice pro-iranienne, n’ont cessé d'en faire l'éloge, la réalité est que la décision de déclencher une vague d'escarmouches à la frontière sud du Liban avec Israël, qui se sont ensuite transformées en une guerre d’usure, n'a pas eu en 100 jours le moindre poids sur le cours de la guerre acharnée dans la bande de Gaza.
En effet, le slogan de soutien à Gaza, brandi par l'axe de la « résistance », n'a pas dévié la campagne militaire de son cours : la guérilla menée par les factions proches de l’Iran dans la région a eu un effet contraire. Résultat : quiconque examine les chiffres des moteurs de recherche sur Internet découvrira facilement que l'intérêt international et arabe pour la guerre à Gaza a diminué après décembre dernier, pour plusieurs raisons dont l’une serait que la guerre a duré trop longtemps et que sa nature a changé.
Au cours des dernières semaines de l'année dernière, la violence des bombardements aériens israéliens dévastateurs a relativement baissé. Elle a laissé place à une guerre urbaine qui fait rage dans les rues des secteurs du centre et du sud.
Massacres
Le flot d’images de massacres commis par Israël contre des civils à Gaza a également diminué. On voit de moins en moins de bombardements dévastateurs, notamment contre les zones résidentielles, les écoles et les hôpitaux.
Sur un autre plan aussi important, on signale l’intensification des escarmouches à la frontière libano-israélienne, ainsi que la multiplication des attaques menées par les factions pro-iraniennes en Irak et dans l’est de la Syrie contre la présence militaire américaine.
Plus important encore, les attaques du groupe Houthi sur le détroit de Bab al-Mandab et dans la mer Rouge ont attiré l’essentiel de l’attention internationale, tout en détournant le gros de l’attention portée à ce qui se passe à Gaza.
La flambée des escarmouches depuis le Liban a malheureusement été un cadeau dont les Israéliens ne pouvaient rêver, ceci en termes de détournement de l’attention de la guerre existentielle qu’ils mènent dans la bande de Gaza. C’est vers les attaques verbales et menaçantes envers Israël que se sont tournées les grandes chancelleries. La tension accrue avec le Hezbollah est devenue un événement central ; tout cela au lieu de se concentrer sur les horreurs qui se déroulent à Gaza. Pour rappel, les opérations militaires terrestres israéliennes à Gaza se sont poursuivies sans relâche.
Après le contrôle presque complet, à quelques exceptions près, du Nord de la bande, ainsi que de la ville de Gaza, l’ensemble des grandes batailles s'est déplacé vers la région centrale avec ses quatre camps de réfugiés, cela en parallèle avec la bataille de la ville-clef de Khan Yunus, qualifiée de bataille décisive, car elle abrite la force stratégique du mouvement Hamas et des autres factions.
En outre, les estimations sécuritaires indiquent que les otages israéliens et étrangers toujours en vie sont répartis entre Khan Yunus et Rafah à l'extrême sud, à la frontière avec l'Égypte.
Quant au front libanais, disons-le franchement, tous les slogans brandis n'ont jamais profité à la bande de Gaza. Bien au contraire, cela a transformé la guerre destructrice, pour laquelle le monde entier sympathisait avec les habitants de Gaza, en une guerre entre Israël et l’Amérique d’une part, et d’autre part l’Iran et ses factions dans la région. Mais une différence fondamentale s’impose, c’est que le monde ne sympathise pas avec l’Iran, ni avec les factions irakiennes dont la plupart ont un passé noir.
Naturellement, le monde ne sympathise pas avec le Hezbollah au Liban et ne le considère pas comme une résistance légitime. Quant aux Houthis du Yémen, l’Iran les a poussés à perturber la navigation internationale dans la mer Rouge et à Bab al-Mandab sous prétexte de soutenir Gaza en faisant pression sur la communauté internationale pour qu’elle oblige Israël à arrêter la guerre.
Finalement, la guerre continue, les Houthis commencent à accuser des coups douloureux de la part d’une coalition internationale formée afin de garantir la liberté de navigation dans la région. Le Hezbollah continue de se battre à la frontière libanaise avec Israël et de donner à ce dernier le temps nécessaire pour finir son travail à Gaza.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. Twitter: @AliNahar
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.