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L’Arabie saoudite poursuit son initiative Vision 2030, en mettant l’accent sur la qualité de vie, la diversification de l’économie et la fin de sa dépendance au pétrole. Un aspect de cette diversification réside dans les investissements dans le secteur du sport en général et du football en particulier. Les matchs de la Saudi Pro League (SPL) sont désormais diffusés dans le monde entier. Toutefois, la chaîne qui a suscité le débat sur les réseaux sociaux est liée à la Radio-télévision de la République islamique d’Iran.
Le Royaume a approuvé la diffusion des matchs de la SPL sur les chaînes de télévision iraniennes. Le match qui a opposé Al-Hilal à Al-Ittihad ce mois-ci était le premier match de la Pro League saoudienne à être diffusé en Iran. Les Iraniens ont fait des commentaires approbateurs à la suite de cet événement historique. Ce match était non seulement le premier à être retransmis en direct à la télévision iranienne, mais il a également permis d’établir des comparaisons entre les ligues de football saoudienne et iranienne.
De nombreux Iraniens passionnés de football ont été émerveillés par la qualité du terrain, les caméras 4K et les footballeurs de premier plan. En outre, ils ont apprécié l’enthousiasme qui régnait dans le stade ainsi que la qualité du jeu. La ligue de football iranienne est à la traîne par rapport à de nombreuses autres ligues de la région et, lorsqu’on la compare à la SPL, c’est le jour et la nuit, tant il y a un fossé entre les deux ligues.
La ligue saoudienne figure en tête de liste et elle attire des joueurs de premier plan. Nombre d’entre eux sont dans la force de l’âge et ont quitté les ligues de football occidentales pour rejoindre la SPL, ce qui ajoute à la qualité du championnat et de ses matchs. Ces joueurs ont emménagé en Arabie saoudite pour vivre une nouvelle expérience et aider au développement de la SPL, afin qu’elle devienne l’une des meilleures au monde.
Neymar, le célèbre footballeur brésilien, a quitté le Paris Saint-Germain pour Al-Hilal cet été et il a déclaré qu'il ne serait pas surpris que la ligue saoudienne puisse être meilleure que la ligue française, compte tenu de la qualité des joueurs qui ont été recrutés. La SPL va se renforcer et les ligues occidentales se préparent à faire leurs adieux à davantage de joueurs de haut niveau dès l’ouverture du prochain mercato en janvier.
«Les réactions déclenchées par la diffusion du match de la Saudi Pro League à la télévision iranienne vont au-delà du match de football lui-même.»
Dr Mohammed al-Sulami
Si Mohammed Salah, le célèbre joueur de Liverpool et de l’équipe nationale égyptienne, rejoignait la SPL, ce serait une énorme victoire pour la ligue, eu égard à la qualité de son jeu et de son statut dans les mondes arabe et musulman. Une offre considérable n’a pas réussi à l’attirer cet été, mais cela pourrait changer lors du prochain mercato.
On s’attend à ce que les clubs saoudiens deviennent bien meilleurs et plus compétitifs, ce qui permettrait à l’un d’entre eux de potentiellement remporter la Ligue des champions d’Asie. De plus, l’équipe nationale saoudienne, qui a réalisé des performances héroïques lors de la dernière Coupe du monde au Qatar, a engagé le célèbre entraîneur italien Roberto Mancini et il est probable qu’il renforcera l’équipe nationale en la préparant au mieux pour les prochains tournois régionaux et internationaux.
Les réactions déclenchées par la diffusion du match de la SPL à la télévision iranienne vont au-delà du match de football lui-même. Les Iraniens ont abordé ce match comme un événement politique. Ceux qui ont écrit des commentaires sur les réseaux sociaux ont pour la plupart exprimé leur surprise quant au progrès de la SPL par rapport à leur ligue médiocre, mais d’autres ont également tenté de véhiculer des messages politiques. Un Iranien écrit: «Dans le passé, ils ont escaladé les murs de l’ambassade saoudienne. Désormais, ils font la queue pour regarder les matchs du championnat saoudien.»
Certains Iraniens ont raillé la faiblesse de la ligue iranienne, faisant allusion à la piètre qualité de ses infrastructures, de ses stades et de ses terrains, au niveau médiocre de ses joueurs et au peu d’investissement dans le football. Ils affirment même que la diffusion des matchs de la SPL est un moyen pour le régime iranien de distraire la population – une nouvelle technique d’évasion –, face aux graves problèmes socio-économiques auxquels le pays est confronté.
Cette astuce consistant à distraire le peuple iranien n’est pas nouvelle. Le régime iranien a appris à bien la maîtriser au fil des décennies, mais il s’en prend généralement à l’Arabie saoudite, attise les tensions dans les eaux du Golfe, lance des propos enflammés contre les États-Unis ou pousse ses mandataires à lancer des attaques dans ses sphères d’influence. Mais dans la mesure où le peuple iranien est habitué à ces stratagèmes et n’est plus aussi crédule, le régime a eu recours à une nouvelle carte: la diffusion des matchs de football de la SPL pour apaiser le peuple iranien, une préoccupation majeure, étant donné que le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini approche à grands pas.
«Cette fois, le soft power saoudien ne s’est pas heurté à des obstacles pour corriger les mensonges et les stéréotypes sur le Royaume.»
Dr Mohammed al-Sulami
L’enthousiasme avec lequel les Iraniens ont accueilli le match a incité ceux qui n’ont pas pu le regarder en direct à visionner les moments forts. Amir Mir écrit sur les réseaux sociaux: «Si vous allumez la télévision et regardez les matchs de la ligue saoudienne sur la chaîne sportive, c’est normal. Mais si vous n’avez pas pu regarder le match en entier et que vous visionnez un résumé, avec le même enthousiasme, cela signifie que l’Arabie saoudite a fait ce qu’elle devait faire. C’est triste pour nous.»
L’intransigeant chroniqueur Vahid Haji écrit: «Des gens comme Hossein Taheri et Thabeti, qui se sont moqués de l’Arabie saoudite ces derniers mois, sont occupés ce soir à regarder le match qui oppose Al-Hilal à Al-Ittihad, dans le cadre de la ligue saoudienne, à la télévision iranienne.» Il ajoute: «Nous étions supposés mettre une croix sur le drapeau vert de l’Arabie saoudite. Mais le plan a désormais changé et le drapeau saoudien flotte sur les chaînes iraniennes.»
Pour sa part, le journal Farheekhtegan soutient que l’amélioration des liens entre l’Iran et l’Arabie saoudite avait joué un rôle dans la décision de Riyad de diffuser les matchs de la SPL en Iran, sans parler de l’importance de la ligue en soi. Le quotidien a réitéré que la diffusion des matchs de la Pro League sur les chaînes de télévision et de radio nationales iraniennes était une bonne chose pour ces médias, car ils ne jouissent pas d’une grande popularité et cherchent des moyens d’attirer les téléspectateurs et les auditeurs sans avoir besoin d’investir. Ces matchs permettent aux chaînes d’attirer les Iraniens grâce à la diffusion d’un football passionnant et de qualité.
Le chroniqueur Amjad Tarik écrit dans Asr-e Iran: «Pour la première fois, la télévision d’État iranienne a retransmis en direct les matchs de football de la ligue saoudienne. Et cela va continuer. La ligue saoudienne, du fait de la présence de footballeurs de haut niveau et de la mise à disposition de ressources massives, ne peut être ignorée. La diffusion des matchs du championnat saoudien à la télévision iranienne montre à quel point les deux parties prennent au sérieux la reprise des relations diplomatiques.»
Pour conclure, l’Arabie saoudite continue de donner un exemple de bonne gouvernance dans le cadre de l’initiative Vision 2030. L’impact de ce modèle s’est étendu à plusieurs pays de la région, y compris ceux dont les relations avec l’Arabie saoudite sont tendues. Cependant, cette fois, le soft power saoudien ne s’est pas heurté à des obstacles pour corriger les mensonges et les stéréotypes sur le Royaume. Il semble que l'influence saoudienne soit si importante que le régime iranien n'a pas été en mesure de la contrer. Les prochaines initiatives saoudiennes risquent de surprendre encore davantage le peuple iranien.
Le Dr Mohammed al-Sulami est le fondateur et le président de l’Institut international d’études iraniennes (Rasanah).
Twitter: @mohalsulami
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
