La Cop28 à Dubaï: Un espoir pour la planète

Sultan al-Jaber, président de la Cop28 qui aura lieu cette année (Photo, AFP).
Sultan al-Jaber, président de la Cop28 qui aura lieu cette année (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 juin 2023

La Cop28 à Dubaï: Un espoir pour la planète

La Cop28 à Dubaï: Un espoir pour la planète
  • Sécheresses, inondations et vagues de chaleur ont affecté des populations sur tous les continents et coûté des milliards de dollars américains
  • Nous ne pouvons pas aborder la question de la survie de l'humanité indépendamment de celle de l'eau

Du jeudi 30 novembre au mardi 12 décembre 2023 se tiendra à Dubaï la Cop28, un événement majeur réunissant les représentants de 198 pays ainsi que de l’UE avec l'objectif commun d'accélérer la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique en relevant de manière ambitieuse les objectifs fixés par l'Accord de Paris en 2015.

Des sommets des montagnes aux profondeurs des océans, le changement climatique a inexorablement poursuivi sa progression en 2022.

La question environnementale devient une préoccupation mondiale et surtout anxiogène car il y va de la survie de l'humanité.

La banquise de l'Antarctique a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré et la fonte de certains glaciers européens a littéralement dépassé des records.

Sécheresses, inondations et vagues de chaleur ont affecté des populations sur tous les continents et coûté des milliards de dollars américains (1 dollar = 0,92 euro).

En mars 2023, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a publié un rapport alarmant car très détaillé: une catastrophe par jour d'origine météorologique, climatique ou hydrologique a été enregistrée en moyenne au cours des cinquante dernières années, entraînant quotidiennement la mort de 115 personnes et des dégâts s'élevant à 202 millions de dollars américains.

Selon l'Atlas of Mortality and Economic Losses from Extreme Weather, Climate and Water Events (1970-2019) de l'OMM, plus de 11 000 catastrophes attribuées à ces phénomènes ont été signalées au cours de ces cinq décennies dans le monde entier, causant un peu plus de 2 millions de morts et des dégâts matériels s'élevant à 3 640 milliards de dollars américains.

En 2017, les États-Unis ont connu trois catastrophes naturelles qui, à elles seules, représentent 35% de l'ensemble des pertes économiques imputables aux dix pires catastrophes survenues dans le monde entre 1970 et 2019.

Nous ne pouvons pas aborder la question de la survie de l'humanité indépendamment de celle de l'eau.

La consommation d'eau devrait encore augmenter et la moitié de la planète manque déjà d'eau potable. Aujourd'hui, quelque 900 millions de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, 2,5 milliards ont peu d'accès à l'assainissement et 1,2 milliard n'ont pas accès à l'assainissement de l'eau.

Malheureusement, le problème de la pénurie d'eau n'est pas lié au seul réchauffement climatique. Les conflits, notamment en Syrie, au Yémen et au Soudan, sont d'autres facteurs qui y contribuent. La catastrophe humanitaire et environnementale causée récemment par la destruction, dans la nuit du 5 au 6 juin, du barrage de Kakhovka dans la région de Kherson en est une triste illustration.

Parmi les autres facteurs figurent la migration des populations vers les zones urbaines, la croissance démographique, la mauvaise gestion de l'eau, la détérioration des infrastructures hydrauliques et l'agriculture très intensive.

Ce cycle dysfonctionnel de l'eau fait déjà des ravages. Sur tous les continents, des familles, des exploitations agricoles, des usines et des entreprises sont touchées. Chaque année, des millions de personnes sont déplacées.

La rareté de l'eau est également une cause de l'augmentation de la délinquance.

 En effet, sa rareté, qui lui a valu le nom d’«or bleu», a commencé à générer les premiers délits de détournement frauduleux du bien d'autrui en Europe.

Le 8 mai, en Andalousie, 26 personnes ont été arrêtées pour avoir volé de l'eau destinée à l'irrigation d'avocatiers et de manguiers. Plus précisément, près de 26 millions de mètres cubes d'eau ont été dérobés dans quelque 250 puits illégaux de l'Axarquia, une région agricole du sud de l'Espagne où le niveau des réserves est déjà préoccupant à la veille de l'été.

Enfin, quand l'eau n'est pas rare... elle est polluée! La pollution des ressources en eau se caractérise par la présence de micro-organismes, de substances chimiques ou encore de déchets industriels. Elle peut toucher les rivières, les nappes phréatiques, les eaux saumâtres mais aussi les eaux de pluie, la rosée, la neige et les glaces polaires.

C'est dans ce contexte de tension climatique et d'urgence environnementale que se tient la 28e Conférence mondiale des Nations unies sur le climat, dont dépend l'avenir de notre planète.

Nous avons tous en tête le douloureux souvenir d'Alok Sharma, président de la Cop26 à Glasgow, en larmes après deux semaines de négociations qui n'ont abouti qu'à un rapport désastreux, faisant de cette réunion un échec retentissant.

La préparation de cette Cop est le moment d'orienter une réflexion sur les objectifs ambitieux de l'Accord de Paris et de faire le point sur le soutien apporté par les pays riches aux pays en développement.

En effet, après sept Cop depuis l'Accord de Paris (COP21) et sept ans avant 2030, le temps du bilan mondial (Global Stoketake) est venu.

En d'autres termes, il convient de répondre aux trois questions suivantes:

- Où en sommes-nous?

- Où voulons-nous aller?

- Comment y parvenir?

La Cop28 à Dubaï a l'intention d'établir le premier bilan mondial (Global Review of Binding Commitments of the Paris Agreement - 2015).

Aperçu historique et institutionnel

Rappelons que la première conférence mondiale sur le climat remonte à 1979 à Genève (Suisse).

C'est neuf ans plus tard que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été créé par l'OMM et le PNUE pour réaliser, à intervalles réguliers, une évaluation de l'état des connaissances sur les changements climatiques.

Son premier rapport en 1990 reconnaît la responsabilité humaine dans le changement climatique et c'est dans ce contexte que le rapport servira de support à l'élaboration de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette dernière est adoptée par 198 parties signataires (197 États et l'Union européenne).

C'est en 2015, à l'occasion de la Cop21 à Paris, qu'un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique a été consacré: le fameux Accord de Paris.

Dans son préambule, les Parties sont:

«Conscientes que le changement climatique est un sujet de préoccupation pour l'humanité dans son ensemble et que, lorsqu'elles prennent des mesures en réponse à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en compte leurs obligations respectives en matière de droits de l'homme.»

Et reconnaissent la nécessité de:

«Contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et poursuivre l'action visant à limiter l'élévation de la température de la planète à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets du changement climatique...»

Enfin, l'Accord de Paris met en avant un principe:

«Le présent Accord est appliqué conformément à l'équité et au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, compte tenu des situations nationales distinctes.»

Une conférence sur le climat qui divise et une présidence émiratie contestée!

Quelles sont les priorités de la présidence émiratie pour la Cop28?

1. Rendre la conférence plus inclusive et accessible

2. Soutenir les solutions de limitation des émissions afin d'accroître les ambitions

3. Se concentrer sur les conditions de l'objectif mondial d'adaptation et améliorer son financement

4. Progresser dans la mise en œuvre du fonds pour les pertes et dommages créé lors de la Cop27

5. Assurer un accès plus équitable au financement climatique

Le 23 mai, dans une lettre adressée au président des États-Unis d'Amérique, Joe Biden, à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, ainsi qu'au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, 130 élus du Congrès américain et membres élus du Parlement européen ont exigé le retrait de la nomination de Son Excellence le Dr. Sultan Ahmed al-Jaber, patron de l'industrie pétrolière, à la présidence de la prochaine Cop28.

La cible de ces élus européens et américains qui interpellent les grands décideurs mais aussi le monde des défenseurs de l'environnement est Sultan al-Jaber, ministre émirati de l'Industrie mais surtout PDG de la compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi, Adnoc.

Les détracteurs de ce choix du lieu d'organisation de la Cop28 et de la nomination de Son Excellence le Dr Sultan Ahmed al-Jaber y voient une provocation dans la mesure où confier la présidence d'un tel événement à un représentant du lobby pétrolier, l'un des secteurs responsables de l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, serait un non-sens.

Ne faut-il pas, au contraire, y voir une évolution positive majeure?

Nathalie Goulet est une femme politique française. Sénatrice de l'Orne depuis 2007, elle est membre du groupe Union des démocrates et indépendants au Sénat.

Twitter: @senateur61

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com