Une Saoudienne dans l’espace? Bien plus qu’un symbole

Ali Al-Qarni et Rayyanah Barnawi, membres du premier programme national saoudien d'astronautes, feront partie de l'équipage de quatre personnes de la mission Axiom-2 qui décollera du Centre spatial Kennedy en Floride. (Photo fournie par Axiom)
Ali Al-Qarni et Rayyanah Barnawi, membres du premier programme national saoudien d'astronautes, feront partie de l'équipage de quatre personnes de la mission Axiom-2 qui décollera du Centre spatial Kennedy en Floride. (Photo fournie par Axiom)
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Publié le Vendredi 19 mai 2023

Une Saoudienne dans l’espace? Bien plus qu’un symbole

Une Saoudienne dans l’espace? Bien plus qu’un symbole
  • L’Arabie saoudite, dont on se souvient qu’elle avait envoyé le premier Arabe dans l’espace en 1985, n’est pas la seule parmi les pays arabes à développer cette activité
  • La Tunisie produit et envoie aussi des satellites et investit dans le secteur, créant une certaine émulation

Le 21 mai, la Saoudienne Rayyanah Barnawi doit accomplir une mission scientifique de courte durée à bord de la station spatiale internationale, accompagnée par Ali al-Qarni, pilote de chasse saoudien; Peggy Whitson, une ancienne astronaute de la Nasa qui s'est déjà rendue trois fois dans l'ISS; et de l’Américain John Shoffner qui sera le pilote.   

Il s’agit d’une mission scientifique portant notamment sur les cellules souches, mais c’est surtout le fait qu’une femme saoudienne soit en charge des expériences qui constitue un véritable symbole. On imagine sans mal que Rayyanah Barnawi, 33 ans, se prépare depuis plusieurs années à cette mission, montrant par là-même que le Royaume a anticipé cette féminisation et que cette dernière ne vient pas de nulle part. 

Cet événement qui illustre la stratégie de conquête spatiale saoudienne, relancée par le prince héritier, a déjà fait couler beaucoup d’encre. L’envoi d’astronautes n’est qu’une étape – sans doute la plus commentée – de cette stratégie, mais on oublie qu’il y a deux ans, l’Arabie saoudite a entièrement conçu et fabriqué un satellite, Shaheen Sat, qui fut lancé par un Soyouz.  

L’Arabie saoudite, dont on se souvient qu’elle avait envoyé le premier Arabe dans l’espace en 1985, n’est pas la seule parmi les pays arabes à développer cette activité. La Tunisie produit et envoie aussi des satellites et investit dans le secteur, créant une certaine émulation. Le Maroc et l’Égypte sont également actifs dans le domaine. 

Cet événement qui illustre la stratégie de conquête spatiale saoudienne, relancée par le prince héritier, a déjà fait couler beaucoup d’encre. L’envoi d’astronautes n’est qu’une étape – sans doute la plus commentée – de cette stratégie, mais on oublie qu’il y a deux ans, l’Arabie saoudite a entièrement conçu et fabriqué un satellite, Shaheen Sat, qui fut lancé par un Soyouz.  

Toutefois, l’autre acteur arabe majeur du spatial est le voisin émirien qui a, en 2021, envoyé une sonde en orbite autour de Mars et une autre autour de la Lune avec pour objectif d’y déposer un véhicule. Les Émirats arabes unis ont également envoyé un astronaute en mission en 2021 et ont annoncé la participation prochaine d’un Émirien à un nouveau vol habité. 

Le spatial est évidemment un marqueur de puissance pour les pays qui se lancent dans ce domaine et le fait de voir que les pays arabes y vont en ordre dispersé peut légitimement faire penser à un manque de coordination. Il semble toutefois que ce risque soit calculé et que les choses commencent à s’organiser doucement.  

Concernant les satellites de communication, la coordination est déjà en place depuis la création, dès 1976, de l’organisation arabe des satellites de communication Arabsat sous l’égide de la Ligue arabe. Plus récemment, un groupe de coopération spatiale visant à intégrer les capacités des différents pays membres de la Ligue arabe a été créé en mars 2019.  

Toutefois, la question du renforcement de la coordination spatiale interarabe demeure cruciale et représentera une véritable épreuve à l’avenir. Les succès de l’Agence européenne de l’espace ou de la Station spatiale internationale semblent indiquer la voie à suivre: l’avenir de l’espace pour le monde arabe passe par une coopération internationale autour de projets ambitieux qui impliquent tous les acteurs. C’est dans ce cadre que des institutions comme la Ligue arabe peuvent jouer un rôle essentiel. 

 

Arnaud Lacheret est docteur en sciences politiques, Associate Professor à Skema Business School et professeur à la French Arabian Business School. Twitter: @LacheretArnaud

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.