Dans le cadre de la préparation du sommet du G7 de cette semaine, un large éventail de questions, allant du changement climatique à l'économie mondiale, ont été abordées par les ministres occidentaux. Cependant, la question primordiale qui sera débattue à Hiroshima du 19 au 21 mai est le conflit en Ukraine et ses ramifications actuelles.
Près de 500 jours se sont écoulés depuis l'invasion russe et rien ne laisse présager une fin prochaine du conflit. C'est ce qu'a souligné mardi dernier le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en déclarant : "Je ne pense pas que des négociations de paix soient possibles : "Je ne pense pas que des négociations de paix soient possibles pour le moment. Je ne vois pas la Russie vouloir se retirer des territoires qu'elle occupe actuellement et je pense que l'Ukraine espère les reprendre".
L'issue du conflit reste donc très incertaine. Ce qui est beaucoup plus identifiable, c'est l'effet galvanisant qu'il a eu sur l'Occident, y compris le G7, au cours de l'année et demie écoulée.
Bien que Joe Biden soit encore largement critiqué, c'est sa présidence qui a contribué à reconstruire et à renouveler l'alliance transatlantique et l'alliance occidentale au sens large, et qui a également mis en lumière les domaines dans lesquels la coopération internationale est aujourd'hui la plus urgente.
La renaissance du G7 en tant que force politique et économique en a surpris plus d'un, surtout après les déboires de la présidence de Donald Trump et les premiers succès du G20 après la crise financière de 2007-2008.
En effet, pendant un certain temps, on a spéculé sur le fait que le G7 pourrait même cesser d'exister. Cela s'explique en partie par la part décroissance du poids économique du G7 à l'échelle internationale. Dans les années 1970, les membres du club occidental représentaient environ 80 % du produit intérieur brut mondial ; ce chiffre est aujourd'hui plus proche de 30 %.
En 2023, la réponse unifiée et inattendue de l'Occident à l'invasion de l'Ukraine par la Russie a redonné confiance au G7. Certes, cette confiance peut encore s'effriter, surtout si l'Ukraine présente des "obstacles sur la route".
L'un de ces obstacles pourrait être le retour de la hausse des prix de l'énergie. Mardi dernier, par exemple, Goldman Sachs a prédit que les prix du gaz tripleraient presque cet hiver en Europe. Les prix pourraient dépasser les 100 euros (108 dollars) par mégawattheure au cours du second semestre de cette année, contre 36 euros actuellement.
Toutefois, pour l'instant du moins, la tendance s'est inversée entre 2017 et 2021, lorsque l'incertitude quant à la pertinence de l’alliance occidentale (que certains analystes ont qualifiée de "Westlessness") dominait.
Il convient également de rappeler que si le G7 ne regroupe plus toutes les économies les plus dominantes du monde, comme c'était le cas dans les années 1970, il conserve une force économique significative et ses membres ont représenté près de 15 % de la croissance du PIB mondial au cours de la période 2012-2022.
Bien entendu, les questions clés concernant l'avenir de l'Occident sont antérieures au mandat de Trump en tant que président des États-Unis. En outre, Trump n'est pas le seul à avoir mis en évidence les problèmes des principales alliances occidentales, comme l'illustre le vote du Royaume-Uni en faveur du Brexit en 2016 pour quitter l'UE.
Ce qu'il faut maintenant, c'est un dialogue pluriannuel au cours duquel s’inscrivent des forums tels que l'OTAN et le G7.
Andrew Hammond
Pourtant, il ne fait aucun doute que la présidence de Trump a intensifié les inquiétudes concernant l'avenir de l'Occident, ce qui explique pourquoi les partenaires transatlantiques éprouvent depuis lors un tel sentiment d'urgence à élaborer une stratégie pour une nouvelle ère de concurrence entre grandes puissances qui se profile.
La renaissance de l'Occident en tant que première force politique et économique du monde est cependant loin d'être achevée, même aujourd'hui. Il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l'objectif de M. Biden, à savoir la réunification de la communauté occidentale face à ce qu'il perçoit comme des défis communs posés non seulement par la Russie, mais aussi par la Chine.
Pour cela, il faut que toutes les parties concernées, y compris l'UE, le Canada et le Japon, reconnaissent qu'il n'est peut-être pas possible de rétablir l'ancien ordre libéral exactement sous la même forme qu'auparavant. Aussi souhaitable que cela puisse être pour beaucoup, il est désormais clair qu'un retour à la mosaïque complète de l'ancien ordre international fondé sur des règles pourrait ne pas être réaliste, d'autant plus qu'une partie importante des populations des sociétés occidentales continue de soutenir des dirigeants populistes tels que Trump.
La fenêtre offerte par la présidence de Biden est donc le bon moment pour tenter d'aborder ces questions. C'est également le moment d'explorer ce à quoi devrait ressembler une nouvelle approche de la gouvernance mondiale menée par l'Occident.
Pour atteindre ces objectifs, il est indispensable de se concentrer sur les grandes questions stratégiques auxquelles l'Occident est confronté. Si l'Ukraine est actuellement en tête de cette liste, il y en a bien d'autres auxquelles il faudra s’atteler.
L'avenir du commerce international, plus d'un quart de siècle après la création de l'Organisation mondiale du commerce, en est un exemple. Ce système vacille et risque de s'effondrer sous la pression des récentes sanctions imposées dans le monde entier.
Pour répondre à cette question et à d'autres, il faut qu'une plus grande partie de l'Occident et de ses alliés conviennent qu'il existe une série de défis économiques, et pas seulement militaires, qu'il est préférable de relever ensemble. Ce qu'il faut maintenant, c'est un dialogue pluriannuel au cours duquel des forums tels que l'OTAN et le G7, aussi imparfaits soient-ils, s’inscrivent, étant donné qu'il s'agit d'organisations de démocraties puissantes, partageant les mêmes valeurs.
Certains sceptiques diront que rien d'important ne changera de sitôt. Mais ils sont peut-être trop pessimistes.
En cette période de crise géopolitique et économique consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, 2023 et 2024 pourraient bien s'avérer des années décisives pour jeter les bases d'un Occident renouvelé, un projet qui serait galvanisé si Joe Biden remportait un second mandat lors des élections de l'année prochaine.
Andrew Hammond est associé à LSE IDEAS à la London School of Economics.
Clause de non-responsabilité : les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com