Ce qui se passe au Soudan est triste à voir. Le sang coule, et les gens fuient ce pays agréable, connu pour ses habitants pacifiques, partisans de la bonté et de l'amour, où qu'ils se trouvent. Il est en effet regrettable de voir ces luttes intestines se dérouler entre les chers fils et frères du Soudan.
Bien que le Soudan ait connu de nombreux événements depuis son indépendance, et même avant son indépendance, les coups d'État, les mouvements militaires et les révolutions civiles n'ont jamais conduit à des combats sanglants entre les Soudanais eux-mêmes. Le sang soudanais a toujours été sacré, comme la fraternité entre les peuples d'un même pays. Nous avions l'habitude de voir les Soudanais accepter de se réunir et de mettre rapidement fin à leurs différends, avec une solution pacifique et rationnelle. Ils ont toujours eu recours à la sagesse et à la tolérance. Nous n'avons jamais entendu un responsable parler de manière indécente d'un adversaire.
Nous pouvons affirmer franchement, sans équivoque ni retenue politique ou diplomatique, que le Soudan, qui symbolise la relation afro-arabe ancrée entre les deux rives de la mer Rouge, est la cible de conflits et d'instabilité sans fin depuis de nombreuses décennies. Ainsi, une longue guerre qui a eu lieu dans le sud du pays s'est terminée par une sécession, une autre guerre a éclaté à l’ouest, et une troisième à l’est. En outre, le Soudan est longtemps resté une entité économiquement et politiquement vulnérable, loin d'un développement stable et durable.
Ce qui a contribué à cet état d'instabilité, de faiblesse et de vulnérabilité, c’est l'insuffisance et l'absence d'une vision arabe commune, intelligente et consciente du danger d'affaiblissement de ce pays frère et de son immersion dans ces problèmes.
Les administrations politiques soudanaises, qui n'ont pas réussi à s’engager dans le destin du pays et à bénéficier de la douceur et de l’amabilité de son peuple patient, ont été le principal facteur qui a exposé le navire soudanais à des vents violents.
De façon générale, cette situation regrettable dans laquelle se trouvent les Arabes ne concerne pas uniquement le Soudan, mais s’avère plutôt chronique. Au cours de la dernière décennie, cet état de fait s'est exacerbé à la suite des événements tragiques successifs dont nous avons été témoins dans de nombreux pays arabes.
Néanmoins, nous ne pouvons pas blâmer uniquement les facteurs externes. Les administrations politiques soudanaises, qui n'ont pas réussi à s’engager dans le destin du pays et à bénéficier de la douceur et de l’amabilité de son peuple patient, ont été le principal facteur qui a exposé le navire soudanais à des vents violents.
Nous avons toutefois confiance en la capacité des gouvernements arabes de poids, renommés pour leur sagesse, leur importance et leur prestige, tels que l'Arabie saoudite et l'Égypte, en coopération avec les pays d'Afrique de l'Est représentés par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) et les membres sincères de la communauté internationale, de rectifier la situation et d'arrêter cette hémorragie.
Les événements au Soudan pourraient engendrer des répercussions directes pour la région entière, qui est destinée à rester dans une tension surchauffée, se calmant par moments et s’enflammant à d’autres, d'autant plus que les preuves indiquent que les incendies du Soudan, s'ils ne sont pas éteints bientôt, s'étendront plus largement dans la région.
L'Arabie saoudite, de par son intervention humanitaire énergique et rapide pour faire sortir ses citoyens et d'autres personnes de la zone de guerre, a une fois de plus démontré son rôle pionnier dans la région. Elle joue ce rôle déterminant dans chaque événement et chaque situation. Mon pays, Djibouti, a également contribué aux actions du Royaume, en servant de base pour venir en aide aux personnes quittant le Soudan avant qu’elles ne reviennent dans leurs pays. Par conséquent, Djibouti a réaffirmé être une oasis de sécurité et de paix, grâce à Dieu et à la sagesse de ses dirigeants, et c'est ce qui a donné à l'Arabie saoudite et à Djibouti une reconnaissance au niveau mondial pour leurs importants rôles positifs.
Enfin, nous demandons à Dieu de sauver ce pays frère, le Soudan, qui a donné aux Arabes, à l'Afrique et à l'humanité plus qu'il n'a pris. Malgré notre tristesse et nos regrets face à ce qui se passe aujourd’hui, il y a encore de l'espoir de sauver le Soudan afin qu'il ne soit pas entraîné dans une guerre longue et acharnée qui détruit tout, comme cela s'est produit dans de nombreux autres pays de la région.
Dya-Eddine Saïd Bamakhrama est l'ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite. Twitter: @dya_bamakhrama
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com