Une appréciation de la coopération afro-arabe

En outre, l'intégration et la fraternité arabo-africaines, ou ce que l'on peut appeler «la cohésion arabo-africaine», sont à la fois anciennes et actuelles grâce à de nombreux facteurs de soutien (Photo, AFP).
En outre, l'intégration et la fraternité arabo-africaines, ou ce que l'on peut appeler «la cohésion arabo-africaine», sont à la fois anciennes et actuelles grâce à de nombreux facteurs de soutien (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 27 mai 2024

Une appréciation de la coopération afro-arabe

Une appréciation de la coopération afro-arabe
  • Au fil des siècles, la péninsule Arabique et le continent africain se sont engagés dans de vastes interactions culturelles et commerciales
  • La Banque islamique de développement est l'une des principales institutions à soutenir le développement économique du continent africain

Le 61e anniversaire de la fondation de l'Union africaine, un événement politique africain significatif, nous rappelle les liens historiques et géographiques qui unissent l'Afrique et le monde arabe, qui partagent de nombreux éléments civilisationnels et culturels.

Au fil des siècles, la péninsule Arabique et le continent africain se sont engagés dans de vastes interactions culturelles et commerciales, façonnant une identité commune dans de nombreux aspects de la vie. Rappelons que des dizaines d'États arabes sont situés en Afrique, avec une population combinée d'environ 283 millions de personnes – 1,25 milliard d’individus habitent le continent au total –, ce qui contribue à renforcer les relations entre les deux parties.

Certains intellectuels, notamment l’universitaire arabo-africain Dr Ali Mazrui, ont soutenu que les Arabes et les Africains habitaient autrefois un seul continent avant la séparation géologique due à la formation de la mer Rouge, division qui s'est achevée au xixe siècle avec la construction du canal de Suez.

Dans ce contexte, Mazrui a développé un modèle scientifique, qu’il a appelé «Afrabia», pour encadrer les liens historiques et géographiques continus entre la péninsule Arabique et l'Afrique, se basant sur plusieurs facteurs clés: le fait que l'Afrique est le premier continent dont les musulmans constituent l'écrasante majorité, la longue histoire des migrations et des déplacements ainsi que les liens linguistiques entre l'Afrique et la péninsule Arabique.

En outre, la formation de la mer Rouge et du golfe d'Aden remonte à environ trois à cinq millions d'années avant notre ère, ce qui implique que la péninsule Arabique et l'Afrique formaient une seule et même zone géographique avant la rupture géologique.

En s'appuyant sur ces thèmes, Mazrui conclut que l'Afrique et la péninsule Arabique se fusionneront dans le cadre du nouvel ordre mondial pour former un pôle unique de coopération et d'intégration renforcé par l'histoire, la géographie et la culture, tous ces éléments étant plus communs entre eux qu'avec n'importe quel autre bloc dans le monde.

En outre, l'intégration et la fraternité arabo-africaines, ou ce que l'on peut appeler «la cohésion arabo-africaine», sont à la fois anciennes et actuelles grâce à de nombreux facteurs de soutien. Il est donc nécessaire de la renforcer par une intégration économique pour un développement durable, au bénéfice des peuples du continent africain et du monde arabe.

Le soutien au développement économique conjoint entre l'Afrique et le monde arabe est essentiel pour que les deux parties prospèrent et se développent. Un certain nombre d'institutions financières arabes et islamiques ont joué un rôle central dans ce domaine.

La Banque islamique de développement est l'une des principales institutions à soutenir le développement économique du continent africain. Depuis sa création, il y a cinquante ans, elle a fourni un financement et une coopération technique à des centaines de projets de développement dans divers secteurs vitaux tels que l'infrastructure, l'agriculture, l'industrie, la santé et l'éducation.

La banque a ainsi contribué de manière significative à stimuler la croissance économique et à améliorer le niveau de vie dans de nombreux pays africains.

La Banque arabe pour le développement économique en Afrique se concentre sur le financement de projets économiques et sociaux en Afrique afin de parvenir à un développement durable. Au cours des cinquante dernières années, la banque a contribué de manière significative au développement des secteurs productifs et des infrastructures dans de nombreux pays africains.

La célébration, ces jours derniers, du jubilé d'or de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique à Riyad est venue couronner cinq décennies de développement des infrastructures et de l'agriculture dans l’ensemble de l'Afrique et de contribution active au développement de la coopération économique, financière et technique entre le monde arabe et l'Afrique, incarnant la solidarité arabo-africaine.

Il est à noter que cette célébration a eu lieu un mois après une commémoration similaire à Riyad: le 50e anniversaire de la création de la Banque islamique de développement, avec le slogan suivant: «Chérir notre passé, tracer notre avenir: originalité, solidarité et prospérité».

Ces deux célébrations reflètent l'importance du développement économique et social et le rôle du Royaume frère d'Arabie saoudite dans le soutien au développement durable dans le monde, en particulier dans le monde islamique et en Afrique.

En outre, les fonds de développement arabes, tels que le Fonds saoudien pour le développement, le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe, le Fonds qatari pour le développement et le Fonds d'Abu Dhabi pour le développement, jouent un rôle crucial dans le soutien au développement de l'Afrique. Ils ont fourni des financements et des prêts à taux réduit à des centaines de projets de développement, contribuant ainsi à améliorer les infrastructures et le développement sectoriel dans de nombreux pays africains.

En outre, il ne faut pas oublier les efforts humanitaires et de secours déployés par KSRelief, la branche caritative du Royaume, dans de nombreux pays africains.

Ces efforts institutionnels arabes combinés soulignent l'importance de la coopération économique et de développement entre les parties arabe et africaine. Cette coopération renforce les capacités de production et les infrastructures en Afrique et contribue au développement durable et à l'amélioration du niveau de vie sur le continent. Elle reflète également la profondeur des liens historiques et civilisationnels entre les deux régions.

Sur le plan politique, les cinq dernières décennies ont été marquées par une faible communication entre les deux parties, comme en témoigne le fait que les dirigeants du monde arabe et de l'Afrique ne se sont rencontrés que trois fois en quarante-sept ans. Le premier sommet arabo-africain s'est tenu au Caire en 1977, le deuxième à Syrte, en Libye, en 2010, et le troisième au Koweït en 2013.

Le dernier sommet arabo-africain, qui a eu lieu à Riyad en novembre dernier, a mis l'accent sur le développement des relations entre les deux parties dans divers domaines, sur le renforcement de la coopération conjointe et sur l'avancement des relations de partenariat stratégique entre les deux parties. Il visait à valoriser les liens historiques qui les unissent. Il peut servir de base pour construire la coopération afro-arabe dans divers domaines, d'autant plus que le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a annoncé lors du sommet que le Royaume avait fourni plus de 45 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro) pour soutenir des projets de développement et humanitaires dans 54 pays africains et que l'aide de KSRelief s'est élevée à plus de 450 millions de dollars dans 46 pays africains.

En outre, le prince héritier a annoncé l'initiative de développement du roi Salmane en Afrique en lançant des projets et des programmes de développement dans les États africains à hauteur de plus d'un milliard de dollars sur dix ans et en injectant de nouveaux investissements saoudiens dans divers secteurs sur le continent qui dépassent 25 milliards de dollars.

Cela s'ajoute au financement et à la garantie de 10 milliards de dollars d'exportations et à la fourniture de 5 milliards de dollars de fonds de développement à l'Afrique jusqu'en 2030. Il a également révélé que le Royaume avait l'intention d'augmenter le nombre de ses ambassades sur le continent à plus de 40.

La République de Djibouti joue un rôle important dans les efforts de promotion de la coopération arabe et africaine en tant que pont entre l'Afrique et la péninsule Arabique, compte tenu de sa situation géographique unique qui donne sur le détroit de Bab el-Mandeb. Cela revêt une grande importance stratégique sur le plan économique et politique. Djibouti abrite également la plus grande zone de libre-échange d'Afrique, ce qui contribuerait au développement des échanges commerciaux et des investissements avec l'Afrique.

L'intégration arabo-africaine est une nécessité urgente qui se trouve soutenue en raison dedivers dénominateurs communs entre les peuples arabes et africains, les liens historiques et la proximité géographique. Le renforcement de la coopération entre les deux parties aura des répercussions positives sur le développement et le bien-être des peuples, ainsi que sur la sécurité et la stabilité. Cela nécessite une volonté politique forte et des visions stratégiques communes de la part des décideurs du monde arabe et de l'Afrique.

Nous attendons avec impatience le prochain lancement du Conseil des États arabes et africains riverains de la mer Rouge et du golfe d'Aden. Nous espérons que ce conseil sera un modèle de coopération arabo-africaine de haut niveau sur la base d'intérêts régionaux communs compatibles et harmonieux avec la communauté internationale.

Dya-Eddine SAÏD BAMAKHRAMA est l'Ambassadeur de Djibouti et doyen du corps diplomatique en Arabie saoudite.

Twitter: @dya_bamakhrama

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.