ALGER: Le tribunal de Sidi M'hamed à Alger a décidé dimanche de reporter au 26 mars le procès du patron de presse algérien Ihsane El Kadi, emprisonné depuis la fin décembre, afin de permettre à l'accusé d'être jugé en présentiel.
Le juge a annoncé le report du procès "afin de permettre l'extraction de l'accusé (de la prison, ndlr) et la présence de toutes les parties impliquées dans le dossier", selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
A l'instar de ses avocats, qui avaient annoncé le boycott du procès qui devait s'ouvrir ce dimanche, M. El Kadi a déclaré au juge: "je refuse d'être jugé à distance et je boycotte ce procès", selon l'organisation non gouvernementale.
M. El Kadi, directeur de la station algérienne Radio M et du site d'information Maghreb Emergent, deux médias indépendants assez critiques du pouvoir algérien, est accusé de "financement étranger de son entreprise".
Il est poursuivi au titre de l'article 95 bis du code pénal qui prévoit une peine de cinq à sept ans de prison pour "quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage (...) pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l'Etat, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l'unité nationale, à l'intégrité territoriale, aux intérêts fondamentaux de l'Algérie ou à la sécurité et à l'ordre publics".
M. El Kadi a été placé en détention provisoire le 29 décembre dans le cadre d'une enquête pour collecte illégale de fonds.
Il est soupçonné "d'avoir reçu des sommes d'argent et des privilèges de la part de personnes et d'organisations dans le pays et à l'étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat et sa stabilité", avait alors indiqué la Cour d'Alger.
L'Algérie figure à la 134e place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF) en 2022.
Selon RSF, l'arrestation de M. El Kadi était "intervenue quelques jours seulement après la publication d'articles critiques envers les autorités" et a une "motivation politique".
Une pétition lancée par RSF pour obtenir la libération de M. El Kadi a recueilli plus de 10 000 signatures.