Après le séisme, le climat qui sévit en Turquie risque d'alimenter l'hostilité envers les immigrants

Des sauveteurs turcs et chinois transportent dans une ambulance un réfugié syrien de 55 ans sauvé à Hatay, en Turquie, le 12 février 2023. (Reuters).
Des sauveteurs turcs et chinois transportent dans une ambulance un réfugié syrien de 55 ans sauvé à Hatay, en Turquie, le 12 février 2023. (Reuters).
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Publié le Lundi 13 février 2023

Après le séisme, le climat qui sévit en Turquie risque d'alimenter l'hostilité envers les immigrants

  • Parmi les personnes qui ont survécu cette catastrophe, on compte des Turcs, des Syriens, des Afghans et d'autres réfugiés de différentes nationalités
  • Les experts mettent en garde contre la diffusion de fausses nouvelles sur les médias sociaux au sujet des réfugiés: ces dernières risquent de susciter des réactions négatives

ANKARA: Les opérations de sauvetage se poursuivent dans le sillage du séisme meurtrier qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi dernier. Le bilan des victimes a dépassé les trente-trois mille, un nombre qui risque d'augmenter.

Parmi les personnes qui ont survécu à cette catastrophe, on compte des Turcs, des Syriens, des Afghans et d'autres réfugiés de différentes nationalités. Beaucoup d'entre eux étaient regroupés dans les villes touchées par le séisme.

En effet, sur les 3,6 millions de réfugiés syriens recensés en Turquie, 1,6 million vit dans la zone sinistrée par le tremblement de terre.

Cependant, on ne dispose pas de données officielles qui feraient état du nombre de victimes et de survivants au sein de la communauté des réfugiés en Turquie.

Le contexte actuel, marqué par le chaos, risque de nourrir le sentiment hostile aux réfugiés qui sévit déjà en Turquie.

En temps ordinaire, l'autorisation des autorités provinciales est requise pour que les réfugiés syriens s'installent dans une ville différente de celle où ils sont enregistrés. Compte tenu de la situation inhabituelle que traverse le pays, cette exigence a été provisoirement supprimée.

Les réfugiés syriens qui résidaient dans la zone dévastée par le séisme peuvent désormais s'installer dans une autre ville de Turquie, à l’exception d’Istanbul, pour une durée maximale de quatre-vingt-dix jours.

Cette exigence reste toutefois valable pour les Syriens qui vivent dans les villes que le séisme a épargnées. Ces derniers ne peuvent pas joindre leurs proches qui vivent dans les régions sinistrées.

Metin Corabatir est directeur du Centre de recherche sur l'asile et la migration (Igam), dont le siège se trouve à Ankara. «Les informations que nous recevons régulièrement de la région frappée par le tremblement de terre révèlent que la plupart des Syriens [qui vient là-bas] ont vu leurs maisons démolies et se trouvent désormais sans abris. Les enfants sont dans la rue, ils ne trouvent pas de quoi manger», confie-t-il à Arab News.

Le premier souci des Turcs est le suivant: les Syriens dont les maisons ont été anéanties risquent de s'installer dans les grandes villes dont la démographie sera bouleversée.

Certains quartiers de plusieurs villes turques, parmi lesquelles Adana, Hatay et Istanbul, se sont transformés en enclaves syriennes. Dans la foulée, de nouvelles régions qui ressemblent à un «Little Aleppo» («Petit Alep», à l’instar de «Little China», NDRL) risquent d'apparaître dans les jours à venir.

Pour M. Corabatir, une chose est sûre: les Syriens qui vivaient dans la zone ravagée par le tremblement de terre travaillaient pour la plupart dans de petites zones industrielles et constituaient une importante main-d'œuvre clandestine. «En raison des ravages que le séisme a provoqués dans les zones industrielles, ces personnes partiront à la recherche de nouveaux emplois dans les villes voisines. Le pays connaîtra donc une nouvelle vague d'émigration», ajoute-t-il.

Près de vingt-sept camps créés pour les Syriens étaient établis en Turquie avant le séisme. Les autorités s'emploient actuellement à les étendre afin d’accueillir les Syriens qui ont perdu leurs logements.

Les rapports indiquent que plusieurs municipalités de la région ont interdit aux familles syriennes d'entrer dans les zones de tentes aménagées pour accueillir les réfugiés touchés par le tremblement de terre.

De leur côté, les experts préviennent que de fausses nouvelles diffusées sur les réfugiés en Turquie circulent. Le Turc Ugur Kardas, qui a remporté le concours MasterChef en 2018, a été incarcéré dimanche en raison d'une fausse nouvelle qu'il aurait lancée. Il aurait en effet prétendu que des réfugiés afghans auraient volé les biens qui appartenaient à un cadavre extrait des décombres d'un immeuble en ruines.

«Cela fait quelques années que la migration constitue un sujet de controverse sur le plan politique. Cela s’explique notamment par l'hostilité de plus en plus marquée à l'égard des immigrés […], associée à une frustration croissante suscitée par la crise économique qui s'aggrave et par la performance du gouvernement actuel», indique à Arab News Sinem Adar, qui collabore au Centre d'études appliquées sur la Turquie, situé à Berlin.

Le caractère extrêmement destructeur du séisme, la réponse insuffisante et tardive du gouvernement ainsi que la manipulation exercée par certains acteurs politiques, dont le chef du parti d'extrême droite Victory, ont mis de l’huile sur le feu, explique la Dr Adar. Cette situation place les réfugiés et les migrants clandestins dans la ligne de mire de l'exclusion, voire de la violence.

«Il est temps de placer la sauvegarde du bien public au cœur des décisions politiques. […] Il faut ainsi assurer aux réfugiés l’accès aux secours et aux soins de santé en cas de tremblement de terre, ainsi que leur assurer un hébergement», ajoute-t-elle.

«Il est difficile de savoir si cette lourde tâche sera un jour accomplie compte tenu des moyens limités du gouvernement et du manque de coordination entre les institutions», poursuit le Dr Adar.

D'autres fausses informations se sont récemment propagées. Elles laissent entendre que le gouvernement aurait transféré les survivants syriens dans un dortoir réservé aux femmes dans la province méridionale de Mersin et qu'il aurait refusé de recevoir les survivants turcs.

De fausses vidéos ont également circulé sur les réseaux sociaux. Elles montrent des réfugiés syriens en train de fumer la chicha dans le bâtiment du dortoir tout en regardant des vidéos pornographiques.

Un député de l'opposition turque s'est rendu dans le dortoir pour prouver que ce dernier hébergeait des survivants syriens, mais aussi turcs et pour montrer qu'aucune obscénité ne s'y manifestait.

Certaines vidéos ont accusé des Syriens et des Afghans de commettre des actes de pillage dans la région. Sur des photos truquées, on voit des Syriens en train d’être battus après avoir commis des actes de pillage. Ces informations ont déclenché la colère des Turcs, même si aucune preuve n'a confirmé ces allégations.

Certains partis turcs, à l'instar du Victory Party, hostile aux réfugiés, ont profité de la catastrophe pour accuser les Syriens de pillage.

«Ces nouvelles provoquent un sentiment de peur. Certaines informations laissent entendre que les Syriens achèteront tous les bâtiments touchés par le séisme à Hatay pour assurer leur primauté», explique M. Corabatir.

Des médias ont cependant montré des Syriens qui ont donné du sang aux survivants du tremblement de terre dans d'autres villes turques. Ils ont également participé aux opérations de fouille et de secours d'urgence.

En outre, certains commerçants syriens installés à Maras, ville touchée par le séisme, ont mis à la disposition des survivants des fruits et des légumes qu'ils ont déposés sur les trottoirs.

«À leur tour, les municipalités doivent s'abstenir de toute discrimination à l'égard des réfugiés. Cette attitude risque de renforcer le sentiment d'hostilité à l'égard des Syriens, qui prévaut déjà dans la zone touchée par le séisme», conclut M. Corabatir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah au Liban

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • "Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux
  • Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi matin avoir frappé dans la nuit plusieurs cibles du mouvement islamiste Hezbollah dans l'est du Liban, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

"Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant rester "engagée" dans le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement libanais.

Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée, qui dit avoir également frappé des installations "à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban".

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien.

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah avaient débuté le 8 octobre 2023 au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas, allié du mouvement libanais, contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

 


Liesse à Ramallah à l'arrivée des prisonniers palestiniens libérés

A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
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  • Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration
  • Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes

RAMALLAH: Agitant des drapeaux et tirant des coups de feu en l'air, des milliers de Palestiniens en liesse ont accueilli les prisonniers libérés par Israël à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Pour ce troisième échange d'otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a organisé l'accueil et seuls les drapeaux jaunes du parti Fatah de M. Abbas étaient visibles au départ.

Mais à l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration. Plusieurs Palestiniens ont scandé des slogans pro-Hamas et d'autres ont agité le drapeau vert du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes.

Selon Amin Shuman, chef du comité chargé des affaires des prisonniers palestiniens à Ramallah, 66 sont arrivés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 21 ont été expulsés, 14 ont été transféré à Jérusalem-Est et neuf à Gaza.

Ils ont tous été libérés en échange de trois Israéliens enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et retenus depuis à Gaza.

Après plusieurs heures d'attente, la foule a fait exploser sa joie à la vue des bus affrétés par la Croix-Rouge internationale.

"Où est papa?" 

"Où est papa?" En larmes, Raghda Nasser, 21 ans, s'est faufilée dans la foule pour atteindre son père, Hussein Nasser, qu'elle serrait dans ses bras pour la première fois.

Hussein Nasser avait été emprisonné alors que sa femme était enceinte il y a 22 ans, pour des motifs que Raghda n'a pas révélés. Elle et sa sœur Hedaya, 22 ans, ont enlacé leur père qui pleurait avec elles.

Quelques heures avant sa libération, Raghda Nasser a raconté à l'AFP qu'elle venait de lui rendre visite en prison "derrière la vitre".

Elle et sa soeur avaient quitté tôt le matin leur village près de Naplouse (nord) pour venir à Ramallah. Pour l'occasion, elles ont porté des robes noires traditionnelles palestiniennes avec des motifs rouges finement cousus.

Etudiante en littérature anglaise, Raghda Nasser a dit avoir de la chance car son père serait présent pour sa remise de diplôme dans quelques mois.

Porté en triomphe 

Parmi les prisonniers libérés jeudi, figurent Mohammad Abou Warda qui purgeait 48 peines de prison à vie et Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah.

Drapeau palestinien autour du cou, souriant et faisant le V de la victoire, Zakaria al-Zoubeidi a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus l'ayant emmené de la prison militaire israélienne d'Ofer en Cisjordanie.

L'ex-détenu qui portait toujours son survêtement gris de prisonnier, a embrassé des bébés et serré la main des gens.

Plus d'une heure après l'arrivée des bus, la foule a commencé à se disperser dans la nuit alors que les familles ramenaient leurs proches libérés à la maison, au milieu d'une parade de scooters klaxonnant joyeusement.

 


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.