Le régime iranien continue de défier la communauté internationale, en particulier l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en renforçant toujours plus son programme nucléaire. Le monde doit faire pression sur le régime pour qu’il renonce à ses ambitions nucléaires et mette fin à son programme.
Le régime théocratique a récemment fait des progrès considérables en triplant sa capacité d’enrichissement de l’uranium à 60%. Une courte étape technique le sépare donc fondamentalement de la pureté à 90% requise pour construire une arme nucléaire. Il s’agit d’une menace pour la stabilité et la sécurité de la région.
Le ministre d’État saoudien aux Affaires étrangères, Adel al-Joubeir, a indiqué sans détour lors du Forum économique mondial (WEF) de Davos la semaine dernière: «Je pense que l’Iran a l’obligation de renoncer à son programme nucléaire. Je crois que l’Iran doit se conformer aux conditions de l’AIEA. Si la République islamique veut être un membre en règle de la communauté internationale, elle doit respecter le droit international et l’ordre international.»
L’enrichissement de l’uranium à 60% va bien au-delà de ce qui était autorisé dans le cadre du Plan d’action global conjoint (PAGC). En vertu de cet accord, l’enrichissement d’uranium de l’Iran était limité à 3,67% seulement, ce qui constitue le niveau généralement utilisé pour un programme d’énergie nucléaire civile.
Comme l’a souligné le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, lors d’une conférence de presse à Rome le mois dernier: «C’est inédit. Cette démarche a des répercussions et fournit un inventaire des matières nucléaires pour lesquelles on ne peut exclure une autre utilisation. Nous devons y aller. Nous devons vérifier.»
La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont également averti dans une déclaration publiée en novembre: «Cette étape (l’enrichissement accru), qui comporte des risques importants liés à la prolifération, n’a aucune justification civile crédible.» Au début de l’année dernière, le trio européen avait déclaré que les actions du gouvernement iranien «réduisaient encore plus le temps que l’Iran mettrait à construire sa première arme nucléaire et... alimentaient la méfiance quant aux intentions du pays».
L’un des problèmes majeurs est que l’AIEA a du mal à surveiller les activités nucléaires de l’Iran. Le régime théocratique a restreint la capacité des inspecteurs de l’agence à surveiller ses sites nucléaires. En 2021, le régime a désactivé de nombreuses caméras qui aidaient l’AIEA à surveiller l’activité nucléaire de Téhéran.
Il est important de souligner que les violations du régime iranien surviennent à un moment crucial. L’an dernier, des informations soutenaient que Téhéran était en train de construire une installation nucléaire souterraine à Natanz qui serait extrêmement difficile à bombarder. Même Israël n’a apparemment pas la capacité militaire de détruire ce site nucléaire souterrain. Le président de l’Institut pour la science et la sécurité internationale, David Albright, déclare: «L’usine d’enrichissement de Fordo est déjà si profondément enfouie qu’il serait difficile de la détruire par une attaque aérienne. Le nouveau site de Natanz pourrait être encore plus difficile à détruire.»
«Le régime théocratique a restreint la capacité des inspecteurs de l’AIEA à surveiller ses sites nucléaires.»
L’une des raisons pour lesquelles le régime a interrompu sa coopération avec l’organisme de surveillance nucléaire de l’Organisation des nations unies (ONU) est très probablement parce que Téhéran ne veut fournir aucune explication sur ses sites nucléaires non déclarés. Des opérations clandestines avaient déjà été identifiées par l’AIEA dans trois endroits non déclarés en Iran. Ainsi, M. Grossi a averti en juin dernier: «Nous devons en discuter, le plus tôt possible, pour réfléchir à la façon de procéder. L’Iran n’a pas fourni d’explications techniquement crédibles concernant les découvertes de l’agence dans trois endroits non déclarés à l’intérieur du pays.»
L’autre possibilité est que le régime iranien ait décidé de commencer à enrichir l’uranium à 90% – le niveau requis pour la production d’armes nucléaires. Zohar Palti, l’ancien chef du bureau politico-militaire du ministère israélien de la Défense et ancien directeur des renseignements du Mossad, a déclaré le mois dernier que l’Iran n’était plus qu’à quelques semaines d’enrichir l’uranium à un niveau militaire. Il souligne que l’Iran «est à un stade jamais atteint auparavant en matière d’enrichissement d’uranium. Ce n’est plus qu’une question de quelques jours ou semaines avant qu’il ne l’enrichisse à 90%, ce qui est le niveau requis pour une qualité militaire».
En outre, le chef du renseignement militaire israélien, le général Aharon Haliva, précise que Téhéran avait fait des «progrès considérables» vers la production d’uranium enrichi à 90%. Il déclare: «Le moment viendra où la communauté internationale sera mise à rude épreuve, quand l’Iran envisagera la possibilité d’un enrichissement à 90%, ne serait-ce que symboliquement.»
En bref, le régime iranien ne devrait pas être autorisé à renforcer son programme nucléaire, à refuser de coopérer avec l’AIEA et à défier les règles internationales sans en subir les conséquences. Il faut que la communauté internationale agisse avant qu’il ne soit trop tard.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.
Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com