En l’absence de moyens de dissuasion, les complots terroristes de l’Iran sur le sol occidental se poursuivront

La militante irano-américaine des droits des femmes Masih Alinejad est émue lors d’un entretien à New York le 6 octobre 2022. (AFP)
La militante irano-américaine des droits des femmes Masih Alinejad est émue lors d’un entretien à New York le 6 octobre 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 29 janvier 2023

En l’absence de moyens de dissuasion, les complots terroristes de l’Iran sur le sol occidental se poursuivront

  • Trois hommes ont été «chargés d’exécuter» le meurtre de la militante Alinejad, «qui a déjà été la cible de complots du gouvernement iranien pour l’intimider, la harceler et la kidnapper»
  • Désigner le CGRI comme organisation terroriste aurait également un impact «symbolique», et montrerait que «les principales démocraties du monde se tiennent aux côtés du peuple iranien

NEW YORK: Le ministère américain de la Justice a fait part vendredi de l’arrestation de trois hommes en provenance de l’Europe de l’Est et affiliés à Téhéran, dans le cadre du complot visant à tuer la journaliste et militante des droits de l’homme irano-américaine, Masih Alinejad. Cette nouvelle n’a guère surpris les experts et les analystes.

Elle rappelle de nombreux déjà-vu de telles activités iraniennes sur le sol américain, y compris le complot de 2011 visant à tuer l’ambassadeur de l’Arabie saoudite aux États-Unis, Adel al-Jubeir.

Les analystes déplorent l’absence de moyens de dissuasion pour l’Iran et préviennent que seule l’instauration de mesures plus fermes empêchera de tels complots de se poursuivre sur le territoire américain.

Les trois hommes font maintenant face à des accusations de meurtres commandités et de blanchiment d’argent pour avoir comploté en vue de tuer la militante Alinejad.

L’un des hommes a été arrêté l’été dernier dans le quartier de Brooklyn où habite Alinejad. À l’époque, il avait été accusé de possession d’une arme à feu après que la police a trouvé un fusil de type AK-47 avec des munitions sur le siège arrière de sa voiture.

L’incident a alors soulevé de nombreux soupçons, jusqu’à ce que la trame de fond ait été révélée vendredi.

Le ministère de la Justice déclare dans un communiqué que, depuis le mois de juillet au moins, les trois hommes ont été «chargés d’exécuter» le meurtre de la militante Alinejad, «qui a déjà été la cible de complots du gouvernement iranien pour l’intimider, la harceler et la kidnapper».

«Pas plus tard qu’en 2020 et 2021, des responsables et des agents des services de renseignement iraniens ont comploté pour kidnapper Alinejad aux États-Unis en vue de la restituer à l’Iran dans le but de faire taire sa critique du régime.»

Les trois accusés seraient actuellement en détention, déclare vendredi le procureur général Merrick Garland.

La procureure générale adjointe Lisa Monaco affirme, lors d’une conférence de presse dévoilant les accusations: «L’acte d’accusation d’aujourd’hui constitue une menace dangereuse pour la sécurité nationale – une double menace posée par un groupe criminel transnational vicieux opérant à partir de ce qu’il pensait être le refuge d’un État hors-la-loi. Ce dernier est la République islamique d’Iran.»

Jason Brodsky, directeur des politiques chez United Against Nuclear Iran, déclare à Arab News que les arrestations de vendredi démontrent qu’«il n’y a pas de moyens de dissuasion à l’égard de la République islamique opérant sur le sol américain. Nous devons changer la donne, sinon nous devrions nous attendre à plus de complots de la sorte à l’avenir».

Le 11 octobre 2011, deux ressortissants iraniens ont été accusés par un tribunal fédéral de New York d’avoir comploté pour assassiner M. Al-Jubeir.

Ce qui est désormais mieux connu sous le nom de complot d’assassinat iranien ou de complot terroriste iranien aspirait à planter une bombe à l’extérieur du restaurant où M. Al-Jubeir dînait, puis de bombarder les ambassades d’Arabie saoudite et d’Israël à Washington, DC.

«Ces affaires sont traitées comme des questions relatives à l’application de la loi. Elles sont généralement accompagnées d’un acte d’accusation, d’un avertissement fermement formulé et d’une déclaration d’un haut responsable américain», soutient M. Brodsky.

«Et puis, il y aura probablement des sanctions imposées à l’avenir. Cela ne changera pas la  donne sur le long terme, puisque les coûts sont généralement assimilables dans l’esprit des responsables iraniens. Vous avez affaire à des sanctions sporadiques contre des personnes qui ne disposent pas d’actifs aux États-Unis», poursuit-il.

«Vous avez affaire à une déclaration pour laquelle il y a eu d’innombrables avertissements. Cela ne semble pas pour autant les dissuader.»

«Et les actes d’accusation ne sont généralement pas non plus nécessairement dissuasifs. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils aient pu mettre en garde à vue ces trois individus.»

« Mais ce serait assimilable pour Téhéran puisqu’il ne s’agit pas de responsables iraniens. Ce sont des membres d’un syndicat criminel d’Europe de l’Est.»

Endiguer les activités criminelles iraniennes sur les territoires occidentaux nécessite, à long terme, une «perspective multilatérale», explique M. Brodsky. «C’est un problème qui affecte non seulement les États-Unis mais nos alliés européens également.»

En novembre dernier, deux journalistes anglo-iraniens travaillant au Royaume-Uni pour la chaîne de télévision Iran International ont été avertis par la police d’un complot «crédible» de Téhéran pour les tuer.

Le média accuse le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran de faire partie d’une «escalade considérable et dangereuse» de la «campagne de Téhéran pour intimider les journalistes iraniens travaillant à l’étranger».

Plus tôt ce mois-ci, le magazine satirique français Charlie Hebdo a été victime d’une cyberattaque après avoir publié une caricature du guide suprême iranien Ali Khamenei.

«Une attaque informatique ne fait pas de morts, mais elle donne le ton. Le régime des mollahs se sentirait à ce point en danger qu’il estimerait vital pour son existence de pirater le site d’un journal français», écrit Charlie Hebdo.

Hossein Salami, commandant en chef du CGRI, a menacé mardi le personnel du magazine français de vengeance.

Selon M. Brodsky, il est important «de commencer à envisager d’éventuelles représailles cinétiques pour ce genre de complots, afin de dissuader le système iranien d’aller plus loin ».

Il cite un autre acte d’accusation qui n’a pas été classé l’été dernier et qui accuse un membre du CGRI d’avoir commis un meurtre commandité d’un ancien conseiller américain à la sécurité nationale, moyennant rémunération.

Donc, si nous continuons à traiter ces cas comme de véritables questions d’application de la loi avec une réponse politique très minime ou inexistante, nous devrions nous attendre à ce que ce cercle vicieux du régime iranien se poursuive», indique M. Brodsky.

Bien que le CGRI soit désigné comme organisation terroriste aux États-Unis, il n’est toujours pas répertorié comme tel dans les juridictions européennes. M. Brodsky déclare que l’Union européenne et le Royaume-Uni devraient le faire de toute urgence.

Il est « trop tard pour que le CGRI soit sanctionné en tant qu’organisation terroriste dans les juridictions européennes. Cela aurait une incidence substantielle, favorisant la dissuasion du marché à l’égard de la République islamique » et interdirait aux anciens hommes d’affaires du CGRI et à leurs familles de profiter des richesses illicites dans les juridictions occidentales, ajoute-t-il.

Plus encore, désigner le CGRI comme organisation terroriste aurait également un impact «symbolique», et montrerait que «les principales démocraties du monde se tiennent aux côtés du peuple iranien qui proteste courageusement et scande: mort au CGRI. Cela prouve par ailleurs que l’Europe est aux côtés du peuple et non de ses oppresseurs», dit-il. «Sans parler des nombreux pays arabes qui sont également victimes du CGRI.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »