L'ancien président Donald Trump a annoncé la semaine dernière sa candidature pour la troisième fois à la présidence des États-Unis. Depuis, le Parti républicain se heurte à un dilemme et s'interroge sur l'avenir de son rôle moteur dans la vie politique du pays.
Le Parti républicain a imputé à Trump, la personnalité politique américaine la plus controversée, la responsabilité des résultats inattendus des élections de mi-mandat de novembre 2022. En effet, des candidats soutenus par Trump ont été écartés de la course au Sénat et à la Chambre des représentants dans plusieurs États, dont l'Arizona, la Pennsylvanie, l'Alaska et la Caroline du Nord, faisant de Trump un handicap plutôt qu'un atout. Le parti a donc subi de graves revers politiques qui seraient historiquement désastreux s'ils venaient à se reproduire en 2024.
Après son annonce, Donald Trump a personnellement envoyé un nombre important de mails de campagne aux électeurs républicains et indépendants, les remerciant de leur «soutien indéfectible». L'ancien président y fait part de son amour pour son pays et son peuple: «Je présente aux élections de 2024 non pas pour moi – car j'ai eu une vie parfaite et luxueuse avant d'entrer dans le monde de la politique – mais pour l'Amérique. C'est un véritable honneur. Si je ne le fais pas, notre nation sera condamnée», affirme-t-il dans son message.
Sa déclaration a provoqué une fracture importante au sein du parti. Ce dernier s'était mis à la recherche de son identité perdue après l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 et face l'hésitation de Trump à arrêter l'attaque contre le symbole de la démocratie américaine. C'est à ce moment-là, tout comme lors des dernières élections, qu'il a perdu de nombreux partisans actifs au sein du parti et dans les bureaux de vote.
Même sa fille Ivanka, ancienne conseillère principale à la Maison Blanche, s'est montrée moins enthousiaste à l’annonce de sa candidature. Dans un communiqué, où elle exprime sa tendresse pour son père, elle déclare vouloir donner la priorité à ses enfants et à la vie privée de sa famille. «Je suis reconnaissante d'avoir eu l'honneur de servir le peuple américain et je serai toujours fière des nombreuses réussites de notre administration», a-t-elle conclu.
Les républicains modérés ont profité de l'occasion pour exprimer leur rejet des théories du complot et des tentatives de division qui ont ébranlé le noyau du parti.
Vendredi, le gouverneur du New Hampshire, Chris Sununu, a déclaré dans un entretien radiophonique qu'il était très tôt pour quiconque d'annoncer une candidature à la présidence, soulignant que Trump ne serait pas en mesure d'écarter un candidat de la course. «Cela risque d'être gênant quand il sera le seul en lice. Personne ne s'en souciera vraiment; ce sera juste bizarre», a ajouté M. Sununu.
La sagesse des modérés est nécessaire, non seulement au sein du Parti républicain, mais aussi au sein du Parti démocrate.
Dalia al-Aqidi
L'ancien vice-président Mike Pence, autre candidat potentiel en 2024, a affirmé à Jake Tapper, sur la chaîne CNN, que les Américains attendaient de nouveaux dirigeants capables d'unir le pays autour des grands idéaux du peuple et d'incarner «la civilité et le respect» que partage une majorité d’Américains.
Plusieurs républicains haut placés ont adopté la même position ferme contre l'annonce de Trump. Par exemple, le sénateur de l'Utah Mitt Romney et l'ancien gouverneur du New Jersey Chris Christie. «Nous avons besoin de plus de sérieux et de moins de bruit», a twitté l'ancien secrétaire d'État Mike Pompeo, autre candidat potentiel.
Les républicains sont conscients de cette triste vérité: pas question de faire marche arrière. Le Parti républicain doit étudier les raisons de son déclin aux élections de mi-mandat et trouver des moyens de réduire les chances des démocrates de remporter un second mandat à la Maison Blanche.
En 2024, les électeurs américains auront besoin d'entendre parler de nouvelles politiques et stratégies pour résoudre de graves problèmes tels que l'inflation, la hausse du taux de criminalité, l'éducation des enfants et l'honnêteté; fini les élections volées ou les votes détournés.
Pour gagner la Maison Blanche à ce moment crucial de l'histoire des États-Unis, les candidats républicains modérés doivent brosser un meilleur tableau de l'avenir et restaurer la confiance dans ce vieux parti.
Le Parti républicain doit empêcher la prolifération de l'idéologie progressiste d'extrême gauche. L'extrême gauche ne peut et ne doit pas réussir à transformer les États-Unis en un pays socialiste, où les libertés des citoyens sont contrôlées par le parti au pouvoir.
La sagesse des modérés est nécessaire, non seulement au sein du Parti républicain, mais aussi au sein du Parti démocrate. À défaut de cela, il faudrait un troisième parti pour bannir l'extrémisme bipartisan et sortir le pays du chaos actuel.
Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy.
Twitter : @DaliaAlAqidi
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com