L’attention portée par le monde à la biodiversité, au changement climatique et à la désertification, constatée pour la première fois lors du Sommet de la Terre organisé par les Nations unies à Rio de Janeiro en 1992, a pris une ampleur considérable à mesure que les effets mondiaux du changement climatique sont devenus plus évidents et que les températures sur la planète ont augmenté depuis à chaque décennie.
Cette «Conférence des parties» (COP) se réunit désormais chaque année pour discuter de la manière d’aborder conjointement le changement climatique et ses répercussions. En novembre prochain, des dirigeants mondiaux, des ministres, des négociateurs, des dirigeants de la société civile et des entreprises se réuniront à nouveau en Égypte, trente ans après l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Les détracteurs des réunions précédentes ont mis en garde contre un fossé entre le dialogue et l’action. Pour cette raison, le slogan de cette année est «Ensemble pour la mise en œuvre». Dans ce contexte, la finance durable doit être un pilier essentiel au moment où le monde cherche des solutions pour maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale en dessous de deux degrés Celsius et s’adapter aux changements climatiques.
Tous les objectifs de développement durable des Nations unies nécessitent un soutien financier et des investissements. Par ailleurs, presque tous les pays du monde se sont engagés à garantir l’harmonie entre les flux financiers et «la voie vers de faibles émissions de gaz à effet de serre et une évolution qui résiste au changement climatique», dans le cadre de l’accord de Paris de 2015 – premier traité mondial juridiquement contraignant sur le changement climatique.
La réunion de Paris reconnaît que seuls les pays peuvent décider souverainement de leur taux de réduction des émissions nationales, en tenant compte de l’ampleur de la menace que représente pour eux le changement climatique et les différents niveaux de prospérité. Des études ultérieures continuent de montrer l’iniquité des histoires climatiques des nations riches ayant bénéficié des polluants qui nuisent aux plus pauvres. Il n’y a aucun doute que les dommages causés par des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes frappent particulièrement les pays en développement, même si ce sont ceux qui ont le moins contribué au changement climatique.
La manière dont ces effets, que l’ONU qualifie de «pertes et dommages», peuvent être compensés et le soutien à apporter aux pays en développement pour investir dans les énergies renouvelables et les infrastructures nécessaires afin d’atténuer les conditions météorologiques extrêmes devraient occuper une place importante lors de la COP27 à Charm el-Cheikh.
«Il est important pour les pays africains de profiter de la COP27 pour attirer l’attention sur les défis majeurs auxquels ils font face en matière de changement climatique» - Zaid M. Belbagi
En 2009 à Copenhague, les pays développés ont décidé de mobiliser 100 milliards de dollars (1 dollar = 1,01 euro) par an d’ici à 2020 pour le financement climatique. Bien que 83 milliards de dollars aient été débloqués, ces investissements ne sont pas toujours intégrés dans la politique nationale ou déployés dans le cadre de projets durables. La nature sporadique du financement interdit également aux pays en développement d’inclure de tels projets dans une stratégie globale, ce qui refroidit les donateurs fortunés quant à la perspective d’investissements supplémentaires.
Selon la Dr Amiera Sawas, directrice des programmes et de la recherche chez Climate Outreach, «la COP se concentre sur la mise en œuvre et la nécessité de mener à bien un nouvel objectif quantifié collectif pour le financement climatique après 2025». Elle ajoute: «Cependant, les organisations de la société civile et les gouvernements du Sud auront également des arguments à faire valoir pour le financement des pertes et dommages, en plus de l’objectif de Copenhague de 100 milliards de dollars. Une partie de la mise en œuvre est la réglementation et la responsabilité de l’industrie par rapport aux objectifs nationaux de réduction des émissions et aux plans d’adaptation. Rien de tout cela ne peut être appliqué sans que les gouvernements montrent la voie en établissant des normes et en fournissant un soutien et des incitations.»
Ce défi n’est nulle part aussi pertinent qu’en Afrique, où les objectifs de développement durable sont considérablement à la traîne, à la suite de la pandémie et des défis économiques mondiaux qui en découlent. Il est donc incroyablement approprié que le prochain sommet soit qualifié de «COP de l’Afrique».
Les nations africaines se trouvent à la fois au centre des conditions météorologiques extrêmes et des processus climatiques à évolution lente, comme l’élévation du niveau de la mer, la désertification et la salinisation. Il n’est donc pas surprenant qu’elles fassent pression pour des engagements fermes en matière de financement climatique. Réunis récemment au Caire, les ministres africains des Finances ont appelé à une forte expansion du financement climatique pour leur continent, tout en s’opposant à un abandon brutal des carburants fossiles.
Le communiqué ministériel qui a renforcé la position africaine avant la COP27 appelle les pays riches à respecter et à élargir leurs engagements climatiques, tout en permettant aux pays les plus pauvres de se développer économiquement et de recevoir simultanément plus de fonds pour s’adapter aux répercussions du changement climatique. L’urgence de ce défi est réitérée dans un récent rapport publié par la Fondation Bill et Melinda Gates, à la suite duquel Bill Gates a exhorté les pays riches à soutenir davantage l’Afrique face au double défi de la famine et du changement climatique.
À un peu plus d’un mois du début du rassemblement en Égypte, Il est important pour les pays africains d’attirer l’attention sur les défis majeurs auxquels ils font face en matière de changement climatique. L’accent sera probablement mis sur le gaz en tant que source d’énergie de transition, permettant ainsi aux pays africains d’exploiter leurs ressources, tout en investissant simultanément dans des projets d’énergies renouvelables.
Les pays africains devraient sensiblement plaider en faveur d’un financement climatique accru, afin de dissuader les pays donateurs de se cacher derrière l’aide fournie à l’Afrique, même lorsque celle-ci n’est pas liée au changement climatique et ne permet pas au continent de s’acquitter de ses contributions déterminées au niveau national conformément à l’accord de Paris.
Le prochain sommet est donc une véritable occasion pour les pays africains, parmi d’autres, de plaider en faveur d’un financement durable en vue de relever les défis du changement climatique et d’éviter tout nouveau retard par rapport aux objectifs de 2030, ce qui entraînerait une augmentation de la pauvreté, des maladies, des déplacements et des conflits.
Zaid M. Belbagi est commentateur politique et conseiller auprès de clients privés entre Londres et le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Twitter: @Moulay_Zaid
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com