RIYAD: L'ambassadeur de France en Arabie saoudite, Ludovic Pouille, a animé une conférence de presse sur l'attractivité économique de la France, à la résidence de France à Riyad. En partenariat avec Business France, la conférence met en lumière l'attractivité, les perspectives économiques et l'écosystème de l'investissement en France.
Selon le rapport EY 2022 sur l'attractivité (Baromètre de l'attractivité de la France: nouveau monde, nouvelles armes), la France est le pays européen le plus attractif pour les investissements directs étrangers (IDE) en 2021.
L'écosystème de l'investissement
Les investisseurs étrangers sont de retour en Europe, avec 5 877 projets annoncés dans 44 pays. Cela constitue une ne augmentation de 5% des IDE par rapport à 2020, mais ce taux reste inférieur de 12% par rapport à celui de 2017.
Dans un contexte mondial perturbé par la Covid-19, la France reste un leader parmi les économies européennes en termes d'attractivité, avec 1 222 investissements (implantations et projets d'expansions) annoncés en 2021: une augmentation de 24% par rapport au niveau enregistré en 2020. Ce rebond est particulièrement significatif pour un pays plus touché par la pandémie que la moyenne européenne.
Ces résultats reflètent la dynamique que traduisent également les chiffres publiés dans le rapport annuel «Investissements internationaux en France» de Business France, qui soulignent non seulement une hausse de 32% des projets d'investissement par rapport à 2020, mais aussi la création ou le maintien de 45 000 emplois (+30% par rapport à 2020).
D'un point de vue régional, l'attractivité du Royaume-Uni, qui n'a augmenté que de 2%, souffre des incertitudes accrues du marché. Celles-ci sont engendrées par le Brexit, les restrictions commerciales et la pénurie de main-d'œuvre. Néanmoins, le pays s’appuie sur ses industries clés, à savoir la technologie et la finance, ainsi que sur le fait d'être un un hub pour les entreprises.
Du côté allemand, les investisseurs perçoivent les marchés comme difficiles à pénétrer, notamment dans les secteurs de l’automobile, de la chimie et du pharmaceutique. En conséquence, l’économie exportatrice voit son attractivité pour les investisseurs étrangers diminuer de 10%.
Les IDE au Moyen-Orient
«La France est l'un des principaux investisseurs étrangers en Arabie saoudite depuis une décennie. Selon la Banque centrale française, la taille de l'investissement dans le Royaume a atteint les 3 milliards d'euros en 2021, axés sur le secteur de l'énergie.
Cela représente 25% des IDE français au Moyen-Orient, suivis des Émirats arabes unis (21%) et du Qatar (12%), entre autres.
«La taille d'IDE saoudiens en France est compris entre 500 et 600 millions d'euros, ce qui représente 4,5% des IDE moyens en France.» À ce titre, l'ambassadeur de France estime qu'il existe «de fortes opportunités pour que les investissements saoudiens augmentent en France».
M. Pouille met en avant les partenariats dans le Royaume, à savoir le développement de la région d'AlUla, «un projet phare, un exemple des belles collaborations (potentielles)», ajoute-t-il.
Les perspectives sont encourageantes
Après la pandémie, c’est la guerre en Ukraine qui constitue un nouvel obstacle et engendre une régression de l’appétit d’investissement en Europe.
Les perspectives sont néanmoins encourageantes sur un horizon de trois ans: 63% des dirigeants prévoient une amélioration de l’attractivité de la France et de l’Europe d’ici 2025 (étude EY) et 50% envisagent d'augmenter leur recherche et développement (R&D) en France durant la même période.
Parmi les dirigeants interrogés (rapport EY 2022), 56% expriment leur intention d’établir ou d’étendre leurs opérations en France, une augmentation importante par rapport aux 44% enregistrés en 2021, et aux 16% en 2020.
La reconfiguration de la chaîne d'approvisionnement paraît être bénéfique pour le pays et l’attractivité du marché français – un retour vers le Made in France en particulier pour gagner en compétitivité et promouvoir les produits français à l’export.
Cette reconfiguration a entraîné une augmentation des projets industriels (+18%) et logistiques (+37%) par rapport au niveau enregistré en 2019.
L’activité industrielle en France bénéficiera par ailleurs du rapatriement d’activités dans le pays, comme le confirme 56% des dirigeants interrogés, alors que 34% expriment une volonté de régionaliser la production en Europe.
Les implantations ou les extensions sont des projets industriels à 72% des cas, et se trouvent dans des régions de moins de 50 mille habitants, alors que l'implantation de centres de R&D a lieu dans les métropoles.
Avec Londres en premières place, choisi par 34% des dirigeants interrogés en 2022 (une régression par rapport au niveau de 2021 qui était de 43%), Paris gagne sur ce plan, avec 28% en 2022, une augmentation de 18% par rapport à 2021.
Le shift dans les modes du travail a boosté l’investissement porté vers les entreprises de services numériques (ESN).
La France crée un environnement propice aux start-ups dans le numérique afin de se développer et de gagner en compétitivité face au Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Irlande, entre autres. Ceci passe par une réglementation favorable aux IDE, les réformes avancées par le président Emmanuel Macron en termes de réduction du taux de l’impôt sur les sociétés (de 33,3% à 25%) et la création de Station F, le plus grand incubateur de start-ups au monde.
Les défis post-Covid
On retourne souvent sur les secteurs les plus touchés par la pandémie (l’automobile, l’aéronautique, etc.) et on évoque un retour au niveau d’activité de 2019. Un nombre de facteurs entravent toutefois cette transition: l’augmentation des prix des matières premières, le changement dans les préférences des consommateurs et la guerre en Ukraine.
«Avec l'évolution des préférences des consommateurs et la hausse du prix des matières premières, les industries locales devront s'adapter. La chaîne d'approvisionnement et le coût des matières premières sont un vrai problème, mais la logistique et les frais d'expéditions auront, eux aussi, un impact. Aujourd'hui, le prix du pétrole est très élevé – environ 115 dollars (1 dollar = 0,96 euro) le baril –, ce qui aura un impact sur de nombreux pays», constate M. Pouille.
«Nous avons la responsabilité collective d'éviter une situation où, d'ici la fin de l'année et l'hiver de l'année prochaine, le monde pourrait souffrir à la fois d'une crise énergétique et d'une crise alimentaire, conduisant à l'instabilité dans de nombreux pays avec tous ses effets secondaires», ajoute-t-il.
Par ailleurs, la France et l'Europe travaillent pour stabiliser les prix et trouver une solution à la crise énergétique. Pour la crise alimentaire, le président Macron a lancé Farm, une initiative pour la collecte et la fourniture de denrées alimentaires aux pays pauvres, dans le but de lutter contre la famine dans les régions les plus vulnérables.
«Une fois les entreprises ont commencé à se redresser après la Covid, la guerre en Ukraine a commencé (…), mais les mesures que nous avons mises en place ont sauvé de nombreuses entreprises. Je suis convaincu qu'en France et en Arabie saoudite, les résultats que nous avons atteint aujourd'hui, après deux ans de Covid, continueront en 2022 et 2023», affirme M. Pouille.