Les blocs parlementaires libanais divisés sur la désignation du Premier ministre

Une vue générale du bâtiment du Parlement dans le centre de Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).
Une vue générale du bâtiment du Parlement dans le centre de Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 23 juin 2022

Les blocs parlementaires libanais divisés sur la désignation du Premier ministre

  • Najib Mikati, premier ministre par intérim, bénéficie du soutien des blocs parlementaires traditionnels qui le renommeront à la tête d'un gouvernement de quatre mois
  • Il n'est pas certain que Mikati soit en mesure de former un gouvernement accepté par les partis au pouvoir dans un délai court

BEYROUTH: La classe politique libanaise se disputait mercredi pour se mettre d'accord sur une personnalité sunnite à désigner comme futur Premier ministre, avant les consultations parlementaires obligatoires avec le président, Michel Aoun, jeudi.

Les blocs parlementaires ont tenté de communiquer entre eux mais n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un nom.

Najib Mikati, Premier ministre intérimaire, bénéficie du soutien des blocs parlementaires traditionnels qui le renommeront à la tête d'un gouvernement de quatre mois. Son mandat s'achèvera lorsque le mandat d'Aoun prendra fin en octobre et qu'un nouveau président sera élu. Entre-temps, beaucoup de parlementaires ont discuté de la désignation de Nawaf Salam, ancien ambassadeur et juge à la Cour internationale.

Le Hezbollah et ses alliés cherchent à constituer une majorité parlementaire pour son camp politique et à obtenir les voix de 65 députés pour son candidat. Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah a déclaré qu'il devait «réaliser l'importance de la résistance».

Pendant ce temps, l'allié chrétien du Hezbollah, le Courant patriotique libre, a refusé de désigner Mikati et pose des conditions impossibles, comme demander des ministères souverains, et surtout, garder le contrôle du ministère de l'Énergie.

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a affirmé que les députés de son parti ne désigneront personne «car les candidats proposés ne répondent pas à nos critères».

Le Parti socialiste progressiste et le Parti Kataeb ont décidé de désigner Salam.

Les députés Mark Daou et Najat Saliba du parti Takaddom ont fait part de leur décision de désigner Salam, tandis que d'autres députés indépendants et réformateurs se sont abstenus d'annoncer leur décision.

Cependant, le député indépendant Nabil Badr a révélé que lui et 13 autres députés désigneront Mikati, ce qui augmentera les chances de ce dernier grâce au soutien qu'il recevra des députés du Hezbollah, du Mouvement Amal et d'autres.

Il n'est pas certain que Mikati soit en mesure de former un gouvernement accepté par les partis au pouvoir dans un délai court, surtout après que certains gouvernements récents aient mis un an à se former.

Cette nouvelle confusion politique a fait des ravages dans la gestion des affaires du pays. Les boulangeries et les magasins ont manqué de pain mercredi, les propriétaires de moulins et de boulangeries accusant le ministère de l'Économie de ces pénuries.

Comme pour l'essence et les médicaments, le pain arabe fabriqué à partir de blé subventionné est désormais vendu au marché noir à un prix très élevé.

Ce mercredi, le ministre de l'Économie, Amin Salam, a saisi le parquet financier, pour dénoncer «la cupidité de ceux qui s'accaparent les produits de subsistance des gens».

 «Certains propriétaires de boulangeries ont vendu au marché noir de la farine subventionnée pour le pain arabe à des prix doubles. Ils l'ont également utilisée pour fabriquer des bonbons, des gâteaux et du pain français, générant ainsi des bénéfices doubles. Ils gaspillent ainsi l'argent public»

Riad Salamé, le gouverneur de la banque centrale du Liban, a déclaré dans une interview que lorsqu'il a accepté de «prêter à l'État libanais, c'est parce qu'il y avait des lois lui permettant d'emprunter à la Banque du Liban, et les déposants croient que l'argent qu'ils ont mis dans les banques a été pris par la BDL, ce qui n'est pas vrai».

«Les mauvaises décisions politiques qui ont été prises ont conduit à la dépréciation de la monnaie locale. Les responsables rejettent la faute sur la BDL et sur moi. Je n'ai jamais imaginé que certains feraient défaut ou essaieraient de fermer les banques et de transformer l'économie en une économie monétaire», a-t-il ajouté.

«Le secret de la solidité de la BDL réside dans notre engagement à ne pas mettre en œuvre de politique imprudente, ce qui nous a permis d'assurer le financement du pays. Sans la BDL, le gouvernement n'aurait pas été en mesure d'acheter du blé et des médicaments. Nous avons conçu des plans qui ont introduit des dollars à la BDL, ce qui lui a permis d'utiliser ses réserves pour obtenir des subventions. Nous n'avons utilisé que 2,08 milliards d’euros depuis la fin de 2021, jusqu'au 15 juin. Nous avons encore 10,4 milliards d’euros.»

«Le Liban a besoin de 15 à 20 milliards de dollars pour se remettre sur pied. La BDL n'a pas tardé à fournir des dollars aux importateurs de médicaments pour les maladies chroniques, notamment les médicaments contre le cancer. Les médicaments subventionnés ont été supprimés et les médicaments vendus en dollars sont disponibles. Ce n'est pas à moi de m'en prendre à ces revendeurs», a-t-il souligné.

 «Le montant de 3 milliards de dollars du FMI n'est pas suffisant. Le Liban a besoin de 378,5 millions d’euros chaque mois rien que pour assurer le diesel et l'essence, en plus de 33 millions d’euros pour acheter des médicaments, ainsi que de 284 millions d’euros par an pour importer du blé. Cependant, le Liban a besoin du FMI, grâce auquel il retrouvera la confiance», a-t-il ajouté.

«Les mafias prennent le contrôle des secteurs des médicaments, du blé et de l'essence, et l'État alimente les profits des mafias. Certains essaient d’accuser la BDL, et j'ai fait face à ces tentatives. Je ne peux pas donner de noms, mais il est clair qui sont ces parties.»

Parlant des politiciens qui ont transféré leur argent à l'étranger, il a indiqué que «les banques nous ont fourni des informations, pas des noms, parce qu'elles n'ont pas le droit de divulguer les noms des gens, mais nous pouvons examiner les documents des banques pour voir si ces règlements ont été faits correctement.»

«Des pressions politiques sont exercées sur moi par mes adversaires politiques, qui dictent à certains juges ce qu'ils doivent faire. Ceux qui veulent ma tête l’annoncent publiquement.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.