CASABLANCA: «Un non-sujet qui devrait être vu comme un progrès social». C’est en ces termes que le maire de Grenoble, Éric Piolle, s’est exprimé sur le port du burkini dans les piscines municipales.
Dans une interview accordée au site d’information français 20minutes.fr, l’élu a confirmé qu’il souhaitait modifier le règlement intérieur des piscines grenobloises afin de lever les interdits en vigueur, notamment sur le port du burkini.
«Au prochain conseil municipal, on proposera un nouveau règlement des piscines qui enlève les interdits étranges ayant été posés il y a une dizaine d’années», déclare ainsi Éric Piolle. «Vous pourrez venir avec un maillot couvrant pour se protéger du soleil. Vous pourrez venir avec un maillot couvrant pour d’autres raisons. C’est l’égalité d’accès au service public. Ce nouveau règlement entrera en vigueur le 1er juin, c’est-à-dire juste avant l’ouverture des piscines d'été», poursuit l’élu écologiste.
Selon lui, le port du burkini n’est donc pas un sujet identitaire. «Ce règlement des piscines devrait être un non-sujet. Il y a une dizaine d’années, on a mis des interdits, peut-être pour des raisons fallacieuses, qui n’avaient pas lieu d’être du point de vue de la loi, puisque dans les piscines, la seule chose qui vaut, c’est l’hygiène et la sécurité», soutient-il.
Sa décision a-t-elle été prise pour des questions de laïcité? Éric Piolle réfute cette idée et explique que «dans les piscines, comme dans la rue, il n’y a pas question de laïcité. On a le même statut légal et juridique. Les restrictions liées à la laïcité se tiennent dans l’école pour les élèves, les enseignants et les agents du service public. Elles se tiennent pour les fonctionnaires et ceux qui exercent une mission de service public. C’est tout».
Cette sortie médiatique intervient alors que le maire a interpellé le président de la République sur les grands enjeux du quinquennat à venir: climat, laïcité, liberté d'association, retraites, dans un courrier intitulé «Lettre ouverte pour la garantie de notre mode de vie à la française».
«À Grenoble, nous veillerons à ce qu’aucun règlement intérieur d’aucun équipement public ne constitue une injonction ou une discrimination», y affirme l’élu.
Si aucun signe religieux n’est cité, la phrase suivante, «nous y serons particulièrement attentifs pour les femmes et les minorisé-es de genre que l’on contraint spécifiquement», laisse peu de place au doute sur sa volonté de soulever le débat autour du voile et du burkini.
Ce dernier est d’ailleurs régulièrement sur le devant de la scène à Grenoble, depuis une opération de communication dans une piscine menée par une association aux objectifs tendancieux, comme l’a depuis pointé Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur.