LONDRES : Six femmes ont été expulsées d'une piscine dans la ville française de Grenoble et condamnées à une amende pour avoir porté des maillots de bain intégral, communément appelé burkini.
Les femmes ont porté leurs burkinis dans une manifestation contre la discrimination antimusulmane en France. Elles font partie d'un groupe de trente membres d’Alliance Citoyenne, et qui a organisé la manifestation afin de pousser le maire de Grenoble Eric Piolle à lever l'interdiction du burkini dans les piscines publiques.
Les burkinis sont interdits dans la plupart des piscines publiques françaises et sur certaines plages pour des raisons d'hygiène, mais des militants des droits civiques jugent l'interdiction discriminatoire et islamophobe.
Les hommes sont également soumis à des restrictions vestimentaires ; il leur est interdit de porter des shorts et doivent plutôt porter des maillots de bain plus serrés.
L'une des manifestantes, Naima, révèle que c'était la première fois qu'elle se baigne dans une piscine publique en dix ans.
«C’était vingt minutes de bonheur. Les gens ont applaudi quand nous sommes descendues dans l'eau avec nos burkinis», a-t-elle ajouté.
Annabelle Bretton, adjointe au maire de Grenoble, a déclaré avoir rencontré les manifestants et expliqué dit que la ville continuera d'exiger le respect des règles d'hygiène. «Elles veulent que nous changions la loi, mais ce n’est pas à l'ordre du jour», a-t-elle ajouté.
La question du burkini fait partie d'un débat plus large dans la société française sur l'expression publique de la religion, en particulier pour les millions de musulmans de France, qui représentent environ 9% de la population, selon une étude menée par Pew en 2017.
Le débat fait suite aux annonces du président Emmanuel Macron au début de l'année selon lesquelles il chercherait à freiner la propagation du «séparatisme» musulman dans la société française, ce qui, selon lui, est contraire aux valeurs de la république laïque.
Piolle a écrit à Macron pour lui demander des directives nationales sur les maillots de bain acceptables. Le maire a demandé au gouvernement de «fixer tous les critères à utiliser pour interdire les burkinis, notamment la taille, le tissu, et la surface en contact avec l'eau».
L'opinion publique française soutient fermement l'interdiction des maillots de bain musulmans, suggèrent les sondages. Mais l’Alliance Citoyenne constate que les burkinis sont autorisés à Rennes, capitale de la région française de Bretagne, et dans les piscines publiques en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et en Norvège.
l’Alliance a également souligné une décision du médiateur national adjoint, George Pau-Langevin, selon laquelle l'interdiction des burkinis représente une discrimination.
«Puisqu'elles sont conçues pour la baignade, ni la sécurité ni l'hygiène des baigneurs se semblent a priori menacées», selon Pau-Langevin.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com