PARIS: Un démarchage par SMS du parti d'Éric Zemmour s’adressant explicitement et spécifiquement aux Français de confession juive, fait l’objet d’une enquête lancée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).
Un SMS signé du nom du candidat a été envoyé vendredi, avant le premier tour de la présidentielle, à «des milliers de téléphones mobiles dans l'Hexagone», renvoyant «vers une page éditée par le parti Reconquête, qui affiche un texte explicitement adressé aux Français juifs», révèle BFMTV.
Des SMS au nom d'Eric Zemmour envoyés à des membres de la communauté juive, juste avant le shabbat.
— Raphael Grably (@GrablyR) April 8, 2022
Ils renvoient vers un site enregistré par Reconquête, s'adressant aux Juifs.
Ce démarchage utiliserait donc une base de données listant des français juifs.#presidentielles2022 pic.twitter.com/JkI0aNZ2cY
Dans le texte diffusé, le candidat, qui a récolté 7,1 % des voix au premier tour de l’élection, dénonce les «racailles» qui «pourrissent la vie» des Juifs ainsi que «l’explosion» des actes antisémites qu’il associe à «l’expansion de l’islam qui ravage notre pays».
Un des responsables de la campagne de Reconquête assure que ce démarchage politique a été mis en place à l'aide d'un courtier en données personnelles, qui achète des bases de données pour en faire commerce. Les membres de la communauté juive ont été identifiés parmi ceux qui ont montré un intérêt pour «le sujet de l’antisémitisme en France et en Europe», précise la même source, qui ajoute avoir organisé une campagne similaire pour la communauté catholique.
L'équipe de campagne de Reconquête affirme, selon BFMTV, «avoir reçu l'assurance par son prestataire que les personnes visées avaient donné leur accord pour que leurs données soient partagées».
La Cnil, interpellée par des utilisateurs, affirme auprès de la chaîne d’information en continu avoir ouvert une instruction sur le sujet. La Commission stipule que «le traitement des données à caractère personnel qui révèle (...) les convictions religieuses est interdit».
Il existe certaines exceptions à cette interdiction: si la personne a fourni son consentement «écrit, clair et explicite», si les données sont nécessaires dans un but médical, si leur utilisation est justifiée par l’intérêt public, ou enfin si elles «concernent les membres ou adhérents d’une association ou d’une organisation politique, religieuse, philosophique, politique ou syndicale».
Si la Cnil constate une infraction, elle peut décider d'une mise en demeure ou de sanctions comme des amendes, par exemple.