MARSEILLE : Jeudi, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, était en visite à Marseille. Il a déclaré vouloir « taper au portefeuille » les narcotrafiquants qui ont désormais les moyens de « corrompre » les agents ou de les menacer, et a assuré vouloir mettre « les moyens contre le blanchiment d'argent ».
« Il faut taper au portefeuille », a déclaré le ministre aux journalistes, à l'issue d'entretiens au tribunal judiciaire de Marseille, soulignant que « les peines de prison ne sont pas totalement dissuasives pour les plus grands délinquants, parfois condamnés à des dizaines d'années de prison sans pour autant arrêter leur trafic ».
Le ministre a en particulier évoqué « la confiscation des biens mal acquis, comme l'argent, les voitures et les biens immobiliers », en France comme à l'étranger. Il a ainsi annoncé qu'il se rendrait « autour du 20 janvier » aux Émirats arabes unis, où prospèrent certains narcotrafiquants identifiés, afin d'améliorer la coopération judiciaire.
« Cette question du blanchiment doit être la plus importante, car on peut faire mal aux trafiquants avant même leur condamnation », a-t-il insisté, rappelant qu'une loi permet des saisies avant un jugement.
« Quand la criminalité organisée a assez de moyens pour avoir des réseaux téléphoniques parallèles, des circuits de financement à l'étranger, mettre de l'argent dans l'immobilier ou la restauration, et corrompre ou menacer des agents, nous sommes à un point de bascule pour la République, et nous devons collectivement nous réveiller ».
Le ministre a ainsi déclaré vouloir alourdir les peines de ceux qui corrompent et/ou menacent ces agents de l'État.
Il a également annoncé son intention de donner des instructions dans la circulaire de politique pénale aux procureurs pour que les atteintes, les menaces et les corruptions envers les agents publics soient poursuivies avec la plus grande fermeté et « particulièrement condamnées ».
Revenant sur sa proposition polémique de renforcer l'isolement en détention « des 100 plus grands narcotrafiquants », M. Darmanin a expliqué vouloir mettre en place « une sorte de programme starter », s'inspirant de l'immobilier avec des « appartements-témoins ».
« Je constate que lorsque ces narcobandits sont mis à l'isolement, un certain nombre d'assassinats ciblés s'arrêtent », a-t-il dit, expliquant avoir demandé à l'administration pénitentiaire de lui remonter les 100 profils demandés, pour qu'ensuite « nous puissions montrer cet appartement-témoin, que j'espère généraliser à l'ensemble de ceux qui continuent leur trafic de prison ».
Mercredi après-midi, le ministre de la Justice devait visiter un centre éducatif fermé, puis se rendre à la maison d'arrêt marseillaise des Baumettes, dont la directrice et le chef de la détention ont dû être temporairement relevés et placés sous protection début décembre, après avoir été menacés par un narcotrafiquant.