Il est malheureusement devenu plus difficile de vendre la paix et la tolérance dans notre monde que la terreur, la mort et la destruction, surtout dans la presse mondiale.
Ces dernières semaines, c'était la guerre en Ukraine qui faisait la une des journaux. Aujourd'hui, l'attention au Moyen-Orient a été détournée vers la nouvelle vague de terreur qui a enlevé des vies innocentes à Hadera, Be'er Sheva et Bnei Brak.
Dans mon pays, un incident survenu lors de la cérémonie des Oscars à Hollywood le week-end dernier a pu éclipser les crimes atroces commis en Israël. Telle est la triste réalité.
Il faudra donc vraiment chercher pour trouver des informations en Amérique concernant les réunions qui ont récemment eu lieu dans le désert du Néguev. C'est dommage, parce qu'elles revêtent un caractère à la fois significatif et historique.
Depuis quelques jours, pour ceux qui l'auraient manqué, les ministres des Affaires étrangères des EAU, des États-Unis, de l'Égypte, d'Israël, du Maroc et de Bahreïn se sont réunis pour un sommet extraordinaire à Sde Boker en Israël. Si vous avez déjà eu la curiosité de voir le véritable contraste entre les bâtisseurs de paix dans notre monde et ceux qui cherchent à [tout] détruire, c'est là, sous nos yeux, que tout s'est joué.
Le simple fait que ces hauts responsables se soient réunis en Israël est impressionnant. Et le fait qu'ils aient tous, à l'unisson, condamné les récents attentats meurtriers est vraiment émouvant. De l'autre côté du gouffre mondial entre le bien et le mal, le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah (un mandataire iranien) ont félicité les attaquants.
Voilà donc un exemple du choc auquel notre monde est confronté : un conflit entre les bâtisseurs de ponts et ceux qui utilisent la terreur pour nous diviser en fonction de leurs propres objectifs pervers.
Il existe aussi un autre élément important qui ne doit pas être négligé. Il est désormais évident que toutes ces nations qui ont établi des liens avec Israël partagent les mêmes ennemis dans la région, à savoir les groupes terroristes, dont certains opèrent au nom d'idéologies sunnites ou chiites.
Par conséquent, le sommet du Néguev – ainsi que le sommet trilatéral de Charm el-Cheikh auquel ont participé le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi, le prince héritier des EAU Mohammed ben Zayed al-Nahyan et le Premier ministre israélien Naftali Bennett – revêt une importance sans précédent.
L'alliance américano-israélienne doit œuvrer à la prévention de la nucléarisation de l'Iran.
Ronald S. Lauder
Ces réunions renforcent les accords de paix d'Abraham de 2020 et établissent les bases d'une alliance encore plus large entre la plupart des nations arabes, l'État d'Israël et peut-être même la Turquie. Le rêve apparemment insaisissable d'un « nouveau Moyen-Orient » semble ne plus être un simple rêve, même s'il faut chercher longtemps pour en trouver une trace dans la plupart des journaux.
Tout cela s'explique par deux facteurs. La crainte de l'influence croissante de l'Iran dans la région – et de son accès potentiel aux armes nucléaires, si le nouvel accord proposé par les États-Unis et l'Europe est approuvé – a incité les Juifs et les Sunnites à joindre leurs forces pour faire face à la menace chiite radicale.
Par ailleurs, la profonde déception à l'égard des politiques semi-isolationnistes de l'Amérique incite les dirigeants arabes modérés à reconnaître que le seul allié qui soit digne de confiance est leur petit mais puissant voisin : Israël.
Cela a entraîné la mise en place de relations diplomatiques complètes, d'accords de libre-échange, de vols directs, d'un tourisme florissant et d'initiatives économiques ambitieuses entre Israël et ses voisins du Golfe, créant ainsi une nouvelle structure régionale remarquable qui émerge sous nos yeux.
Le renforcement des mesures de coopération relatives au renseignement et à la sécurité fait également partie des bases de ce nouveau réseau impressionnant.
Israël, Bahreïn, le Maroc, les Émirats arabes unis, la Jordanie et l'Égypte, ainsi que les États-Unis, devront déployer de gros efforts pour développer l'initiative audacieuse qu'ils ont déjà lancée.
En outre, il faut que les États-Unis et Israël deviennent des partenaires actifs dans une alliance de défense régionale qui puisse fournir au monde arabe modéré un Dôme de fer stratégique. L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc ainsi que d'autres nations arabes doivent également collaborer pour atténuer le conflit israélo-palestinien et empêcher une catastrophique solution d’État unique. Quant à l'alliance américano-israélienne, elle devrait œuvrer à la prévention de la nucléarisation de l'Iran et à la sauvegarde de la sécurité énergétique de l'Occident, compte tenu de la situation d'incertitude résultant de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Cette idée semble sans doute utopique, mais elle ne l'est pas. Le président égyptien Anouar el-Sadate, les premiers ministres israéliens Menachem Begin, Yitzhak Rabin et Shimon Peres, ainsi que le roi Hussein de Jordanie étaient tous de véritables visionnaires : ils ont osé rêver de paix alors que le Moyen-Orient était quotidiennement en proie à des effusions de sang, et ils ont rendu le monde meilleur et plus sûr, et non plus pauvre et plus dangereux, grâce aux efforts qu'ils ont déployés au cours de leur vie héroïque.
Aujourd'hui, voir les ministres des Affaires étrangères de l'Égypte, des Émirats arabes unis, du Bahreïn et du Maroc réunis avec le secrétaire d'État américain en Israël nous laisse espérer que la paix est encore réalisable, et cet espoir ne devrait pas – ou plutôt ne doit pas – être gaspillé.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com