Salam Aleykoum et Shalom, chers cousins musulmans et chrétiens!
Je suis conscient qu’il est difficile pour des voix comme la mienne de se faire entendre en ce moment, mais je demeure fermement convaincu que tout bâtisseur de ponts qui souhaite qu’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens soit établie ne peut garder le silence.
Je suis certain que la majorité des enfants d’Abraham se souviendront un jour de ce qui nous unit et qu’ils sont conscients que la paix est la meilleure option. Nous devons commencer à travailler le plus tôt possible en vue de mener à bien un seul et même objectif: un avenir avec une solution à deux États.
Certains me qualifient de rêveur en raison de mes idées. Oui, je rêve de paix. En réalité, je crois qu’il faut être rêveur pour pouvoir bâtir des ponts. Ainsi, les rêves peuvent devenir réalité. Et je ne suis pas le seul à le croire.
Shimon Peres était, lui aussi, un rêveur. Il n’a jamais cessé de croire que nous pourrions un jour vivre tous ensemble en paix dans cette région, mais aussi nous unir contre le terrorisme et les menaces.
J’ai eu la chance d’avoir de longues conversations avec lui au fil des années sur l’importance d’une solution à deux États. Il était convaincu de l’importance de s’adresser à tous les pays du Moyen-Orient et croyait fermement qu’il y aurait un jour la paix avec toutes ces nations.
Je l’ai vu peu de temps avant son décès, il m’a dit en privé: «S’il vous plaît, n’abandonnez pas les efforts de paix. Ce ne sera pas facile, mais cela en vaut la peine.»
Tous les traités de paix conclus par Israël avec les États arabes lui tenaient à cœur, tout comme j’y accorde aussi une très grande importance.
Malheureusement, les attentats du 7 octobre et leurs conséquences nous ont mis des bâtons dans les roues. Les derniers mois ont été difficiles, désastreux et riches en émotions pour toutes les forces de paix, de coexistence, ainsi que pour les bâtisseurs de ponts.
Nous devons supposer que l’objectif du Hamas, du Djihad islamique et de l’Iran était de détruire tous les efforts en cours pour une paix à plus grande échelle au Moyen-Orient, en plus d’anéantir le travail des bâtisseurs de ponts et de remplacer l’espoir par le désespoir, les amitiés par l’animosité et l’ouverture par la méfiance.
Depuis les attentats du 7 octobre, nous, au Congrès juif mondial, avons constaté une augmentation des rapports qui font état de crimes et de discours de haine. On assiste à une recrudescence de l’antisémitisme et de l’islamophobie.
Nous vivons une époque où les gens consacrent plus de temps et d’énergie à créer davantage de divisions qu’à construire des ponts. Au lieu de prendre le temps de lire et de réfléchir, des personnes de tous horizons et qui occupent des postes de direction différents semblent enclines à croire aux mensonges et aux théories du complot qui se propagent.
Tout cela sert les intérêts des extrémistes de tous bords. Les gens haineux ne craignent rien de plus que le rapprochement entre Israéliens, Arabes, juifs, chrétiens et musulmans en tant que peuple, puisqu’ils exercent leur pouvoir en semant la division et la peur.
Il est essentiel que nous ne commettions aucune erreur. Il ne s’agit pas seulement de personnes mal informées, mais aussi de personnes hautement compétentes qui tombent dans le piège des préjugés ou de la propagande des diviseurs et des gens haineux.
Parvenir à un accord entre Israéliens et Palestiniens pourrait s’avérer plus difficile, mais je suis persuadé que cela n’est pas impossible et qu’il constituerait, à long terme, la bonne réponse et l’antidote contre la haine, l’antisémitisme ou l’islamophobie.
Le temps presse et nous ne devrions plus tarder pour prendre les mesures nécessaires en vue d’établir un cadre de paix.
Comme je l’ai déjà écrit dans ces colonnes, je crois que nous avons besoin d’un plan Marshall pour les territoires palestiniens. Non seulement pour reconstruire des maisons, mais aussi pour contribuer à la création d’une infrastructure éducative et d’une économie qui offriront, en particulier aux jeunes Palestiniens, de nouvelles perspectives.
Des pays comme l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie, ainsi que toutes les nations qui ont adhéré aux accords d’Abraham, en plus des États-Unis et de l’Europe, ont un rôle important à jouer, notamment en garantissant que les fonds parviennent aux bonnes personnes et qu’ils soient utilisés pour les projets adéquats.
Le moment est venu pour tous les bâtisseurs de ponts – y compris les dirigeants politiques et religieux – d’unir leurs efforts et d’avancer sur la voie de la paix.
L’histoire nous a montré qu’il est possible d’y parvenir; il est possible que des ennemis qui se battaient les uns contre les autres se retrouvent autour de la même table après avoir compris que le chemin de la paix est celui qui mène à un avenir meilleur pour leurs enfants et petits-enfants.
Au bout du compte, j’espère que nous pourrons tous voir ce que Shimon Peres a vu: «La paix avec les Palestiniens favorisera la paix tout autour de la Méditerranée. Le devoir des dirigeants est de rechercher sans cesse la liberté, même face à l’hostilité, au doute et à la déception. Imaginez ce que nous pourrions accomplir.»
Nous ne devons jamais baisser les bras et voir ce que la paix nous apportera à tous.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
Ronald S. Lauder est président du Congrès juif mondial.
X: @lauder_ronald
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com