Un colloque à l’Assemblée nationale plaide pour l'égalité Femmes-Hommes

Le colloque a réuni des acteurs associatifs du monde économique, culturel et médiatique, afin de débattre des enjeux de la société et plus particulièrement de la place des femmes et de la diversité dans la République. Photo Hakima Bedouani.
Le colloque a réuni des acteurs associatifs du monde économique, culturel et médiatique, afin de débattre des enjeux de la société et plus particulièrement de la place des femmes et de la diversité dans la République. Photo Hakima Bedouani.
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Publié le Mardi 22 mars 2022

Un colloque à l’Assemblée nationale plaide pour l'égalité Femmes-Hommes

  • Le colloque a réuni des acteurs associatifs du monde économique, culturel et médiatique
  • «C’est un combat difficile et nous continuons à affirmer que la diversité est un cadeau et non un fardeau», souligne la présidente et fondatrice de l’association Les Marianne de la diversité

PARIS: «La place des femmes et de la diversité, un nouvel enjeu démocratique», tel est le thème du colloque qui a été organisé à l’Assemblée nationale, le 15 mars 2022, par Les Marianne de la diversité, en présence de Nadia Hai, ministre déléguée auprès du ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargée de la ville; Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris et du XVIIIe arrondissement; et Fadila Mehal, présidente et fondatrice de l’association Les Marianne de la diversité.

Colloque d’intérêt général

Le colloque a réuni des acteurs associatifs du monde économique, culturel et médiatique, afin de débattre des enjeux de la société et plus particulièrement de la place des femmes et de la diversité dans la République. «Ce colloque est d’intérêt général», affirme Nadia Hai, qui précise que c’est dans le but de voir plus de femmes et plus de diversité dans la représentation nationale qu’elle est entrée en politique en 2017.

colloque
Créée après les émeutes des banlieues de 2005, l’association Les Marianne de la diversité mène, depuis deux décennies, le combat de la visibilité et de la promotion des femmes issues de la diversité. Photo Hakima Bedouani.

«Depuis que je suis devenue ministre, je fais de la visibilité des jeunes filles et des femmes dans nos quartiers une priorité du ministère de la Ville», dit-elle lors de son allocution. «Avec le soutien très appuyé des parlementaires, nous avons voulu voir plus de femmes dans la gouvernance des associations et des instances de participations citoyennes et en politique. Nous voulons que dans le monde économique, cette question de l’égalité entre les hommes et les femmes soit non seulement une priorité, mais qu’elle soit aussi inscrite dans le marbre de la loi, afin que les femmes puissent participer activement aux enjeux de transformations de notre pays, notamment dans les secteurs d’avenir, comme indiqué dans les rapports de Femmes et sciences, ou encore dans d’autres rapports élaborés par les délégations des droits des femmes pour faire avancer ces questions au sein des secteurs stratégiques», ajoute-t-elle.

 

EN BREF

Intitulée «Nouvelle gouvernance dans les grandes entreprises, dix ans après la loi Copé-Zimmerman, bilan et perspectives», la première table ronde a réuni Marie-Jo Zimmerman, membre honoraire du Parlement, conseillère départementale de la Moselle, coauteure avec Jean-François Copé de la loi sur les conseils d’administration et auteure de nombreuses propositions de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans les domaines professionnel et politique; Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’État aux transports (1993-1995) et secrétaire d’État au commerce extérieur (2008-2010), PDG de la RATP (2002- 2006) et de la SNCF (2006-2008); Agnès Touraine, PDG d’Act III consultants, cabinet dédié aux transformations numériques et ancienne PDG de Vivendi Universal Publishing et Florence Gabay, vice-présidente de l'institut Robert Schuman pour l'Europe et commissaire auprès des Nations unies pour la région Afrique.

table ronde
De droite à gauche: Marie-Jo Zimmerman, membre honoraire du Parlement, conseillère départementale de la Moselle; Agnès Touraine, PDG d’Act III consultants, cabinet dédié aux transformations numériques et ancienne PDG de Vivendi Universal Publishing; Florence Gabay, vice-présidente de l'institut Robert Schuman pour l'Europe et commissaire auprès des Nations unies pour la région Afrique; et Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’État aux transports (1993-1995) et secrétaire d’État au commerce extérieur (2008-2010). Photo Hakima Bedouani.

 

«Pour atteindre cet objectif de visibilité des femmes et dans le cadre de la feuille de route du ministère de la Ville, le critère de la promotion des droits des femmes est devenu un indicateur de financement central, poursuit la ministre Nadia Hai. Nous avons décidé de structurer nos actions par un accompagnement à l’échelle nationale et d’accompagner toutes les initiatives individuelles portées par les femmes en faveur de la médiation citoyenne. Sans oublier, précise-t-elle, l’enjeu de la visibilité des femmes et de la diversité dans les médias et sur les réseaux sociaux, car cela est aussi essentiel pour que la femme prenne toute sa place dans la société et que le monde de la création audiovisuelle et cinématographique soit un reflet de la diversité et de la société française que nous connaissons aujourd’hui», conclut-elle.

Promotion des femmes issues de la diversité

Créée après les émeutes des banlieues de 2005, l’association Les Marianne de la diversité mène, depuis deux décennies, le combat de la visibilité et de la promotion des femmes issues de la diversité. «C’est un combat difficile et nous continuons à affirmer que la diversité est un cadeau et non un fardeau, souligne Fadila Mehal, présidente et fondatrice de l’association, lors de son intervention à l’ouverture du colloque. Malgré les mauvais moments, les mauvais temps, le repli sur soi et le communautarisme […], les populismes qui font de l’étranger le bouc émissaire de tous nos malheurs et toutes nos difficultés, poursuit-elle, Marianne nous sommes, car nous chérissons ces valeurs: liberté, car nos parents ont payé le prix fort par l’exil et le déracinement; égalité qui se dérobe parfois aux talents; et fraternité, qui plus que jamais, reste le ciment de cohésion sociale et surtout, notre humanité. Marianne, certes, mais aussi de la diversité, car jamais nous ne renoncerons à nos histoires, à nos héritages, à nos mémoires, dit-elle. Marianne de la diversité comme les deux faces de la même pièce qui incarne la France d’aujourd’hui: unie dans ses droits et ses devoirs, et qui aspire à une culture commune qui n’est plus belle que lorsqu’elle additionne et élargit», ajoute-t-elle devant une assemblée conquise.

Manifeste de la parité

C’est dans cet esprit de combat pour la valorisation de la place des femmes et de la diversité que l’association Les Marianne de la diversité a rédigé un manifeste pour la parité à l’attention des partis politiques. Distribué aux participants et proposé à la signature, le document précise que le gouvernement, qui a décrété avec volontarisme l’égalité entre les femmes et les hommes – grande cause nationale du quinquennat –, a réalisé des avancées. Mais, lit-on aussi dans le document, le chemin reste long et des batailles restent à mener, notamment en politique. La parité progresse, mais il reste beaucoup à faire. «Le manifeste de la parité, adopté par les Marianne de la diversité, témoigne de notre volonté de donner aux femmes la place qu’elles méritent dans la représentation nationale pour qu’elles participent activement au renouvellement de nos élites et à la rénovation de notre démocratie», mentionne-t-on encore.  

Les femmes de divers horizons s’engagent

Afin de dresser le bilan des avancées, des obstacles et des actions à mener, et d’assurer la valorisation de la place des femmes et de la diversité dans divers domaines – politique, économique, culturel et médiatique –, deux tables rondes réunissant des femmes et des hommes inspirants, engagés dans le monde politique, entrepreneurial et associatif, ont été programmées à cette occasion.

 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.