Argent liquide ou carte ? La confusion règne autour du nouveau système de paiement du Liban

Le Liban est confronté à une crise du carburant qui depuis quelques mois provoque de longues files d'attente dans les stations-service. (AFP/File)
Le Liban est confronté à une crise du carburant qui depuis quelques mois provoque de longues files d'attente dans les stations-service. (AFP/File)
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Publié le Dimanche 13 mars 2022

Argent liquide ou carte ? La confusion règne autour du nouveau système de paiement du Liban

  • Les supermarchés exigent une répartition des paiements entre espèces et cartes, alors que les stations-service refusent d'accepter le paiement par carte
  • La crise ukrainienne aggrave la « dépression inflationniste » du pays, et les gens pourraient bientôt manquer d'argent pour acheter du carburant

BEYROUTH : Les propriétaires de supermarchés au Liban ont accusé la Banque du Liban d'avoir adopté des « mesures strictes » pour introduire un nouveau système de paiement pour leurs clients.

La nouvelle mesure de la banque centrale exige le paiement de 50 % de la valeur des achats en espèces, et de 50 % par carte bancaire, en raison de la « faible liquidité « des marchés, selon Nabil Fahed, chef du Syndicat des propriétaires de supermarchés.

Ce changement est intervenu le jour même où les propriétaires de stations-service ont décidé de ne plus accepter le paiement du carburant par carte bancaire.

Le Dr Jassem Ajaka, économiste, a qualifié les répercussions de « catastrophiques sur le plan économique, tant que la quantité de billets en livres libanaises qu'un citoyen peut retirer dans les banques est limitée alors que les prix augmentent ».

Cette situation, a-t-il affirmé, inciterait les gens à consommer moins, ce qui entraînerait une baisse du PIB et une contraction plus importante de l'économie.

Charles Arbid, président du Conseil économique et social, a déclaré que le Liban « connaît une dépression inflationniste : c'est-à-dire que la consommation et l’activité économique sont bloquées. »

Les prix d'exploitation augmentent également pour des secteurs tels que l'énergie et le transport, des développements qui, selon lui, nécessitent le lancement immédiat d'un dialogue participatif tridimensionnel au niveau du gouvernement avec les employeurs et les travailleurs afin de concevoir des solutions et de prendre des mesures.

Il a ajouté : « Aucune solution n'est magique et facile à trouver. »

L'Association des banques du Liban, quant à elle, versera l'aide sociale approuvée par le gouvernement aux employés du secteur public, y compris les militaires.

Cette aide est équivalente à la moitié d'un salaire supplémentaire par mois, avec un minimum de 1,5 million de livres libanaises (909 euros) et un maximum de 3 millions de livres. 60 % de cette somme est versée en espèces, et d'autres moyens de paiement sont en cours pour transférer les 40 % restants par carte bancaire ou par chèque.

Nawal Nassr, présidente de l'Association du personnel de l'administration publique, a déclaré : « Nous ne pouvons plus nous permettre d'être traités avec ce niveau d'absurdité. »

« Jusqu'à présent, nous nous sommes engagés à respecter une journée de présence et nous cesserons de le faire si cette procédure est appliquée. »

Les répercussions de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a exacerbé la crise pétrolière mondiale et ses dérivés, ont également impacté le Liban.

Un gallon d'essence dans le pays méditerranéen coûte actuellement 500 000 livres, et doit désormais être payé en espèces.

Abdo Saade, chef d'un groupe de propriétaires de générateurs privés, a prévenu samedi que les frais d'abonnement mensuels allaient augmenter de 30 à 40 % en raison du prix élevé du mazout pour ses générateurs.

Les prix varient actuellement entre 800 000 et 2 millions de livres, et peut-être même plus en fonction de la consommation, a-t-il dit,

« Après le 15 mars, nous risquons d'éteindre les générateurs dans la plupart des régions en raison de l'incapacité des gens à payer les frais de consommation et du manque de liquidités », a-t-il ajouté.

La grave crise économique à laquelle le Liban est confronté depuis deux ans a empêché les transferts bancaires vers l'étranger, plusieurs banques ayant introduit de nouvelles règles pour gérer les dépôts.

Les plafonds de retrait en livres libanaises et en dollars ne sont plus en adéquation avec les sommes dont les citoyens ont besoin pour régler leurs dépenses.

Les commerçants affirment qu'ils ont eu recours à cette procédure parce qu'ils paient les importateurs en espèces pour leurs marchandises.

Ajaka explique : « Pourquoi veulent-ils payer en espèces ? La première raison est que les fournisseurs n'acceptent que les espèces, ce qui signifie que le problème se situe au niveau du fournisseur, dont les motivations doivent être examinées. La deuxième raison est que les négociants travaillent avec des personnes illégales. La troisième raison est que les gens veulent conserver des espèces pour se préserver en cas de détérioration de la situation. »

Il a souligné que les commerçants « prétendent que les banques leur demandent de placer leurs revenus quotidiens dans (les) banques pour qu'elles transfèrent l'argent en espèces à leurs employés lors du paiement de leurs salaires. »

Ajaka a ajouté que la dépendance à l'égard de l'argent liquide augmentait l'évasion fiscale, car les commerçants déclarent moins leurs activités, et privait le secteur bancaire de ressources à réinjecter dans l'économie.

Un directeur de banque de Beyrouth, qui a refusé d'être nommé, a déclaré à Arab News que la BDL « active un texte bancaire pour assécher le marché de la lire (livre) libanaise, en plus de prendre d'autres mesures visant à freiner le marché noir qui manipule le taux de change du dollar ».

« Dans le même temps, elle a décidé de ne pas répondre aux demandes de liquidités en livres libanaises formulées par les banques, leur demandant de les obtenir sur le marché. »

Le directeur de la banque a ajouté : « La banque centrale estime que les liquidités en livres qui en sont sorties en quantités énormes ne sont pas revenues à la banque centrale. Alors où est allé cet argent ? Il est soit stocké, soit utilisé pour alimenter le marché noir. »

Selon la source, bien que la Grèce ait adopté cette mesure pendant sa crise économique, elle ne peut rester en vigueur longtemps.

Ajaka pense que les autorités vont probablement « publier des lois et des décrets pour obliger les commerçants à accepter les paiements par carte bancaire, car il n'est pas possible de continuer à utiliser de l'argent liquide dans ces conditions ».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.