LONDRES: Google vient d'achever un projet colossal de numérisation de 40 000 manuscrits maliens sortis clandestinement de Tombouctou, préservant ainsi ces documents historiques et rendant leurs connaissances accessibles au public.
Ces manuscrits, d’une valeur inestimable, datent du 11e siècle. Ils devaient être préservés du danger que représentent les groupes islamistes ayant pris le contrôle de vastes régions du nord du Mali en 2012.
Tombouctou, qui était autrefois un carrefour universitaire, culturel et de pensée islamique, fait maintenant face à la menace permanente des insurgés.
La ville possédait une bibliothèque aux liens étroits avec le Moyen-Orient et la Méditerranée. Le lieu abritait des ouvrages de mathématiques, de médecine, d'astronomie et même quelques plaidoyers pacifistes d'inspiration islamique. On pouvait également y consulter des manuscrits en langue hébraïque.
Le tout écrit sur plusieurs qualités de parchemins, allant du papier italien à la peau de chèvre, de mouton et de poisson. Signe du rôle central du commerce de l'or dans le pays, certains sont ornés de feuilles de ce métal précieux.
La numérisation de cette bibliothèque a duré neuf ans. Les manuscrits ont été mis en ligne sur le site web Mali Magic et peuvent dès à présent être consultés par tous.
Les extrémistes représentent une menace constante pour le patrimoine culturel du Mali. Tombouctou est d'ailleurs brièvement tombée sous le contrôle de tels insurgés en 2016.
L’urgence archéologique a été déclarée par le Conseil international des musées la même année. L'institution avait eu vent du fait que de grandes quantités de trésors maliens, notamment des manuscrits, des statues en terre cuite et des bijoux, étaient pillés par des djihadistes et vendus sur le marché noir.
Une fois que la ville sécurisée, les bibliothécaires de Tombouctou ont reçu l’aide de Google pour numériser les textes.
Selon Abdel Kader Haidara, à l'origine de l'opération de contrebande, seules quelques centaines de textes, sur plusieurs dizaines de milliers, ont été perdus dans un incendie déclenché par les insurgés.
Les ouvrages représentent pour lui «le long héritage du savoir écrit et de l’excellence académique en Afrique, et ont le potentiel d’inciter à l’apprentissage du passé pour mieux faire face aux problèmes d’aujourd’hui».
«On dit souvent que toute l'histoire de l'Afrique est orale. Nous avons ici plus de 400 000 manuscrits écrits par des Africains.» Cette accessibilité retrouvée, Haidara la qualifie de «véritable Renaissance».
Pour Chance Coughenour, responsable de programme et archéologue numérique chez Google Arts et Culture, a déclaré au Times:
L'archéologue numérique Chance Coughenour, employé par Google Arts and Culture sur le projet, a réagit auprès du Times.
«Nous sommes honorés de soutenir nos partenaires avec notre technologie et de rendre leur travail accessible au public du monde entier» s'est-il réjouit.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com