Espoir à Vienne

Le palais de Coburg où se déroulent les négociations sur le nucléaire iranien à Vienne. (AFP).
Le palais de Coburg où se déroulent les négociations sur le nucléaire iranien à Vienne. (AFP).
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Publié le Mercredi 02 mars 2022

Espoir à Vienne

Espoir à Vienne
  • Chacun se souvient de l’accord à Vienne en 2015, après d’interminables négociations entre ces mêmes partenaires, où l’Iran s’était engagé à renoncer à l’arme nucléaire en échange d’une levée des sanctions
  • Joe Biden avait annoncé avant son élection son intention de faire revenir les États-Unis dans l’accord de Vienne

Dans l’ambiance de tragédie créée par l’invasion russe de l’Ukraine, il semble paradoxalement que nous soyons très proches d’un accord dans la négociation de Vienne entre l’Iran et le groupe 5+1 comprenant les 5 membres permanents du conseil de sécurité et l’Allemagne.

Chacun se souvient de l’accord obtenu à Vienne en 2015, après d’interminables négociations entre ces mêmes partenaires, où l’Iran s’était finalement engagé à renoncer à l’arme nucléaire en échange d’une levée des sanctions imposées par la communauté internationale. Cet accord, critiqué par la droite américaine et Israël, a été dénoncé en 2018 par Trump qui a imposé à l’Iran des sanctions encore plus sévères. Le résultat fut calamiteux: non seulement l’Iran qui, selon Washington, devait s’effondrer, a résisté avec opiniâtreté aux sanctions américaines, mais il a progressivement repris ses travaux et se trouve aujourd’hui sur le point de posséder la technologie et les moyens de l’arme nucléaire.

Joe Biden avait annoncé avant son élection son intention de faire revenir les États-Unis dans l’accord de Vienne. Mais il a commis l’erreur d’entrer dans la négociation en exigeant d’obtenir en retour que l’Iran renonce à produire des missiles balistiques et cesse de soutenir les mouvements chiites en Irak, le Hezbollah libanais et le pouvoir alaouite de Bachar al-Assad. L’Iran a fermement refusé d’ouvrir la négociation sur ces bases qui n’avaient jamais été même évoquées dans l’accord de 2015 et, finalement, les Américains y ont renoncé. Mais cela a fait perdre un temps précieux.

Non seulement l’Iran qui, selon Washington, devait s’effondrer, a résisté avec opiniâtreté aux sanctions américaines, mais il a progressivement repris ses travaux et se trouve aujourd’hui sur le point de posséder la technologie et les moyens de l’arme nucléaire.

Dès lors, la négociation a repris, puis fut bientôt suspendue à cause des élections présidentielle et législatives iraniennes. Le modéré et réformateur Rohani ayant été battu, il a été remplacé par un nouveau président, Ebrahim Raïssi, représentant l’aile dure du régime. Malgré cela, les négociations ont repris à l’automne 2021 à Vienne. Désormais, tout le monde s’accorde à dire que le travail est pratiquement terminé et qu’un accord est à portée de main, ce que confirme l’agence de presse iranienne et les journaux du régime. 

Deux hommes ont joué un rôle déterminant dans cette négociation. Le premier est connu du monde diplomatique international. C’est Robert Malley, un diplomate américain chevronné, qui a travaillé auprès de Bill Clinton et de Barack Obama et qui était déjà le chef de la délégation américaine pour la négociation de 2015. Le second est moins connu. C’est un nommé Wang Kun, représentant de la Chine à l’ONU, homme discret mais pas effacé et qui est apprécié par ses partenaires occidentaux. Ils ont été les deux chevilles ouvrières des négociations. Si l’accord est conclu, on le devra pour une large part à ces deux hommes.

Mais le suspens est entier. Les Iraniens font encore deux demandes. Ils réclament la garantie que l’Amérique ne reviendra jamais en arrière et suggèrent à cet effet qu’une déclaration du Congrès américain en ce sens soit votée par les démocrates et les républicains. C’est évidemment impossible. Ils présentent enfin un ultime paquet de sanctions à lever qui ne sont pas incluses dans le projet d’accord parce qu’elles ne figuraient pas dans celui de 2015.

On le voit, c’est désormais l’heure de décider. On attend un signal du Guide suprême à Téhéran. Les Chinois, qui sont des alliés de l’Iran, y sont favorables. Les Russes aussi. Bref, l’espoir est permis.

 

Hervé de Charette est ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ministre du Logement. Il a aussi été maire de Saint-Florent-le-Vieil et député de Maine-et-Loire.

TWITTER: @HdeCharette

NDLR: L’opinion exprimée dans cette section est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d'Arab News en français.