Le 7 octobre 2023, le conflit israélo-palestinien a repris sa place en haut de l'agenda diplomatique international d'où il avait pratiquement disparu depuis quelques années en devenant une confrontation de basse intensité avec des crises récurrentes, mais mineures. Cette fois-ci, la violence de l'attaque du Hamas et de la réplique israélienne à Gaza change la nature même du conflit vieux de plus de soixante-dix ans.
D'abord, la frénésie des belligérants rend vains les efforts de la communauté internationale, en l'occurrence ceux des États-Unis, de l'Europe, et de quelques pays arabes, comme l'Égypte, le Qatar ou les Émirats arabes unis. Le gouvernement israélien leur oppose sa ferme volonté d'éradiquer le Hamas de Gaza et de continuer la guerre «pendant de longs mois», sans envisager le moindre calendrier vers un cessez-le-feu. Il affirme vouloir s'installer durablement à Gaza pour empêcher tout retour en arrière. Du côté du Hamas, on réaffirme l'ambition de reprendre le contrôle de la totalité de l'ancienne Palestine, même si, ici ou là, des déclarations ambiguës et non labellisées parlent des frontières de 1967. Les belligérants campent donc sur des positions maximalistes.
Peut-on sortir du piège mortel de la haine mutuelle? Il faudrait pour cela que deux conditions quasi révolutionnaires soient remplies. La première et la plus déterminante, ce serait que les États-Unis, premier acteur de ce drame, déclarent soumettre désormais strictement l'aide militaire et financière qu'ils apportent à Israël à la condition que celui-ci accepte la création à terme d'un État palestinien dans les frontières de 1967. Mais il faudrait aussi que les principaux dirigeants du monde arabe s'accordent pour prendre en main le sort des Palestiniens, écartent le Hamas, reconstituent une autorité palestinienne représentative et affirment une vision partagée, avec les moyens qui s'y attachent.
Les Houthis sont redoutables; ils ont fait la preuve de leurs capacités militaires au cours de l'interminable guerre civile qui a déchiré le Yémen durant dix ans. Pour mener à bien leur offensive en mer Rouge, ils sont équipés de missiles et de drones qui leur sont fournis par l'Iran, la Russie et la Chine, la funeste triple alliance antioccidentale.
Irréaliste ce scénario? Moins que certains le pensent. En tout cas, c'est l'intérêt évident de tous les peuples de la région qui sont victimes de cette guerre sans fin dont les effets désastreux se répandent bien au-delà des frontières israélo-palestiniennes. Nombre de dirigeants arabes le souhaitent. Ils avaient cru pouvoir se désintéresser du sort de la Palestine. Malheureusement, la logique de l'Histoire est venue se rappeler à notre bon souvenir.
Pour le moment, faute que soient prises les initiatives nécessaires, c'est la guerre sans fin qui s'impose. Deux faits le révèlent: d'abord, Benjamin Netanyahou a, de facto, lancé sa propre campagne en vue des élections législatives qu'il juge à bon droit inévitables dans les prochains mois. Dans l'état d'affliction où Israël est plongé, il est tout à fait capable de les gagner. Ensuite, il y a les agressions des Houthis contre le trafic maritime dans la mer Rouge dont l'importance ne doit pas être ignorée.
Les Houthis sont redoutables. Ils ont fait la preuve de leurs capacités militaires au cours de l'interminable guerre civile qui a déchiré le Yémen durant dix ans. Pour mener à bien leur offensive en mer Rouge, ils sont équipés de missiles et de drones qui leur sont fournis par l'Iran, la Russie et la Chine, la funeste triple alliance antioccidentale. Le soutien que les Houthis déclarent apporter au Hamas est un prétexte éhonté. Ils sont en réalité la pointe avancée de cette alliance qui a tendu un piège dans lequel les Américains ont eu le tort de tomber.
Avec ou sans l'intervention américaine, le trafic maritime international est en train de déserter le canal de Suez. L'objectif est de maintenir au Moyen-Orient un climat de tension maximale qui cloue au sol les forces de la paix, et d'affaiblir l'Europe et le clan occidental. C'est ainsi que la Chine et la Russie s'invitent à la table d'une négociation éventuelle au Moyen-Orient. C'est aussi un moyen pour Xi Jinping d'occuper la flotte américaine loin de la mer de Chine. Vue de Pékin ou de Moscou, la guerre sans fin a du bon.
Hervé de Charette est ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ministre du Logement. Il a aussi été maire de Saint-Florent-le-Vieil et député de Maine-et-Loire.
X: @HdeCharette
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