Samedi dernier, des milliers de personnes sont restées scotchées devant leurs écrans pour suivre l’horrible attaque terroriste survenue à la synagogue Congregation Beth Israel de Colleyville, au Texas. Un extrémiste islamiste a coupé la transmission en direct du service matinal du rabbin Charlie Cytron-Walker.
Cette prise d'otages dramatique qui a duré onze heures a rappelé au monde que l'islamisme radical continue de menacer le monde entier et qu'il convient de le combattre sur tous les fronts.
Malik Faisal Akram (44 ans) est un Britannique d'origine pakistanaise. Peu de temps avant l'attaque, il s'était envolé du Royaume-Uni vers les États-Unis avec une seule idée en tête : libérer sa « sœur dans l'islam » Aafia Siddiqui – connue aussi sous le nom de Lady Al-Qaïda – qui purge une peine de 86 ans dans une prison fédérale aux États-Unis pour avoir ouvert le feu sur des troupes américaines en 2010. Elle comptait parmi les terroristes les plus recherchés par le FBI jusqu'au jour où elle fut arrêtée en Afghanistan en 2008. Le mari d’Aafia n'est autre que le neveu de Khalid Sheikh Mohammed. Celui-ci a comploté dans les attentats du 11 septembre et assassiné le journaliste américain Daniel Pearl.
Akram a choisi la synagogue parce qu'elle se trouvait à proximité de l'endroit où Siddiqui était détenue, comme il l'a expliqué à ses quatre otages. Il a menacé de les abattre si on ne lui amenait pas Aafia. «Je ne libérerai pas les quatre otages tant que Aafia ne sera pas là », a-t-il dit au téléphone au négociateur du FBI.
Dans la ville de Blackburn, en Angleterre, Akram fréquentait la Masjid-e-Irfan, une mosquée liée au Déobandisme, une école de pensée islamiste d'Asie du Sud impliquée depuis longtemps dans des actes de violence et de terrorisme aussi bien en Asie du Sud qu'en Occident, comme le précise le directeur du programme de lutte contre l'extrémisme auprès du Middle East Forum, Sam Westrop. Il affirme par ailleurs qu'Akram serait affilié à Tablighi Jamaat, une organisation missionnaire déobandie. Issue d'une famille déobandie, Siddiqui a également coopéré avec diverses organisations terroristes appartenant à ce mouvement.
Lors d'une conversation téléphonique, John Westrop a insisté sur le profond danger posé par ce groupe. « Cela fait des années que les autorités et les journalistes britanniques avertissent du radicalisme des réseaux déobandis ; les analystes spécialisés dans la lutte contre l'extrémisme ont fait remarquer que ce mouvement contrôle plus de 40 % des mosquées du Royaume-Uni », a-t-il déclaré.
La débâcle survenue en Afghanistan et les piètres stratégies de politique étrangère du gouvernement Biden contribuent à la montée des activités des islamistes radicaux.
Dalia Al-Aqidi
En effet, la débâcle survenue en Afghanistan et les piètres stratégies de politique étrangère du gouvernement Biden contribuent à la montée des activités des islamistes radicaux. Le monde entier a vu le président américain Joe Biden confier l'Afghanistan à un groupe extrémiste. En outre, on pense que de nombreux dirigeants talibans, dont leur fondateur le Mollah Mohammed Omar, sont issus d’écoles déobandies. Selon toute probabilité, le preneur d'otages antisémite pensait, qu'en soumettant le gouvernement américain à un chantage, il le forcerait à libérer sur-le-champ sa camarade extrémiste.
Les déobandis ont-ils l’intention de s'installer aux États-Unis ? Probablement pas. Les Frères musulmans considèrent que l'Amérique fait partie de leur territoire ; ils ne permettraient donc pas aux autres groupes islamistes de crier victoire en Amérique du Nord ni de ruiner leurs ambitions politiques radicales.
Certains groupes islamistes américains affiliés aux Frères musulmans ont récemment lancé une campagne nationale pour contester la décision de la justice américaine et libérer Aafia Siddiqui ; le Council on American-Islamic Relations (Conseil des relations américano-islamiques-CAIR) fait partie de ces groupes. Ils la présentent comme une « prisonnière politique » injustement condamnée. Le même scénario s'est produit en 2014 : Daesh a exigé la libération de Siddiqui contre le journaliste américain James Foley, qui a été décapité par la suite par le groupe terroriste. Ce chantage montre à quel point cette femme est importante pour ces terroristes.
Combien de fois doit-on rappeler aux États-Unis qu'ils doivent agir avec fermeté contre les islamistes radicaux, au lieu de tolérer que leur idéologie se propage à l'intérieur de leurs frontières ?
L'administration Biden est tenue de désigner les Frères musulmans comme un groupe terroriste et d'agir en ce sens. Le président américain se doit d'ordonner au ministère de la Justice d'ouvrir une enquête sur les activités du Conseil des relations américano-islamiques-CAIR et ses liens avec les Frères musulmans.
Il incombe aux États-Unis de protéger ses alliés les plus proches en réinscrivant la milice houthie sur la liste du Département d'État américain des organisations terroristes à l'étranger. En outre, Washington doit refuser de se plier à la volonté de l'Iran et d'autoriser que ce dernier utilise ses drones contre Israël, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU) et les bases américaines en Irak et en Syrie.
L'idéologie islamiste radicale persistera tant que les services de renseignement américains et leurs homologues internationaux n'élaboreront pas une nouvelle stratégie et ne coopéreront pas de manière approfondie pour débusquer les terroristes, leurs sources de financement et leurs partisans.
Dalia al-Aqidi est chercheuse principale au Center for Security Policy. Twitter: @DaliaAlAqidi
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com