Le caviar, ou comment changer une calamiteuse image « m’as-tu-vu »

Des boîtes de caviar sont empilées sur un présentoir, le 10 décembre 1999 à Paris, dans les locaux de la célèbre maison Pétrossian fondée en 1920. (Jean-Pierre Muller / AFP)
Des boîtes de caviar sont empilées sur un présentoir, le 10 décembre 1999 à Paris, dans les locaux de la célèbre maison Pétrossian fondée en 1920. (Jean-Pierre Muller / AFP)
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Publié le Dimanche 19 décembre 2021

Le caviar, ou comment changer une calamiteuse image « m’as-tu-vu »

  • La manufacture Kaviari, qui travaille avec des chefs étoilés, s’associe avec Emmanuelle Jary dans une émission grand public très populaire sur Youtube
  • Il y a cent ans, ce sont les immigrés arméniens Melkoum et Mouchegh Petrossian qui doivent persuader César Ritz de mettre les oeufs d'esturgeons à la carte de ses palaces

PARIS : Des pâtes au caviar maison pour Noël ou une dégustation à la petite cuillère de nacre en apéro? Les chefs étoilés en raffolent, mais le produit est toujours perçu comme snob et ringard en France, une image que les marques cherchent à casser.

"L'image du caviar est calamiteuse: un truc pour les riches, show off, un peu ringard, cela ne donne pas envie", reconnaît Françoise Boisseaud, directrice générale du Comptoir du Caviar.

Dans la boutique à deux pas de la Madeleine à Paris, on est accueilli par une jeune équipe en T-shirt qui fait découvrir la différence entre le caviar d'esturgeon de Sibérie baeri noir et iodé, schrenki aux grains dorés ou osciètre aux notes de noisettes... On se pose des grains sur la main et on déguste à même la peau.

Ils font une cuisine "d'assemblage" à manger sur place en servant du caviar avec des oeufs, blinis ou burrata.

- Accessibilité des codes -

Une fois par mois, "on organise des soirées avec une ambiance festive, de la musique, on mange debout et on propose 20% de remise sur le caviar sur place", raconte  Jean-Christophe Viau, responsable de la boutique.

Décor minimaliste, boîtes simples avec des étiquettes colorées et cuisine faite par des non-professionnels, c'est un parti pris. "On mise sur l'accessibilité des codes", résume Françoise Boisseaud.

La manufacture Kaviari, qui travaille avec des chefs étoilés et organise dans ses locaux des déjeuners intimistes pour célébrer un palmarès ou la sortie d'un livre de gastronomie de leurs clients chefs étoilés, vient de s'associer avec Emmanuelle Jary qui anime une émission grand public très populaire sur Youtube, "C'est meilleur quand c'est bon".

La jeune femme qui promeut une cuisine accessible, engagée et décomplexée et dont le livre de recettes sorti en novembre est un grand succès, prépare des pâtes à la crème avec du caviar Kaviari. En commentant cette vidéo, on peut gagner un demi-kilogramme de caviar.

"50 grammes de caviar, 83 euros. Je ne dis pas que ce n'est pas cher, mais tu as un repas pour deux avec du caviar", dit Emmanuelle Jary.

- Culture à construire -

Il y a 100 ans, le caviar était méconnu en France. Ce sont les immigrés arméniens Melkoum et Mouchegh Petrossian qui doivent d'abord persuader César Ritz de mettre les précieux oeufs d'esturgeons de la Caspienne à la carte de ses palaces avant d'ouvrir leur boutique à Paris.

Mais il y avait à partir de l'entre-deux-guerre jusqu'à la disparition des esturgeons une tradition française dans la Gironde (sud-ouest), souligne Loïc Bienassis de l'Institut européen de l'histoire et des cultures de l'alimentation à Tours.

Aujourd'hui "c'est une culture à construire", déclare l'historien. "Un aliment doit être bon à penser", cite-t-il l'anthropologue Claude Lévi-Strauss. 

Le développement de la filière en France depuis l'interdiction du caviar sauvage en 2008, la baisse des prix due au passage à l'élevage et l'intérêt croissant pour les produits brut d'exception pourraient jouer en sa faveur.

"Les grands pâtissiers vendent un gâteau à 10 euros, nous vendons une boîte de caviar de 20 grammes pour deux à partir de 26 euros", souligne Françoise Boisseaud qui espère que le caviar suivra la voie du champagne qu'on consomme plus souvent qu'il y a 30 ans lorsqu'il était réservé pour les grandes occasions.

"En France, dès qu'on parle de caviar, on parle automatiquement d'argent. Les gens ne connaissent pas assez. On peut se faire plaisir avec une boîte de 30 grammes", déclare Stéphane Buron, chef doublement étoilé du restaurant Chabichou à Courchevel.

A la maison, inutile de reproduire ses recettes de bar ou Saint-Jacques au caviar, c'est aussi bon avec des fondues, des oeufs ou nature, dit le chef.

"Le caviar se suffit à lui-même", assure Mikaël Petrossian, troisième génération de la dynastie du caviar.

"Il n'a pas besoin de fioriture, d'argenterie, il doit être mangé de manière la plus simple possible: pas de blinis, pas de pain, juste la boîte et une petite cuillère".


Semaine de l'art à Riyad : Le Centre Al-Mousa réunit des artistes pionniers et émergents

Au cœur de la capitale saoudienne, le centre Al-Mousa s'est transformé en un centre de créativité dynamique, avec plus de 15 galeries présentant un mélange d'expositions individuelles et collectives dans le cadre de la semaine de l'art de Riyad. (AN Photo/Huda Bashatah)
Au cœur de la capitale saoudienne, le centre Al-Mousa s'est transformé en un centre de créativité dynamique, avec plus de 15 galeries présentant un mélange d'expositions individuelles et collectives dans le cadre de la semaine de l'art de Riyad. (AN Photo/Huda Bashatah)
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  • Avec l'ouverture d'un magasin d'encadrement, qui a rapidement prospéré, l'art a commencé à remplacer progressivement les vêtements dans le complexe
  • Si quelques magasins continuent de vendre des costumes et des robes, le centre commercial s'est depuis transformé en un centre culturel animé, abritant aujourd'hui une vingtaine de galeries d'art

RIYAD : Au cœur de la capitale saoudienne, le Centre Al-Mousa s'est transformé en un centre de créativité dynamique, avec plus de 15 galeries présentant un mélange d'expositions individuelles et collectives dans le cadre de la Semaine de l'art de Riyad. Cet événement rassemble des artistes novateurs et des étoiles montantes de la région et d'ailleurs, offrant une plateforme dynamique pour l'expression artistique contemporaine.

Ancien complexe commercial animé dans les années 1980, l'Al-Mousa Center était à l'origine une destination de choix pour les vêtements de mariage - où certains des meilleurs tailleurs de la ville exercent encore leur métier aujourd'hui. Le style architectural désuet du bâtiment confère une ambiance nostalgique à l'espace, évoquant des souvenirs du passé tout en offrant une toile de fond appropriée à l'art contemporain.

Nasser Al-Kharji, qui a fondé Art Connection, l'une des galeries participantes. (AN Photo/Huda Bashatah)
Nasser Al-Kharji, qui a fondé Art Connection, l'une des galeries participantes. (AN Photo/Huda Bashatah)

Avec l'ouverture d'un magasin d'encadrement, qui a rapidement prospéré, l'art a commencé à remplacer progressivement les vêtements dans le complexe. Si quelques magasins continuent de vendre des costumes et des robes, le centre commercial s'est depuis transformé en un centre culturel animé, abritant aujourd'hui une vingtaine de galeries d'art.

"Lorsque j'ai entendu parler de l'Art Week Riyadh, j'ai été très enthousiaste à l'idée d'y participer. Je suis un artiste saoudien de la troisième génération et j'ai 28 ans d'expérience en tant qu'ingénieur en maintenance aéronautique, pilote et pilote instructeur. Aujourd'hui, je suis artiste. Je suis originaire de Riyad, et c'est l'occasion pour nous de célébrer l'art et de mettre en valeur nos talents locaux", a déclaré Nasser Al-Kharji, qui a fondé Art Connection, l'une des galeries participantes.

Art Connection, l'une des galeries participantes (AN Photo/Huda Bashatah)
Art Connection, l'une des galeries participantes (AN Photo/Huda Bashatah)

Le père de M. Al-Kharji a lancé en 1965 une rubrique de bandes dessinées pionnière dans un journal saoudien local - un héritage que M. Al-Kharji honore en encadrant les colonnes bien en vue dans sa galerie, aux côtés de ses propres œuvres et de celles d'autres artistes de la région.

Perchées à l'étage, des galeries comme Ahlam Gallery se sont installées dans leur espace actuel de 360 mètres carrés en 2022, offrant une plateforme dynamique pour les artistes émergents et établis. Fondée par le Dr. Ahlam Al-Shedoukhy, un médecin à la retraite qui s'est tourné vers l'art comme source de guérison, la galerie est aujourd'hui l'un des plus grands espaces du complexe.

Parmi les autres galeries participantes figurent Abdullah Hammas Studio, Errm Art Gallery, Marsami Gallery et Alestudio, chacune contribuant à la riche diversité de la scène artistique en plein essor de Riyad.

Alors que la plupart des conférences organisées dans le cadre de la Semaine de l'art de Riyad se déroulent au JAX District à Diriyah, une table ronde spéciale intitulée "La valeur du passé est une mesure de l'avenir" s'est tenue au Centre Al-Mousa lundi. La discussion a porté sur la façon dont le patrimoine des arts visuels de l'Arabie saoudite fait non seulement partie de l'histoire de la nation, mais continue également à servir de source d'inspiration, façonnant l'avenir de l'art dans le Royaume.

La première Semaine de l'art de Riyad, organisée par la Commission des arts visuels, se déroulera du 6 au 13 avril, activant les galeries et les espaces créatifs de la ville. Ancré dans le quartier JAX de Diriyah, le programme de la semaine comprend une série d'expositions, de conférences et d'événements organisés qui soulignent la diversité et le dynamisme de la scène des arts visuels du Royaume, en pleine évolution. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


La créativité saoudienne est mise en lumière par l'exposition collective du studio Shashai

Le Salon annuel du Studio Shashai présente une tapisserie de perspectives et d'œuvres d'art. (AN Photo/Huda Bashatah)
Le Salon annuel du Studio Shashai présente une tapisserie de perspectives et d'œuvres d'art. (AN Photo/Huda Bashatah)
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  • La Semaine de l'art de Riyad fait de la capitale du Royaume une destination culturelle mondiale.
  • Princesse Al-Johara Saud Al-Saud : Cette œuvre reflète la façon dont les femmes ont nourri les familles et les communautés tout en assumant des rôles sociétaux souvent négligés.

RIYAD : L'exposition collective de la Semaine de l'art de Riyad, dans le district de JAX, rassemble un éventail d'artistes pour célébrer le patrimoine, susciter des conversations et mettre en valeur la richesse de la créativité saoudienne. L'exposition est visible jusqu'au 13 avril.

Le salon annuel du Shashai Studio présente une tapisserie étonnante de perspectives et d'œuvres d'art pour mettre à l'honneur les artistes individuels et la communauté artistique sous un même toit.

Cette explosion visuelle incarne l'esprit d'expérimentation et encourage les conversations autour de l'identité, de la culture et de la manière dont tradition et modernité interagissent.   

Les visiteurs peuvent découvrir les récits cachés derrière chaque œuvre d'art.   

Parmi les œuvres les plus remarquables, celle de la princesse Al-Johara Saud Al-Saud, intitulée « La lune », symbolise la force et la présence durables des femmes à travers l'histoire.

« Cette œuvre illustre le rôle des femmes dans la nutrition et l'entretien des familles et des communautés, tout en soulignant les responsabilités sociales souvent négligées », a-t-elle déclaré au journal Arab News.

Utilisant la laine de mouton naturelle comme support, l'œuvre met en lumière les compétences ancestrales des femmes en matière de tissage et de construction de maisons.

« Les femmes ont toujours été l'épine dorsale de notre société, soutenant les familles, les cultures et les traditions », a expliqué la princesse Al-Johara. Cet hommage aux femmes nous rappelle que leur rôle est multiple : de gardiennes à créatrices, leur contribution est inestimable.

Mona Bashatah, dont les œuvres explorent l'artisanat ancien de la péninsule arabique, a parlé de son récent projet représentant un pêcheur, un personnage symbolisant les traditions de la vie côtière profondément enracinées.

« Mon art s'inspire de la riche histoire de notre région et se concentre sur les récits qui doivent être partagés avec les nouvelles générations », a-t-elle expliqué. Ses œuvres ne se contentent pas d'être impressionnantes sur le plan visuel, elles servent aussi de support à la narration, reliant le passé au présent.

« J'ai choisi de m'inspirer du papier d'écorce de mûrier d'Asie de l'Est, créant ainsi un lien entre les routes commerciales historiques qui ont lié nos ancêtres à des terres lointaines et étendues », a-t-elle ajouté.

Ses esquisses entremêlent des thèmes liés à la pollution de l'environnement et à l'identité culturelle. Les illustrations racontent l'histoire de bergers et de marins qui ont joué un rôle vital dans les échanges entre l'Orient et l'Occident.

Elles représentent des souvenirs que les générations modernes peuvent oublier, faisant de son travail une célébration du patrimoine et un appel à la prise de conscience.   

L'artiste a également incorporé des textes du poète Khalil Gibran, fusionnant ainsi la littérature et l'art pour renforcer l'impact émotionnel de ses œuvres. « Mon intention est d'évoquer un sentiment d'appartenance et de fierté à l'égard de notre histoire », a déclaré Mme Bashatah.

Rashed Al-Shashai, fondateur et conservateur du studio, a évoqué la signification de l'exposition et l'importance de présenter des artistes émergents et établis au sein de la communauté artistique saoudienne, lors d'un entretien avec Arab News.

« Nous avons cultivé un environnement de dialogue culturel et artistique au Shashai Studio. Cette exposition présente différents artistes, chacun avec ses propres techniques et récits », a-t-il déclaré.

« Cette exposition marque l'aboutissement d'une année d'expérimentation et de collaboration.

Les visiteurs ont pu découvrir des œuvres d'artistes de renom tels que le calligraphe arabe Mazin Andijani et l'artiste contemporaine innovante Fatima Al-Attas.

La première édition de l'Art Week Riyadh célèbre la scène artistique dynamique de l'Arabie saoudite et rassemble les principales galeries locales et internationales, ainsi que les institutions culturelles et les entités artistiques, autour du thème général « At The Edge » (À la limite).

Cet événement d'une semaine favorise l'échange, le dialogue et la collaboration, et invite les amateurs d'art à explorer les thèmes des seuils, de la liminalité et des transitions dans l'art et la culture.

Le programme comprend des expositions dans des galeries, des expositions rares de collections privées, ainsi que des conférences, des ateliers et des spectacles.   

Organisée par la Commission des arts visuels du ministère de la Culture, la Semaine de l'art de Riyad est une plateforme non commerciale conçue pour nourrir, célébrer et positionner Riyad en tant que destination culturelle mondiale.

S'inspirant du passé et du présent comme points de départ, elle réimagine un écosystème artistique mondial interconnecté qui contribue à l'économie créative du Royaume tout en inspirant la préservation de la collection d'art et du mécénat.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Cinq gazelles des sables arabes ont vu le jour dans l'oasis de Buraidah

Le NCW a annoncé la naissance de cinq gazelles des sables d'Arabie, une espèce menacée, dans l'oasis de Buraidah. (SPA)
Le NCW a annoncé la naissance de cinq gazelles des sables d'Arabie, une espèce menacée, dans l'oasis de Buraidah. (SPA)
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  • Le Centre national pour la faune a annoncé la naissance de cinq gazelles des sables arabes, une espèce menacée, dans l'oasis de Buraidah,
  • Le centre poursuit la mise en œuvre de ses plans stratégiques visant à préserver la faune et la flore sauvages.


RIYAD : Le Centre national pour la faune a annoncé la naissance de cinq gazelles des sables arabes, une espèce menacée, dans l'oasis de Buraidah, dans le cadre de ses programmes d'élevage et de réinstallation.

Cette réalisation environnementale reflète les efforts nationaux visant à réimplanter la faune, à rétablir l'équilibre écologique dans le Royaume et à renforcer la durabilité de ses ressources naturelles, a rapporté mardi l'agence de presse saoudienne.

Le centre poursuit la mise en œuvre de ses plans stratégiques visant à préserver la faune et la flore sauvages et à enrichir la biodiversité dans le Royaume, conformément à l'Initiative verte saoudienne, à la Stratégie nationale pour l'environnement et à la Vision 2030.