À la même époque l'année dernière, si vous en croyiez les médias occidentaux, les perspectives pour Dubaï étaient désastreuses.
Un «exode des expatriés» était en cours dans l'émirat, déclenché par une récession pandémique qui avait transformé l'économie en un «château de cartes» qui s'effondrerait à tout moment sous une «montagne de dettes», selon les «experts».
Un an plus tard, c’est un virage à 180 degrés. Désormais, Dubaï est dépeinte comme une «ville en plein essor», où les «ultrariches» se bousculent pour trouver des tables dans des restaurants chics et des villas à dix millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) sont raflées par des acheteurs «habillés comme quelqu'un qui va jouer au basket», selon un récent rapport de volte-face.
Même en tenant compte de l’exagération médiatique, l'ambiance a certainement changé. La croissance du produit intérieur brut (PIB) de Dubaï devrait atteindre 3,1 % cette année et 3,4 % l'année prochaine. Par ailleurs, les transactions sur le marché immobilier marquent un point culminant depuis les huit dernières années, avec des valeurs en hausse de près de 25 % sur l'année. Même le marché boursier, qui a longtemps souffert, est revenu à la vie avec une progression de 30 %, dynamisé par une vague de cotations d'actions soutenues par le gouvernement.
L'Expo 2020, une cause de préoccupation pour les stratèges de l'émirat depuis son report l'année dernière, a été lancée en fanfare dans le monde entier et elle a répondu aux sceptiques en attirant de nombreux visiteurs et en étant unanimement saluée.
Dans une certaine mesure, le redressement de Dubaï est le reflet d'une amélioration plus large des perspectives économiques régionales. Avec des prix du pétrole en hausse la majeure partie de l'année, Dubaï bénéficie du facteur de bien-être de la ville voisine d'Abu Dhabi et de Riyad en plein essor.
Elle a également bénéficié de la décision du gouvernement des Émirats arabes unis (EAU) de pousser le programme de vaccination contre le Covid-19 au maximum. Les taux de double injection sont parmi les plus élevés au monde et de nombreux résidents de Dubaï reçoivent désormais des injections de rappel qui se sont révélées efficaces contre les nouveaux variants.
La foi dans les vaccins aux EAU s'est avérée être un facteur essentiel dans la stratégie de redressement postpandémie. Cela a donné aux décideurs politiques la confiance nécessaire pour annoncer une série de mesures visant à libéraliser l'économie et la société, attirant ainsi des personnalités internationales de haut vol de lieux tels que Singapour et Hong Kong, qui sont aux prises avec des problèmes de pandémie ou des problèmes politiques.
Si Dubaï s’est inspirée des décideurs politiques de la capitale Abu Dhabi, elle a également injecté son propre dynamisme dans la politique de reprise postpandémique. Une date clé de ce renouveau était le 7 juillet de l'année dernière, lorsque l'émirat a annoncé sa réouverture au tourisme après une fermeture de trois mois qui a durement touché ses hôtels, restaurants et centres commerciaux cruciaux.
L'économie de Dubaï repose sur 3 piliers – commerce, transport et tourisme – et elle a été ravagée par la fermeture mondiale. Mais l'été dernier, avant même qu'il n'y ait la moindre perspective immédiate d'un vaccin, la décision a été prise que l'émirat devait simplement rouvrir, ou faire faillite.
C'était bien avant la capitale Abu Dhabi, qui a été beaucoup plus lente à rouvrir et qui a maintenu des restrictions sur les voyages vers Dubaï jusqu'en 2021. La capitale, soutenue par ses réserves financières liées au pétrole, pouvait supporter le poids économique de la fermeture plus longtemps que Dubaï.
La foi dans les vaccins aux Émirats arabes unis s'est avérée être un facteur essentiel dans la stratégie de reprise postpandémie.
Frank Kane
Une autre date clé était le 9 novembre 2020, lorsque le premier vaccin a été dévoilé par Pfizer. Dubaï a fait un pari calculé: elle allait accélérer la réouverture, permettant aux touristes et aux voyageurs d'affaires de revenir, dans l'espoir qu'un déploiement rapide de la vaccination maintiendrait l'augmentation inévitable des taux d'infection à un niveau acceptable.
C'était une décision courageuse et le succès n'était en aucun cas garanti. Pendant un certain temps, à peu près à la même époque l'année dernière, alors que les taux d'infection triplaient en quelques semaines et que le variant delta faisait son chemin dans l'émirat, le résultat était incertain. Mais cette décision s'est avérée être une politique économique astucieuse, comme la reprise spectaculaire de cette année le prouve.
Bien sûr, la menace du virus existe toujours, comme le démontre le variant omicron. Chaque nouvelle restriction de voyage, telle que l'interdiction des vols à destination et en provenance de certaines régions d'Afrique, et chaque obstacle dans la chaîne d'approvisionnement mondiale, sont des préoccupations pour l'émirat.
Mais il y a peu de chances que Dubaï revienne un jour aux confinements à grande échelle de l'année dernière. Après avoir parié contre la Covid-19 – et gagné – l'émirat continuera à faire confiance à sa chance.
Frank Kane est un journaliste d'affaires primé basé à Dubaï. Twitter : @frankkanedubai
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com