Variant Omicron de Covid-19: le monde répète les mêmes erreurs

La Dr Angelique Coetzee, présidente de l’Association médicale sud-africaine. (Capture d’écran Sama)
La Dr Angelique Coetzee, présidente de l’Association médicale sud-africaine. (Capture d’écran Sama)
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Publié le Dimanche 05 décembre 2021

Variant Omicron de Covid-19: le monde répète les mêmes erreurs

Variant Omicron de Covid-19: le monde répète les mêmes erreurs
  • Les toutes premières réactions à l’émergence du nouveau variant sont totalement irresponsables
  • Les gouvernements occidentaux pourraient prendre une mesure qui ferait immédiatement une grande différence: mettre immédiatement fin à la pauvreté vaccinale

Le remède au nouveau variant Omicron de Covid-19, qui terrorise actuellement le monde, serait-il pire que la maladie?

Cette question n’est pas celle d’un adepte de la théorie du complot, d’un antivax ou d’un antimasque. Je suis complètement vacciné et je respecte à la lettre toutes les mesures sanitaires depuis le début de la pandémie.

Pourtant, après les événements de ces derniers jours, je commence à me demander si nous n’avons pas tous réagi de manière excessive à la menace du nouveau variant. Les interdictions de vol immédiates et les menaces de mesures encore plus draconiennes semblent être extrêmement prématurées.

Compte tenu des indicateurs économiques, il existe un véritable danger que de telles réactions instinctives nous portent davantage préjudice que la maladie elle-même. Les marchés boursiers mondiaux ont chuté depuis l’annonce de la nouvelle, la semaine dernière, et semblent décidément instables depuis. Au Moyen-Orient surtout, le prix du pétrole a chuté de 10% au lendemain de la découverte du nouveau variant, à un moment très délicat pour les marchés mondiaux de l’énergie.

Quand le confinement était à son plus fort l’année dernière, le message véhiculé était le suivant: le monde n'éradiquerait jamais vraiment le virus, même au moyen des puissants vaccins déployés à une vitesse impressionnante et qui sont toujours en cours de perfectionnement. Nous devrons plutôt apprendre à vivre avec, de la même manière que nous le faisons avec le rhume et la grippe.

Mais ce n’est pas «apprendre à vivre» avec que de couper tout un continent – l’Afrique – du reste du monde. C’est une réaction sans cœur, indifférente à la détresse des autres, et qui met en péril tous nos moyens de subsistance économiques.

Les toutes premières réactions face à l’émergence du nouveau variant sont totalement irresponsables. D’éminents scientifiques, peu avisés, ont évoqué un lien qui n’est pas du tout établi avec le VIH, éveillant ainsi nos pires craintes.

En l’absence de preuves concrètes, des prédictions graves ont été faites sur la transmissibilité du virus, sur son caractère mortel et sur sa résistance aux vaccins existants. Il faudra attendre encore une semaine au moins pour que les virologues soient en mesure d’obtenir des résultats concluants au sujet du variant Omicron.

Angelique Coetzee, la docteur sud-africaine qui a établi pour la première fois qu’Omicron était un variant du Covid-19, fait quant à elle preuve de bon sens. Elle évoque des «symptômes très, très légers», comme la fatigue et les maux de tête, chez les patients qu’elle a traités. Aucun d’entre eux n’a été hospitalisé et tous ont été soignés à domicile, déclare-t-elle. Cela ne semble pas suffisant pour miner la reprise économique mondiale.

Au lieu de réfléchir aux restrictions supplémentaires à mettre en place, les décideurs politiques devraient peut-être réunir un groupe de travail pour prendre des mesures d’urgence. Cela leur permettrait de lutter contre les deux raisons principales pour lesquelles Omicron s’est manifesté: la résistance à la vaccination dans de nombreuses régions du monde et le manque d’accès aux vaccins dans les pays en développement, en particulier l’Afrique.

Les gouvernements ont fait preuve d’une très grande tolérance vis-à-vis des antivax, mais je sens que l’exaspération ne fait que croître. Des mesures de plus en plus strictes ont été prises aux États-Unis et en Europe afin de dissuader les adeptes de la théorie du complot d’adopter ce comportement irresponsable. L'Autriche, par exemple, a imposé une mise en quarantaine aux personnes non vaccinées.

Personnellement, j’apprécie la méthode française. Les antivax peuvent assouvir leurs fantasmes, mais au prix d’un test PCR quotidien s’ils veulent vraiment sortir de chez eux. Une amende quotidienne inciterait certes de nombreux obstinés à changer d’avis.

 

Couper tout un continent – l’Afrique – du reste du monde est une réaction sans cœur, indifférente à la détresse des autres, et qui met en péril tous nos moyens de subsistance économiques.

Frank Kane

Les gouvernements occidentaux pourraient prendre une mesure qui ferait immédiatement une grande différence: mettre fin à la pauvreté vaccinale tout de suite.

Près de deux ans après le début de la pandémie, et avec plus de cinq millions de morts (une estimation prudente), il est inconcevable que le déploiement de la vaccination se soit arrêté. Les gouvernements des États-Unis et d’Europe semblent plus soucieux de protéger les profits de leurs sociétés pharmaceutiques que de sauver des vies en Afrique ou en Asie.

Les Américains ont tenté, au moins, de lever les brevets sur leurs vaccins. Cependant, ils se sont heurtés aux bureaucrates européens qui s’opposent à toute modification des règles qui régissent les brevets. Pendant ce temps, les membres de l’Union européenne continuent de stocker des vaccins plutôt que de les envoyer en Afrique et ailleurs. Ce comportement est tout à fait incompréhensible.

Certes, nous devons être prudents face au nouveau variant. Mais la réaction observée pour le moment montre que nous n’avons tiré aucune leçon des deux dernières années et que nous sommes condamnés à répéter inlassablement les mêmes erreurs.

 

 

Frank Kane est un journaliste spécialisé dans le domaine des affaires qui a remporté de nombreux prix. Il habite Dubaï.

Twitter: @frankkanedubai

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.