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Fin septembre, des militants, d’anciens ambassadeurs et des fanatiques d’extrême droite israéliens ont déclaré que des «Palestiniens» ont hissé un drapeau nazi dans le village de Beit Ommar. Pour ces personnes, un drapeau représente toute la lutte palestinienne contre les abus d’Israël: les crimes de guerre, les violations des droits de l’homme et le déni de la primauté du droit international.
Des militants pro-israéliens et la presse israélienne censurée ont inondé les réseaux sociaux d’une vidéo où l’on voit un drapeau avec une croix gammée, suspendu à des câbles électriques. C’est une preuve indéniable, disent-ils, que les Palestiniens ne veulent pas la paix et alimentent l’antisémitisme. En réalité, monter en épingle de tels stéréotypes pour dénoncer les actions de certains extrémistes palestiniens, tout en faisant fi de la violence continue du mouvement de colonisation raciste israélien, ne fait qu’alimenter la haine antijuive.
Certains extrémistes israéliens tentent de pousser des innocents à bout dans l’espoir qu’ils laissent libre cours à leur rage. Les médias et les fanatiques pétris de haine s’empressent ensuite de s’en servir pour faire de la propagande. Ils transforment n’importe quel incident en scandale pour tenter d’éclipser leur propre violence et haine antisémite – les Palestiniens étant également sémites et beaucoup d’entre eux descendant de juifs convertis au christianisme (comme ma propre famille) ou à l’islam.
Certains fanatiques israéliens adorent utiliser le mot «nazi» contre leurs opposants, mais s’indignent lorsque ces derniers comparent la violence et la brutalité d’Israël à celles des Nazis, et clament haut et fort qu’il s’agit d’un «déni» de l’Holocauste.
Lorsque mon père George et mon oncle Moïse – deux Palestiniens chrétiens nés à Jérusalem – sont arrivés aux États-Unis, ils n’ont pas hésité une seconde à rejoindre les rangs de l’armée américaine pour combattre les nazis lorsque le pays a pris part à la Seconde Guerre mondiale en 1941. Ils ont combattu en Europe contre les nazis, et mon père a travaillé au Bureau des services stratégiques qui ciblait les dirigeants nazis. Mon oncle a servi à bord d’un cuirassé dans l’Atlantique Nord. Il a affronté des sous-marins nazis et protégé les lignes d’approvisionnement de la base alliée qui a finalement réussi à libérer l’Europe et toutes les victimes des camps de concentration nazis, y compris les juifs.
Plus de six millions de juifs ont été assassinés par les nazis, qui voulaient anéantir complètement la communauté juive européenne. Ils ont également assassiné plus de douze millions de non-juifs, notamment des Européens de l’Est, des Russes, des Slaves, des Arabes et des handicapés.
«Ils transforment n’importe quel incident en scandale pour tenter d’effacer leur propre violence»- Ray Hanania
Les fanatiques israéliens savent qu’il suffit d’accuser de «nazi» ou d’«antisémitisme» les Palestiniens pour que les médias biaisés alimentent la propagande antipalestinienne et détournent l’attention du monde de leurs propres crimes. Afin d’oublier le racisme contre les citoyens non-juifs d’Israël et la brutalité contre les non-juifs vivant dans des conditions déplorables à l’intérieur des Territoires occupés.
Ils savent que cette propagande alimente les mensonges qu’ils véhiculent aux États-Unis. Si jamais les politiciens américains ouvraient les yeux sur l’idéologie des gouvernements israéliens, et que le peuple découvrait la réalité du conflit – autrement dit que les chrétiens font partie chaque jour des millions de Palestiniens tués, opprimés et privés de leurs droits humains fondamentaux –, alors ces Américains s’opposeraient à Israël. Plutôt que de voir les contribuables américains soutenir le régime d’apartheid israélien – en plus des 38 milliards de dollars (33 milliards d’euros environ) d’aide militaire fournie par Washington à Israël – ils le condamneraient pour ses violations du droit international.
Pourtant, aucun des pro-israéliens qui s’indignent sur tous les plateaux ne se révolte contre Israël qui tire des balles dans la tête des civils palestiniens – des meurtres prémédités puisque l’armée israélienne utilise des fusils de tireurs d’élite. Parmi les personnes tuées, on compte des infirmières, des enfants, des adolescents, des manifestants… bref, toute personne qui ose dénoncer les crimes de guerre d’Israël.
Alors, oui, je condamne ceux qui ont hissé ce drapeau nazi dans le village de Beit Ommar, au nord d’Hébron, une ville qui abrite l’une des colonies de fanatiques juifs les plus extrémistes et les plus violentes d’Israël.
Je suis allé à Hébron et me suis retrouvé nez à nez avec ces fanatiques. J’ai vu les soldats israéliens protéger les colons pendant qu’ils proféraient des insultes antichrétiennes et antimusulmanes. À l’époque, en 1995, j’étais président national du Congrès palestino-américain. J’avais entamé une mission d’enquête en faveur de la paix. Les soldats israéliens se sont contentés de rire et de se tourner les pouces lorsque je me suis indigné contre les injures proférées par les colons juifs. Je croyais que le seul moyen de parvenir à la paix était de séparer les fanatiques des modérés des deux côtés.
En tout cas, je n’ai vu aucun des fanatiques israéliens qui ont publié le drapeau nazi sur Twitter dénoncer toutes les formes d’extrémisme, y compris celle de leur propre camp. Combien de fois se sont-ils opposés aux colons qui ont scandé des slogans tels que «Mort à tous les Arabes» ou détruit les terres agricoles palestiniennes en déclenchant des incendies criminels sous les yeux des Forces de défense israéliennes? Ont-ils dénoncé les meurtres de femmes et d’enfants palestiniens? Prennent-ils position contre les violations flagrantes des droits humains et civils lorsque les autorités réagissent violemment aux manifestations pacifiques qui dénoncent l’apartheid du gouvernement israélien?
Non, ils se contentent de faire ce qu’ils font toujours, et espèrent semer plus de haine pour que le conflit dégénère.
Que ces Israéliens soulèvent la question des nazis et du nazisme autant qu’ils le veulent. Cela permet à leurs opposants de mettre plus facilement en lumière les similitudes avec leur propre fanatisme.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l'adresse www.Hanania.com. Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com
· «Certains extrémistes israéliens tentent de pousser des innocents à bout dans l’espoir qu’ils laissent libre cours à leur rage»
· «Les fanatiques israéliens espèrent semer plus de haine pour que le conflit dégénère»
